Malheureusement, ce spectacle n’a pas eu lieu. Apres une dernière répétition minutieuse, au moment où il allait commencer, son
« chef d’orchestre » Jeri, qui le dirigeait, a glissé tandis qu’elle parcourait la scène, est tombée et s’est cassé la jambe.
Les secours ont été appelés d’urgence. Ils ont injecté de la morphine à Jeri avant de la transporter pour atténuer sa souffrance aigue, les portes de l’eglise ont dû etre dégondées pour que le brancard puisse passer.
Jeri, « elder » de notre église et membre de la tribu Tlinqet d’Alaska, ne fait pas ses 70 ans. Mais elle n’a vraiment pas eu de chance avec sa santé cette année. Elle commençait enfin à se rétablir et à retrouver l’énergie qui la caractérise.
Elle a été opérée ce matin – sa jambe a été brisée à plusieurs endroits. Irvin et moi irons la voir demain à l’hôpital.
Cette fracture est étrangement symbolique de ce qui arrive à notre église. La fracture ancienne provoquée par les missionnaires venus apporter l’Evangile aux tribus Natives se ressent toujours aujourd’hui dans le quotidien de notre communauté.
Les missionnaires apportaient la bonne nouvelle avec une approche de leur époque selon laquelle la culture des populations indigènes était satanique et devait a tout prix etre expurgée. Il fallait « sauver l’individu en détruisant l’Indien ».
Parmi les méthodes malheureusement efficaces pour y parvenir, les « boarding schools » (pensionnats) obligatoires pour les enfants où ils avaient l’interdiction absolue de parler leur langue, et où leur était inculquée un rejet total de leur origines.
Ce rejet s’est transmis de génération en génération. Aujourd’hui ce clivage existe toujours : dans notre église, certaines familles Indiennes s’indignent que l’on puisse se servir d’éléments de culture Native dans un culte - selon eux, c’est se détourner du Christ et idolâtrer des objets qui n’ont rien à voir avec la religion. Ils sont furieux par exemple si des tambourins traditionnels sont utilisés pour rythmer des cantiques.
D’autres Natifs ont vécu une réconciliation entre leur religion et leur identité éthnique. Ils racontent avec émotion l’importance de réaliser qu’il était possible d’etre Chrétien et Natif, sans se renier.
Ce débat est toujours passionnel et difficile. Certaines familles etaient ostensiblement absentes samedi, parce qu’ils n’approuvent pas l’idée de « contextualiser » la naissance de Jésus, même le temps d’un spectacle.
absolument passionnant et si clairement expliqué ...On ne peut s'empêcher d'etre indigné des degâts faits avec de bonnes intentions jadis ... Tous nos voeux et bon courage à la belle indienne (ici en costume ) qui se donne sans compter. Dogma .
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