Tuesday, March 1, 2016

Mes empreintes américaines

Tukwila, une petite ville près de l’aéroport de Seattle. C’est là que j’ai rendez-vous pour donner mes empreintes digitales. Le bâtiment de l’Immigration est imposant, mais moins lugubre que son prédécesseur, à Seattle, qui donnait l’impression de faire aussi office de prison avec ses barreaux aux fenêtres. 

J’ai rendez-vous à 15h pour donner mes empreintes digitales dans le cadre du processus qui doit aboutir à ma naturalisation. Une voie rapide, sans trottoirs, y mène, et la seule possibilité de parking est payante : même pour 5 minutes, prévient un panneau. $8 en espèces. Habituée à utiliser ma «debit card» pour tous mes achats, je farfouille nerveusement dans mon porte-monnaie et suis surprise d’y trouver finalement un nombre suffisant de billets et pièces.

15h, c’est la fin de la journée pour un service dont les premiers RV avaient lieu a 7h. Une foule disparate vient à ma rencontre, certains en habits traditionnels exotiques, d’autres en T-shirts parlant dans leur téléphone un américain sans accents. Ils retournent à leurs voitures. Tous ont en main une grande enveloppe blanche. Je réalise qu’ils viennent de prêter serment. Je suis la seule étrangère sur le trottoir au milieu de ces américains tous neufs issus des quatre coins du monde.

L’entrée du bâtiment rappelle les aéroports : on passe par un sas de sécurité, sac scanné d’un côté tandis que l’on passe sous un portique détecteur de métal.
Je remplis un formulaire rapidement, sous des posters mettant des immigrants en garde contre les formes insidieuses d’esclavage : vous avez des droits. Si vous travaillez, vous devez être payés.

Je me retrouve devant une machine qui ne m’est pas inconnue : j’ai déjà donné mes empreintes digitales pour obtenir ma carte de résidente (la fameuse carte verte). L’employée est fatiguée. Je dois etre une de ses dernières « clientes ». Elle pose mes doigts sans ménagement sur la surface de verre de la machine dans la position nécessaire, qui n’a rien de naturel. 

Finalement, elle prend ma photo. Je ne m’attendais pas à ca et je sais que j’aurai une attitude peu flatteuse sur le cliché, surprise et échevelée. J’ai toujours les cheveux bouclés résultat de ma chimio et ils finissent par vivre leur vie en toute indépendance hirsute au cours de la journée.


Elle me donne une brochure et un autre formulaire, à remplir tout de suite : c’est une enquête de satisfaction. Ai-je attendu trop longtemps ? A-t-on été courtois avec moi ? La brochure prépare pour la prochaine étape : le test sur l’histoire et les institutions des USA. Les Présidents sculptés dans la pierre grise du Mt Rushmore me regardent avec solennité. A la prochaine étape, c’est avec eux que j’aurai rendez-vous