Wednesday, December 31, 2014

Pluies, neige et parcours touristiques

Si Fréderic n’est resté avec nous que 5 jours, arrivant mercredi et repartant le lundi suivant, la météo s’est appliquée à déployer toutes les variations climatiques de notre saison : pluie à son arrivée, neige deux jours plus tard, ce qui est rare par chez nous, accompagnée de grand soleil.

Il a aussi pu visiter des lieux touristiques renommés : notre maison qu’il ne connaissait pas, Costco, Safeway et Walmart (ce sont des grandes surfaces) et un magasin dangereux : Metropolitan Market à Tacoma. On y trouve des fromages français, du saucisson, des pâtés, et autres tentations irrésistibles pour les palais venus de l’hexagone.









Frédéric est venu au culte à la Church of the Indian Fellowship où j’ai prêché dimanche matin et ensuite à UPPC où j’étais donc ordonnée l’après midi. Les hauts lieux spirituels de la région ne lui ont donc pas échappé non plus.

Et puisque nous parlons d’altitude, nous avons aussi approché le petit aéroport tout près de chez nous, un lieu plein d’intérêt pour quelqu’un qui a sa licence de pilote.

Frédéric  a aussi rencontré nos deux chiennes et ça me fait plaisir qu’il ait connu Tashina (couchée près de lui, elle est si noire qu'on la distingue à peine sous sa main)


















Paris n’était pas si loin du Pacific Northwest cette semaine là. 

Un frère pour Thanksgiving

Cinq jours avant l’ordination, Irvin et moi étions à l’aéroport de Seattle, attendant avec impatience un cadeau venu tout droit de Paris. Mon frère avait pris l’avion 10 heures plus tôt pour  nous rejoindre en cette semaine de Thanksgiving, qui allait se terminer par mon ordination dimanche après-midi. 

J’étais vraiment impressionnée qu’il n’hésite pas à affronter près de 24 h d’avion en moins d’une semaine et un décalage horaire dans les deux sens pour être avec nous lors de ce service.

J’ai eu l’occasion de parler de Thanksgiving à plusieurs reprises. Un repas exotique pour nous autres Français (une dinde ! des cranberries ! des tartes à la citrouille ! euh…  des sortes de gratins a base de cubes de pain avec plein d’ingrédients !) et l’occasion de se retrouver en famille. 

Jeudi, nous avons rejoint la maison de ma cousine Danielle, et avons passé des heures délicieuses avec notre famille de Seattle et leurs amis.













Le jour de Thanksgiving, il est de tradition que les familles répondent les uns après les autres à la question «de quoi êtes-vous reconnaissants aujourd’hui ?»  

Ma réponse était simple : «je suis reconnaissante pour aujourd’hui». 

Anges, galettes et présence divine

Lynn Longfield, une amie que j’admire, a bien voulu precher lors du service d’ordination. Lorsque je travaillais au Presbytery, Lynn était le ‘Presbyter’, autrement pasteure des pasteurs de la région. 

Lynn a preché sur Elie, seul et découragé, soutenu par Dieu et ses anges (1 Rois 19). C’est un de mes textes bibliques préférés. 

Un ange soutient Elie avec des galettes cuites sur des pierres chaudes et de l’eau. Finalement, Dieu s’approche d’Elie, sous la forme d’un «souffle fragile» ou d’«une voix tenue» (selon les traductions) pour s’adresser au prophète en pleine débâcle.


Le paradoxe, nota Lynn, c’est que, lorsque Dieu nous parle dans le silence de notre propre cœur, avec cette voix imperceptible porteuse d’inspiration mystérieuse,  alors la révélation nous parvient du plus profond que nous n’avions jamais été seuls.

Le tout est d’être à l’écoute. Lynn a mentionné cette citation «Silence and listen have the same letters, coincidence ?» 

Dieu marche à nos cotés de bien des façons, a poursuivi Lynn. Parfois, il envoie des messagers qui nous apportent des galettes encore chaudes et de l’eau fraiche. La communauté qui nous entoure est aussi le témoin de l’amour de Dieu.

Le jour de mon ordination, c’était plus vrai que jamais. 

Ordonnée !

Et finalement, quelques années après avoir commencé mes études de théologie (c’était en..... 1996 à l’Institut Protestant de Théologie de Paris) le jour de l’ordination est arrivé. 

Bien sur, entre temps, j’ai changé de pays, de langue , suis passée de l’Eglise Réformée de France à la Presbyterian Church (USA), de la fac de Théo  au séminaire de Dubuque (Iowa). Dans la foulée,  j’ai aussi pris un mari, déménagé sur la cote Ouest des USA  et découvert le monde et la culture des Natifs Americains.

J’étais «certified ready to be ordained» depuis trois ans ce qui signifiait qu’en plus de mes études, j’avais réussi les cinq «ordination exams» requis, accompli les stages en église et en aumônerie d’hôpital, écris mon «ce que je crois» - bref, j’étais prête. 

Mais restait la toute dernière condition, un «call» c'est-à-dire etre engagée par une église ou un hôpital.  Quand la Commission on Ministry de notre région a accepté que mon travail de «Director of Spiritual Formation» soit considéré équivalent d’un  poste pastoral, la route était ouverte pour que l’ordination puisse avoir lieu.

J’ai donc défendu ma confession de foi devant l’assemblée du presbytery (les pasteurs et « elders » de notre région) répondant aux questions de théologie qu’elle pouvait susciter. J’appréhendais cette étape, qui s’est en fait passée dans une atmosphère amicale et chaleureuse. L’assemblée a voté favorablement sur le projet d’ordination.



Et c’est ainsi que le 30 novembre, à la University Place Presbyterian Church où je travaille, entourée de mes amis et de ma famille, je suis devenue « Minister of Word and Sacrament », aussi appelé «Teaching Elder» selon le vocabulaire du 16eme siècle.

Mon frère Fréderic a fait le voyage de France, et lu un psaume en français pendant le service, en alternance avec Zohndra, une des attachantes adolescentes de l’église. 


Mon oncle Jean-Loup, sa femme Diane et mes cousines Danielle et Shawn etaient également présentes. Les petits garçons de Danielle (3 et 6 ans) cornaqués par leur père, Imad, ont été très sages ! Et Shawn, à qui j’ai confié mon appareil photo, a pris beaucoup de clichés qui resteront autant de souvenirs d’un service qui a marqué une étape de ma vie.

L’ordination se produit au moment où le moderator du Presbytery, en l’occurrence Rev. Julie Johnson, pose sa main sur la tête de l’ordinand, au terme d’une prière. 


Julie a invité tous ceux déjà ordonnés, pasteurs et elders, à s’approcher et se joindre à la prière, puis tous ceux qui d’une façon ou d’une autre, m’ont soutenue et accompagnée dans mon périple. Presque toute l’assemblée s’est rassemblée autour de l’autel.  


Une image et une émotion que je n’oublierai pas. 

Good Bye Tashina

Nous ne nous attendions pas à ça. Nous pensions qu’elle vivrait au moins 15 ans. 

Quand nous avons vu que Tashina, notre chienne de 11 ans,  avait un peu de mal à monter les escaliers, moins d’entrain, nous avons pensé arthrite. Mais le vétérinaire a diagnostiqué une grosse tumeur cancéreuse dans l’estomac. Nous étions effondrés.

Tashina a vécu quelques journées confortables grace à un médicament contre la douleur. J’ai cuisiné de bons petits plats, faciles à digérer, pour faire plaisir à ma chienne qui avait encore de l’appétit. 

Et puis nous avons dit adieu à notre compagne des bons et des mauvais jours dont la fin approchait à grand pas.

Cela s’est passé la semaine de Noël.

Dieu a fait la terre, le ciel et l’eau, la lune et le soleil, dit un proverbe Natif américain. Il a créé l’homme et l’oiseau et l’animal. Mais il n’a pas créé le chien.
Il en avait déjà un à ses cotés. 



L’automne au galop et à rebours

Tant d’événements et d’émotions ces dernières semaines…. 2014 se termine, et déjà les feux d’artifice de nos voisins résonnent dans la nuit, à la grande joie de Sitka, chienne bizarre qui s’affole d’un éternuement mais adore se lancer à la poursuite des pétarades nocturnes….

Pour retracer les grandes lignes de cette traversée, je vais  partir du plus récent et remonter dans le temps.



Au revoir donc 2014…. Année ou il s’est passe tant d’événements mémorables…. Dont : (voir ci-dessus) 

Sunday, August 24, 2014

Chut c’est une surprise!

Dans le plus grand secret, nous sommes partis à l’aube samedi dernier. Avant l’aube même. Lever à 4h – un déchirement pour qui n’est pas du matin ! – et départ rapide pour l’aéroport de Seattle. 



Vol à 7h. Je pensais dormir dans l’avion mais j’ai vécu les 45 minutes du vol dans une sorte de torpeur éveillée. 

Nous avons atterri à Spokane d’où nous avons continué notre trajet en voiture, 3 heures de route à se partager. Irvin avait mentionné notre arrivée sur sa page facebook, avant de rapidement effacer son message. Il risquait d’etre repéré…

Nous sommes arrivés à Kamiah, Idaho, une petite ville sur la réserve Nez Perce, où nous avons retrouvé nos co-conspirateurs. Le secret avait été bien gardé.

C’est ainsi qu’un peu plus tard, la sœur ainée d’Irvin, Chris, qui pensait fêter son soixantième  anniversaire avec sa famille et amis habitant le voisinage, découvrait que son frère du Kentucky, ses deux frères d’Arizona et plusieurs cousins chers à son cœur -et nous, venant de l’Etat de Washington - étaient aussi présents.

Elle n’avait vraiment rien soupçonné et, submergée par la joie et l’émotion, répétait qu’elle ne voulait aucun cadeau – que sa famille était son cadeau.

Chris n'en revient pas! 

Chris et son frere Fred, du Kentucky
Mais cadeaux il y a eu néanmoins. En particulier les frères et sœur s’etaient cotisé pour lui offrir une couverture Pendleton, une tradition Native. Leur choix s’est porté sur «dancing baskets» qui rappelle l’héritage Pima (Arizona) de leur famille, et ils ont enveloppé Chris de la couverture comme c’est coutume.


Un moment de joie partagée qui valait bien un réveil aux aurores.  

De gauche a droite: Luther (Buzz) et Ron, d'Arizona, Grace (qui a eu l'idee de la surprise) Irvin, Chris, et Fred, du Kentucky. Manquent le plus jeune frere Kendrick qui n'a pas pu venir d'Arizona ; John et Randy qui sont morts. 

Saturday, August 23, 2014

Baptêmes dans l’eau du Pacifique

Tacoma est à deux heures de l’océan Pacifique… mais on y trouve des plages grace au bras de mer intérieur appelé le Puget Sound.

La semaine dernière, un événement joyeux et porteur d’espérance a eu lieu sur la plage de Steilacoom, proche de l’eglise University Place Presbyterian Church (UPPC) où je travaille : un baptême en plein air.

Les presbytériens en général baptisent par aspersion ; A Indian Fellowship, comme j’ai eu l’occasion de le raconter, nous utilisons un coquillage Abalone pour verser l’eau, un coquillage qui est ensuite offert au baptisé. D’autres dénominations, les Baptistes par exemple, préfèrent une immersion complète.

En ce mois d’aout, sous le soleil, UPPC a offert la possibilité d’un baptême dans l’eau du Pacifique. Une mère de famille et ses trois jeunes enfants, prêts à recevoir ce sacrement, ont saisi l’occasion.

Le jour venu, alors que tout l’été a été ensoleillé et bien plus chaud que d’habitude, de gros nuages gris couvraient le ciel. 


Taeler, la jeune pasteure avec laquelle je travaille, écrivait sur sa page facebook avec son humour habituel : «Vite, priez pour un peu de soleil et de chaleur pendant l’heure qui vient ! Ou au moins priez pour que le News Tribune (le journal local) ne contienne pas un article ce soir a propos de trois pasteurs foudroyés alors qu’ils avaient les pieds dans l’eau du Sound !»

Pasteurs Taeler, Harlan et Aaron viennent de baptiser ce petit garcon
Taeler et Harlan baptisent la mere de famille par immersion
Taeler baptise sa petite fille 
D'un enfant a l'autre... La famille est prete avec des serviettes et des vetements secs
Dernier baptise: le petite frere qui etait pret a plonger! 
Prière exaucée : pas d’orage, un peu de soleil entre les nuages, tandis que les trois pasteurs courageux  d’UPPC procédaient au baptême…. avant d’asperger joyeusement l’assemblée. 


La cérémonie s’est conclue par des prières, des chants et un pique-nique sur la plage. 

Thursday, August 14, 2014

Vacation Bible School édition 2014


Une séquence biblique, interprétée par des volontaires, puis des jeux en plein air, suivis de la station «Imagination» (travaux manuels suivant le thème biblique), d’une séance vidéo témoignage,  le tout commencé et conclu dans le sanctuaire avec un message du Pasteur (qui s’est donné du mal pour suivre le thème du jour) des chants et une chorégraphie simple, c’est le programme des Vacation Bible School.
La Samaritaine pres de son puit
"Saul" en robe rouge devient un disciple de Jesus
Les enfants, qui sont rassemblés par équipes de 4 ou 5 avec un moniteur ou monitrice passent d’une «station» à l’autre, par tranches de 20 a 25 minutes.
"Nous sommes tous uniques" explique Irvin, exemple a l'appui

Irvin apprend aux enfants la choregraphie d'une des chansons
Cela se termine par un repas pris en commun, avant de ramener les enfants chez eux dans le minibus de l’église.
"Meme si je suis different, Jesus est avec moi!"
Les adolescents de l'eglise, hier participants, sont devenus les moniteurs cette annee


Le dejeuner, toujours un bon moment

Le tout se passe sur cinq jours. Ce sont des heures intenses de rires, moments chaleureux, prières et musique, qui laissent de bons souvenirs. Cette année, nous avons reçu tout le bénéfice d’une coopération entre églises, qui se sont passé les décors d’une semaine sur l’autre, et l’aide de trois volontaires venues d’une église voisine.

Et bien sur, cela implique aussi des enfants qui se disputent, se découragent, des volontaires fatigués aux nerfs a fleur de peau, des incompréhensions...




bref le quotidien d’heures vécues  ensemble dans le roulis d’une communauté qui fait de son mieux pour créer un univers d’où l’on aperçoit le Ciel, un espace habité par l’Esprit. Et qui y parvient. 



Saturday, August 9, 2014

Le sanctuaire dans la jungle

Une semaine pour les enfants, l’été. 
C’est une tradition que l’on retrouve dans beaucoup d’églises américaines, sous le sigle VBS, Vacation Bible School. 
Pendant une semaine, les enfants se retrouvent pour une semaine d’activités, artisanat, jeux, leçon biblique, recréation… C’est l’occasion de transformer l’église pour quelques jours, de donner l’impression qu’en y entrant, on est ailleurs !

Avant
Cette année, nous utilisons les décors utilisés par plusieurs autres églises qui avaient VBS avant nous. La difficulté était de trier et sélectionner ce qui convient à notre congrégation, un bâtiment nettement plus petit. Et chaud quand nous y avons travaillé ! VBS commence lundi à Indian Fellowship et nous n’avons que le temps de tout préparer.

Apres quelques heures de travail
(Nous avons ajoute des fleurs et lianes pour temperer l'aspect "fond des mers")

Les enfants sont en général bon public et j’espère qu’ils n’auront pas de mal à reconnaitre une chute d’eau au milieu du décor, et non des feuilles de cellophanes bleues. Nous avons inséré une guirlande de Noel sous le cellophane et quand on la branche, l’aspect aquatique est renforcé. Si, si !

Le curriculum que nous utilisons chaque année est créatif, et nous apprécions en particulier leur approche : inviter les enfants à vivre une expérience, plutôt de les concevoir en spectateurs passifs. 

Une année précédente, le thème de la leçon biblique suivait Moise et son peuple traversant la mer Rouge. 

En entrant dans la pièce, les enfants etaient accueillis par une «mer » qui s’ouvrait devant eux, en l’occurrence deux grandes bâches bleues manipulées par des volontaires, dans une forte odeur de poissons (quelques boites de sardines ouvertes à proximité) avec des embruns – les enfants etaient brumisés d’eau fraiche.

A leurs exclamations ravies, on devinait que les enfants vivaient une expérience qu’ils n’oublieraient pas de sitôt. 
Toute adulte que je sois, c’est un souvenir vivace, un petit peu d’Exode vécu sur la réserve Puyallup. 

Wednesday, August 6, 2014

Sitka = 2 ; Fraises = 0

Jusqu'à présent, le prédateur a eu du succès. Deux fraises que je guettais, presque mûres, ont disparu, avec la signature de Sitka : la tige coupée nette là où le fruit devrait se trouver. Elle gobe le fruit et tire, d’un seul mouvement fluide si rapide qu’elle a agi sous mes yeux avant même que je puisse dire NON ! Une syllabe qui en général l’arrête net. 

Elle avait l’air si satisfaite, en savourant son délit, que je me suis dit… dans le fond ça pourrait etre l’œuvre d’une limace ou d’un oiseau… autant que ce soit mon chien qui en profite !

Dans un autre coin du jardin où je vais peu, j’ai découvert le même jour que des buissons de myrtilles ont été prolifiques. Ce sont des myrtilles roses, appelées «pink lemonade» plantées il y a deux ans. Elles sont délicieuses. Etrangement, Sitka ne les a jamais regardées de près. Peut-être qu’elle n’aime pas le rose ? 

Tuesday, August 5, 2014

Après la bénédiction

 Dimanche dernier, j’ai eu le plaisir de conduire le culte à la Church of the Indian Fellowship. Irvin était à Fort Worth (Texas) où il participait à la conférence multiculturelle presbytérienne. Dans ces cas là, je le remplace.
Au moment de conclure, je cite souvent les versets de l’epitre aux Philippiens (chapitre 4, v.5 a 8)

« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! Je le répète: réjouissez-vous!
Que votre douceur soit évidente pour tous. Le Seigneur est proche.
Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des requêtes, avec reconnaissance.
Et la paix de Dieu, qui dépasse toute compréhension, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. »

La bénédiction, toute simple, suit.
« Que la bénédiction de Dieu tout puissant,
Père, Fils et Saint Esprit,
soit toujours avec vous. »

Irvin, lui, aime citer le livre des Nombres (chapitre 6, v.25)
‘Que l'Eternel vous bénisse et vous garde!
Que l'Eternel fasse briller son visage sur vous et vous accorde sa grâce! 
Que l'Eternel se tourne vers vous et vous donne la paix!’

Il ajoute parfois ces paroles venues de la tribu Cherokee :

« Que les vents chauds du ciel soufflent doucement sur vous
Et que le Créateur fasse naitre le soleil dans votre cœur »

Une fois la bénédiction prononcée, je marche rapidement dans l’allée centrale vers la porte de l’eglise, tandis que l’assemblée chante le spontanée final.

La première fois que j’ai vu un pasteur agir ainsi, c’était peu de temps après mon arrivée aux Etats Unis. J’avais rejoint ce dimanche matin là l’eglise presbytérienne proche du campus du séminaire de Dubuque (Iowa). J’avais été stupéfaite de voir le pasteur quitter ainsi le pupitre. «Il s’en va déjà ?».

En fait, la plupart des pasteurs ici font de même. Ils ne s’en vont pas mais ils se dirigent vers la porte pour etre sûrs de serrer la main de chacun des paroissiens avant que ceux-ci ne partent ou aillent prendre un café dans le fellowship hall attenant.

«C’est un moment intense  et très concentré d’interaction» écrit Martin Copenhaver[1], décrivant ce temps pendant lequel ses paroissiens partagent ce qui arrive dans leur vie, ou réagissent à son sermon, avec appréciation, parfois perplexité, rarement avec un sarcasme.

Il se souvient pourtant que peu de temps après son ordination, un paroissien lui dit en souriant «Vous savez, Martin, chacun de vos sermons est meilleur que celui qui va suivre». «Le temps que je réalise ce qu’il m’avait vraiment dit, commente l’auteur avec un amusement rétrospectif, il devait avoir rejoint sa voiture !»

Lorsque j’étais en France, à la fin du culte, je rassemblais mes papiers. Certains paroissiens venaient à ma rencontre et nous parlions. D’autres se dispersaient en bavardant. C’était plus naturel.

D’un autre coté, j’apprécie d’avoir ainsi la possibilité de saluer chacune des personnes qui s’est donné la peine de venir, que je la connaisse depuis des années ou qu’elle vienne pour la première fois. Ils m’ont écouté pendant plus d’une heure. C’est mon tour de les entendre – et c’est un plaisir.

Amis français, vous êtes prévenus. Si le pasteur américain se dirige rapidement vers la sortie, ce n’est pas pour fuir l’assemblée ou assouvir un besoin pressant. Non, il veut etre sûr qu’il pourra vous serrer la main.
Vous avez entendu sa bénédiction.
Maintenant c’est à son tour de recevoir la vôtre.


Irvin a la porte de la Church of the Indian Fellowship



[1] This Odd and Wondrous Calling, Eedermans Publishing, Grand Rapids, Michigan/Cambridge UK, 2009, p.11

Friday, August 1, 2014

Au-delà des nuages

Pluies de météorites, éclipses de lune, OVNI…. Quand quelque chose se passe dans le ciel, 9 fois sur 10 je dois me contenter d’imaginer ce qui se passe au-delà des nuages. Le nord de la côte Ouest des Etats-Unis est réputé pour ses averses mais il pleut d’avantage sur New York. En revanche, nous battons tous les records de ciel gris dans l’année.

Pourtant, ces dernières semaines, je cherche les nuages et j’espère un peu de pluie… il faut plus chaud que d’habitude cet été  et, où que je sois, je m’entoure d’une panoplie de ventilateurs.  

Le ciel limpide a ses bons cotés ceci dit. En juillet, la pleine lune s’est laissé photographier à son lever, tandis qu’elle passait derrière notre volcan local, le Mont Rainier. Surnommée ici «supermoon» car au plus proche de la Terre sur son ellipse, la lune apparaissait plus large que jamais.



Jeudi matin, j’ai déposé Irvin à 5h à l’aéroport. Il partait pour le Texas où une réunion multiculturelle l’attendait. Je ne suis pas du matin, mais les lumières du soleil levant m’ont récompensée sur le chemin du retour. J’ai pris cette photo à 6h, près de la maison.



L’absence de nuages, on peut s’y habituer finalement. 

Thursday, July 31, 2014

Mon bras gauche est un Ninja

«Chance ! Votre manche compressante a été livrée !» C’est ce que m’a annoncé Bridget, la kiné, lundi avec un large sourire. Un léger retard ne m’aurait pas contrariée, il fait si chaud cette semaine.

Je ne savais même pas que les manches compressantes existaient avant que Bridget ne les mentionne. Ils permettent de limiter l’accumulation de fluides qui ne sont pas filtrés comme ils le devraient par les ganglions lymphatiques. La moitié d’entre eux ont été prélevés l’an dernier pour vérifier si le cancer les avait atteint (heureusement, non). Les autres ont été endommagés par la radiothérapie.

Bridget m’avait montré des modèles, beiges et épais – et je me suis imaginée avec l’apparence d’un bras artificiel. Je suis allée me promener sur internet, où j’ai vu des modèles bien plus avenants, de couleurs vives, parfois avec toutes sortes de motifs. J’ai vu la chose avec une perspective à la Gilda, la manche comme accessoire sexy. J’ai choisi un modèle noir plutôt que beige.

Petit inconvénient, depuis cette recherche, dès que je vais sur Facebook, des pubs pour des bas et autres accessoires compressants apparaissent de tous cotés !

Bon, il faut se rendre à l’évidence, comme son nom l’indique, la manche compresse. Je dois porter aussi une sorte de mitaine qui évite à la main d’enfler pendant le port de la manche. L’enfilage ne va pas de soi. Enlever la chose à la fin de la journée apporte un soulagement ainsi que des petits bruits de succion, rien de comparable à Gilda, a moins que l’on imagine une parodie de la célèbre chorégraphie autour d’un gant de soie. En fait, mon bras ressemble à un ninja à lui tout seul.

Une fois en place, la manche se fait oublier… sauf s’il fait vraiment chaud. Et dans ces cas la, désolée, manche ninja, tu resteras au placard.