Thursday, December 31, 2015

Des vœux et des résolutions


Le début d’une année permet de faire des projets et prendre un nouveau départ. J’apprécie l’élan qui est ainsi offert ainsi que la promesse de découvertes à venir. Ci-dessous quelques evenements de l'annee, a suivre en 2016. 
Je vous souhaite que vos projets murissent et aboutissent – plus vite que les miens, et que joie et moments heureux soient aussi au rendez-vous !


HAPPY BONNE ANNEE 2016 !


Coriandre et curcuma

Dans les livres sur l’alimentation et le cancer, tant américain que français, j’ai repéré une constante. Le curcuma, cette épice jaune qui donne sa couleur a la moutarde, a très bonne presse. Je suis toujours en rémission et j’aimerais que cette situation se poursuive. Je me suis lancee a la poursuite du curcuma! 

Mais sa consommation n’est pas simple. D’abord, aux USA, je l’ai cherché vainement avant de comprendre qu’ici, il s’appelle turmeric. Ensuite, les livres recommandent un généreux ajout sur tous les plats, accompagné de poivre, qui aide l’absorption de ses éléments positifs. Ce qui pose un petit problème : le curcuma, tout seul, est amer. Le poivre n’arrange rien.


C’est ainsi que je me suis découvert une passion pour la cuisine venue des Indes. Le curcuma est un ingrédient pour la confection des currys, accompagné de coriandre, cumin et Cayenne. On ajoute souvent du gingembre frais, du cilantro (coriandre fraiche). Et tout cela est tres, tres bon. J’essaie recette après recette, et tout au long de l’année dernière, cette exploration est devenue un plaisir quasi quotidien – qui va se poursuivre en 2016…. 


Devenir américaine… ça se précise…

Parfois je me dépêche lentement. Certains projets demandent à être intégrés mentalement et émotionnellement avant d’aboutir. Mon frère, qui a remarqué cette tendance, dit que j’attends que le projet, quel qu’il soit, murisse… Les formalités permettant d’acquérir la nationalité américaine font certainement partie des démarches qui ont besoin de murir. Pour le moment, je suis toujours une alien. (J’aime ce mot).

J’avais commencé en 2012 et rempli tout le formulaire (11 pages). Une question m’avait stoppée. Non, pas celle demandant si j’étais une ivrogne, une prostituée ou, oui le grand classique, si j’avais par hasard participé aux génocides de la deuxième guerre mondiale.

La question qui m’avait arrêtée dans mon élan me demandait d’énumérer chacun de mes voyages à l’étranger des 10 dernières années, en précisant le jour de départ et d’arrivée. La plupart de ces voyages avaient la France comme destination. J’ai pu reconstituer ces archives, grace à ma mère qui garde ses agendas des années écoulées.

Mais c’est seulement ce mois ci que j’ai repris le formulaire. Surprise : il a changé. Il a été simplifié, explique le service de l’immigration. Ce qui signifie qu’il a maintenant 21 pages et non 11. A noter : bien que les participants aux génocides de la deuxième guerre mondiale soient à présent quasi-centenaires, j’ai dû promettre une fois de plus que non, je n’étais pas l’un d’eux. Non, je n’ai pas commis de crime pour lequel je n’ai pas été poursuivie. J’ai toujours un seul mari. Je n’ai pas l’intention de renverser le gouvernement américain (on verra si Donald Trump est élu…).

Je pensais que des mois d’attente m’attendaient mais j’ai reçu un papier officiel accusant réception de mon dossier quelques jours après mon envoi. Je suis convoquée dans trois jours pour donner mes empreintes digitales. Plus tard, je serai convoquée à nouveau. Je devrai passer un examen oral sur les institutions américaines. On me posera 10 questions sur une liste qui en contient 100. Je devrai répondre correctement à 6 d’entre elles. La liste, et ses réponses, est fournie et je suis encouragée a rester aussi fidele que possible à la réponse telle qu’elle figure sur le papier. Irvin me fera réciter…

J’espère devenir américaine a temps pour pouvoir voter aux prochaines présidentielles, en novembre prochain. A suivre… 




Trois chiens sinon rien

J’ai eu l’occasion de parler de Denali, notre nouvelle petite chienne noire, venue tenir compagnie a Sitka. Apres une réticence à ne plus etre le seul chien de la maison, Sitka a accepté Denali mais nous sentions bien que ce n’était pas idéal. Denali avait une envie débordante de jeux et de mouvements que Sitka, qui a 10 ans, n’était pas prête à faciliter. Apres trente secondes de « joujoutes », Sitka faisait clairement comprendre qu’elle en avait fini.

Quand nous avons appris que Debbie, notre amie éleveuse, avait une nouvelle portée, nous avons regarde les photos des chiots avec interet. Irvin a tout de suite fondu devant un petit male, couleur de chataigne, un marron roux, avec les fameuses taches blanches sur son poitrail qui lui interdisent le chemin des concours.


Je n’avais jamais eu de chiens males, et je me sentais hors de mon element face a un petit mec. Mais devant l’insistance d’Irvin, qui avait vécu avec trois chiennes depuis notre mariage, nous sommes tombes d’accord que c’était bien normal que ce soit son tour de choisir.

Et c’est ainsi qu’en aout, nous avons ramené Kenai a la maison. Sitka était exasperee – un AUTRE chien ??? – et Denali ravie. 

Sitka prend la mesure du nouveau venu... C'etait le jour ou nous l'avons ramene a la maison.

Et puis, la meute a trouve son équilibre. Sitka est la chienne Alpha, qui a le dernier mot en cas de conflit et devant laquelle les deux chiots s’aplatissent en soumission si elle râle. Denali et Kenai jouent continuellement, se mordillent et se coursent avec un plaisir évident. La maison et le jardin oscillent entre chaos et terrains de jeux mais dans un mode joyeux. Nous ne nous plaignons pas.





Consolidons le bilan



La fin de l’année, c’est le moment de regarder en arrière et le bilan est un peu décevant… 

Je n’ai pas écrit regulierement dans mon blog, je n’ai pas acquis la silhouette de gazelle à laquelle j’aspire toujours au moment de prendre des résolutions. 

L’année a plutôt été une continuation qu’un nouveau départ, pas de tournant franc et bien marqué vers des horizons nouveaux.

Mais il y a eu du nouveau et de bonnes choses… si je regarde bien. 

Monday, August 24, 2015

Incendies et défrichage en famille

L’an dernier, à cette époque, nous étions en Idaho – une arrivée furtive pour surprendre Chris, ma belle-sœur, qui s’apprêtait à fêter son soixantaine anniversaire et ne se doutait pas que la famille s’était donné le mot pour venir de loin (Arizona, Kentucky, état de Washington) afin de se joindre à la célébration. La surprise avait été réussie.

Cette année, l’atmosphère est bien différente. A la place des bougies, des flammes. Après deux mois de sécheresse, la foudre a provoqué plusieurs feux de forêt. L’un de ces incendies a menacé directement Kamiah, la petite ville sur la réserve Nez Perce d’où la famille d’Irvin est originaire. Les rafales de vent ont transformé une situation inquiétante en menace directe. 



«Nous sommes en zone 2» expliqua Chris au téléphone. Son fils Adam et sa famille l’avaient rejointe chez elle, la maison où Adam a grandi. Zone 2 signifie : préparez vous pour une possible évacuation à tout moment. Une heure plus tard, la nouvelle nous est parvenue. Zone 3. «Les flammes arrivent. Ils viennent de nous dire de partir».

A partir de là, nous avons surtout suivi la situation via facebook. La famille d’Irvin, y compris cousins et amis, sont presque tous sur le réseau social. Nouvelles, photos et vidéos (impressionnantes) se partageaient entre ceux qui étaient sur place et les éloignés dans notre genre.




Une cousine – une dame âgée – refusait de quitter sa maison au milieu des arbres malgré l’ordre d’évacuation. Sa fille était avec elle et cherchait à la convaincre. Les commentaires inquiets de ses « facebook friends » ont fini par l’irriter et elle a répondu, tout en majuscule : «Arrêtez de me dire d’être raisonnable et de penser à moi. Je ne vais pas laisser ma mère sur une colline en feu. Que feriez-vous à ma place ?? Nous partirons quand elle sera prête à partir.»

Et puis, il y a la «First Indian Presbyterian church of Kamiah», une petite église toute en bois qui a accueilli ses premiers paroissiens en 1871, la plus ancienne d’Idaho. 



La famille d’Irvin – sept générations - y ont été baptisées. Et les flammes approchaient.


Dès le lendemain de l’évacuation, Adam, le neveu d’Irvin et d’autres jeunes gens, sont revenus à Kamiah. «Je ne peux pas rester là, à ne rien faire, dit-il sur sa page. J’y retourne.» Là aussi, beaucoup de communication sont passées par facebook. «Mon fils et ses amis cherchent à donner un coup de main, où doivent-ils aller ?» écrivit une amie. Un commentaire s’afficha sous son message. «Nous avons besoin d’aide par ici, nous avons un camion citerne plein d’eau et un possible chemin de repli. Mais il nous faut des bras. Envoie-les vers nous !»

Les maisons encore debout étaient arrosées d’eau, les alentours défrichés. Les pompiers qui devaient se multiplier sur plusieurs foyers ont apprécié le soutien. 
La maison de la cousine imprudente le lendemain : toujours debout! 
D’autres bénévoles ont fait du fry bread toute la journée et préparé des repas robustes, utilisant les cantines des écoles et salles des fêtes. Là aussi, facebook permettait d’informer les uns et les autres.

Au matin, «anything new ?» était la première question que Irvin et moi nous posions l’un à l’autre.

«Je suis près de la maison de ma grand-mère, indiquait Paige, une de nos nièces. J’aide à couper l’herbe haute.»

«Sois prudente Paige ! Ai-je répondu. Est-ce que l’église est toujours debout?» Je savais que la maison proche du bâtiment.

«Oui !»

Cette semaine pleine d’inquiétude était aussi occupée pour nous. A Indian Fellowship, l’église d’Irvin, c’était Vacation Bible School.

L’incendie a fini par être maitrisé. La maison de Chris est toujours debout. Celle de la cousine imprudente aussi. Et l’église.  Mais 55 maisons ont brulé.

Dimanche, au lieu d’aller au culte, je conduisais Irvin aux urgences. Il s’était réveillé avec des douleurs dorsales : crise de coliques néphrétiques.

En attendant le résultat des examens, Irvin s’est assoupi, calmé par les puissants «pain-killers» administrés. Avec mon téléphone, je tenais ses frères et sœurs au courant. Eh oui, ils ont un groupe facebook rien que pour eux !

Irvin a ouvert un œil et s’est tourné vers moi. «Anything new ?» 


La ville de Kamiah se trouve au bord de la riviere. Cette photo a ete prise il y a quelques annees.
Ce paysage est bien different aujourd'hui. 

Toutes les photos de l'incendie ont été prises par notre ami Volkhard Graf, qui vit à Kamiah. Pour voir plus de photos sur sa page facebook, cliquez ici

Monday, April 20, 2015

La visite au Père

River est un cocker noir de 2 ans, il vit chez notre amie Debbie avec laquelle nous sommes restés en contact depuis que nous sommes venus chercher chez elle Tashina, notre première chienne, en 2003. River est  le père de Denali, notre chienne de trois mois, née en Oregon.



Nous avons organisé une rencontre au lendemain de Pâques, et sommes arrivés en début d’après midi avec nos deux chiennes. Debbie et sa famille habitent près d’Olympia, la capitale de l’état de Washington, à une heure au sud de chez nous.

River est un jeune chien enthousiaste. Ca a un peu effrayé Denali  - elle s’est recroquevillée sur mes chaussures. 

En revanche, Sitka (9 ans) a apprécié son intérêt. Elle qui est parfois un peu revêche au premier contact avec un chien qu’elle ne connait pas s’est montré tout à fait accueillante.  



Une fois l’excitation de la rencontre un peu tombée, Denali et River se sont fait quelques amitiés. Elle ressemble à son père – mais ses taches blanches qui nous plaisent tant la rendent unique.




Une portée vient de naitre chez Debbie. Mais tout ne s’est pas passé aussi bien que pour la portée dont Denali faisait partie (7 petits chiots tous en bonne santé). Sur les quatre chiots, deux sont morts nés. La mère a refusé d’allaiter les deux survivants, et devant son agressivité, Debbie a craint qu’elle ne les attaque. 

Elle les a séparés et a nourri les nourrissons au biberon toutes les deux heures. Mais pour qu’ils aient le contact et la chaleur canine qu’ils auraient eus avec leur mère, Debbie a eu l’idée de leur présenter une autre de ses chiennes, qui a eu des portées et s’est montrée très maternelle. 

Le succès a été immédiat. Elle a reniflé les deux petits chiots, s’est mise à les lécher. Ils sont vite devenus inséparables. «J’ai demandé au vétérinaire s’il était possible qu’elle donne du lait, mais il m’a dit que non, totalement exclu, a expliqué Debbie. Mais j’ai regardé : elle a des montées de lait !»



Debbie nous a montré les chiots par la vitre de sa fenêtre parce qu’ils ne sont pas encore protégés par leurs vaccins. Tandis que nous les photographions à travers la vitre, leur mère adoptive à leur cotés nous regardait, attentive et sereine. 

Saturday, April 11, 2015

Semaine Sainte, semaine à part

La semaine de Pâques, aussi appelée Semaine sainte, est un moment central dans la vie d’une paroisse. 
Et chaque année, la question se pose : comment représenter au mieux les dernières heures de la vie du Christ, comment rester fidèle au message biblique, sans se répéter, année après année et tomber dans une routine ? Comment  célébrer ces événements anciens tout en les rendant actuels et pertinents pour les paroissiens du 21eme siècle ?

Jeudi – Sainte Cène et mains propres

Jeudi soir, c’était ce qu’on appelle ici Maundy Thursday – du latin «mandatum» commandement, référence au « nouveau commandement » institué par Jésus lors de ce dernier repas et l’institution de la Sainte Cène.

Dans l’évangile de Jean, on ne trouve pas ces paroles de Jésus mais à la place, Jésus lave les pieds des disciples, à leur grande embarras – c’est la tâche des serviteurs les moins qualifiés d’une maison. Jésus essaie  de leur faire comprendre qu’une attitude de service des uns envers les autres fait avancer le Royaume de Dieu sur Terre.

Irvin et moi n’avons pas passé cette soirée ensemble car CIF et UPPC avaient chacun organisé un repas pris en commun. Un moment de liturgie a suivi, avec communion. A UPPC, nous avons aussi prévu un lavement, non des pieds, mais des mains. C’était une suggestion venue de mon expérience à CIF, nous avions procédé ainsi il y a quelques années.

Le lavement des pieds correspondait au contexte de l’époque de Jésus, où chacun cheminait sur les chemins secs et poussiéreux du Moyen Orient, avec de simples sandales. 

Dans notre Occident, et en contexte urbain, les pieds n’ont pas besoin d’être lavés quand on arrive à destination. En revanche, ce sont bien nos mains, instruments de notre service et symbole de nos actions, qui ont besoin d’un bain. C’est aussi l’expression de notre désir de transparence et de sincérité. Historiquement, on se serre la main pour montrer qu’on ne dissimule aucune arme.

En  regardant ce qui se disait sur le sujet sur internet, j’ai eu la surprise de tomber sur une polémique sur le sujet. Les tenants du lavage des pieds s’en prenaient violemment à ceux qui, a leurs yeux, trahissaient les écritures. «Jésus n’a pas lavé les mains de ses disciples !  Osons suivre son exemple au lieu de chercher à soulager  l’inconfort petit-bourgeois de ceux qui ne veulent pas quitter leurs chaussures !»

Parfois, me semble-t-il, il faut aussi savoir oser mettre les actions dans leur contexte et non les suivre à la lettre.


Vendredi – le chemin de Croix et la célébration du don de la liberté

Neuf stations ont été installées dans le sanctuaire de UPPC. Chacune reprenait une étape du parcours du Christ de ce vendredi, du jardin de Gethsémani à la croix. A chaque station, les participants étaient invités à un moment de réflexion sur les épreuves traversées par le Christ et sur leur propre parcours. Cela a demandé un immense travail – en particulier pour l’équipe, dont je n’étais pas, qui a physiquement installé les différentes étapes. Mais beaucoup de visiteurs sont venus et ont apprécié ce voyage au cœur du Vendredi Saint.



Ce soir la, c’était aussi Passover, la Pâques juive. Irvin et moi avons rejoint avec plaisir notre famille de Seattle. Comme ma tante Diane l’a noté, Passover tombe cette année en plein dans la Semaine Sainte, et un vendredi, le soir du Sabbat. Nous avons loué ensemble Dieu le libérateur avec des prières en hébreu, ce qui me ravit toujours, trempé le Karpas (en général du persil) dans des petits bols d’eau salée, pour rappeler qu’au milieu des larmes,  on peut déjà savourer l’espoir et le renouveau.


Nous louons le Dieu qui nous libère et nous sommes invités à prendre conscience de la responsabilité qui pèse sur nous : nous devons utiliser cette liberté pour libérer notre prochain. S’il reste opprimé, nous ne sommes pas vraiment libres non plus.


J’admire la façon dont la liturgie se marie avec le repas, et aussi comment les enfants sont appelés a être acteurs du rituel, et non simples spectateurs. C’est le plus jeune de la tablée qui posent les questions rituelles, commençant par  «Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ?» et aussi qui est chargé de chercher l’Afikomen, une matzah (pain sans levain) cachée préalablement, qui sera le dessert.

Du coté dessert, justement, au-dela de la matzah, nous avons savouré les fruits du talent extraordinaire de Emma Notkine, dont le gateau pistache-citron (sans farine bien sur) était une véritable œuvre d’art. De la grande cuisine – et Emma a à peine 20 ans !


Samedi – une pause (et temps de rédaction fiévreuse de sermons pour les pasteurs)
Et comme je ne prêchais pas, pour moi c’était une pause bienvenue.

Dimanche – Il est ressuscité

Trois services ce matin là à UPPC, et pour ceux qui y travaillent, un parking un peu plus lointain pour que les visiteurs puissent se garer. Une petite fille en robe rose de conte de fées se fait baptiser, et espère que le bleu autour de son œil, résultat d’une dispute lors d’une recréation, va disparaitre grace à l’eau du baptême. Lors du service contemporain, un rap au milieu d’une chanson – pas tout à fait mon genre de musique mais c’était superbe, suivi d’une ovation de surprise et de bonheur de toute l’assemblée, composée de beaucoup de jeunes. 


Et le pasteur Aaron, qui avec le même enthousiasme, trois fois de suite a prêché comment Dieu nous atteint au mieux quand nous sommes dans une impasse, au plus profond du trou, dans la tombe comme Jésus.
C’était Pâques.

Et puis, le rituel discret qui suit Pâques… le repos pour les pasteurs à court d’énergie. 

Monday, March 30, 2015

Défis et métaphores du chien noir

Quand on aime communiquer et partager, avoir un chien noir représente une certaine difficulté. On veut montrer des photos du chien, partager l’attendrissement. Mais le chien noir est difficile à photographier. Pour peu que la lumière n'y mette pas du sien, on se retrouve avec la photo d’une masse au contour imprécis. Les beaux yeux sombres et expressifs de l’animal sont difficiles à discerner. 
Quelqu'un peut-il me dire ou est la tete et ou est la queue de ce chien?
Bien sur, on peut jouer avec les nuances de la photo, l’éclaircir, mais on se retrouve vite avec un chien gris pale au milieu d’un décor délavé.

De plus, le chien est rapide et ne saisit pas la nécessité de rester immobile, quelques instants, pour la postérité (et la popularité des "parents" nourrissiers sur facebook). 
Ici, deux secondes auparavant, se trouvait un chien dans une pose adorable. 
Donc puisqu’elle est si difficile à voir en photo, je me prends à imaginer comment la représenter sous d’autres formes. Bon, si elle était un dragon, elle serait bien évidemment une Fury. (Amusant ces films "Dragons !")












Si elle vivait dans le monde sous-marin, elle serait un oursin. J’ai nagé dans la Méditerranée toute ma jeunesse et connait la douloureuse rencontre avec les oursins, entre deux rochers, juste le jour où  on se baigne sans sandales en plastique… Tout à fait Denali. Elle surgit avec tendresse, on a droit à quelques coups de langue chaleureux et soudain – les dents comme des aiguilles attaquent !

Pas facile donc de partager des images de notre dragonne-oursin. Mais vivre avec elle et la voir grandir est une joie – il faudra me croire sur parole. 



Bon Sang et Indian tacos

Que s’est-il passé cette semaine? Petit retour en arrière sur ces derniers jours. 

Biche du matin 
Dimanche dernier, en me rendant a UPPC pour les cultes du matin, je me suis trouvée nez à nez, ou presque, avec une biche. Elle marchait sur le trottoir, venant de bois proches. Elle a traversé derrière ma voiture. 

Cela arrive parfois de croiser ces animaux, coyotes ou biches, rappel de l’urbanisation récente de toute la région. Mais c’est toujours un moment de surprise et, depuis que je connais un peu l’univers Natif américain, j’y vois un signe de connivence du monde qui me réjouit.


Bon Sang n’est pas Français
Ce dimanche là, après le premier culte, chacun avait la possibilité de donner son sang, s’il le souhaitait. Je me porte toujours volontaire dans ces cas là. J’aime la solidarité que cela implique, sans parole, entre deux personnes qui ne se rencontreront jamais, l’une recevant de l’autre les globules dont elle a besoin. Et je suis du groupe O, donneur universel, qui n’est pas aussi répandu ici qu’en France. 

Je me suis donc présentée dans la grande salle claire de l’église, qui sert aussi de gym et de salle des fêtes. Tout au fond, des fauteuils avaient été installés. Mais je n’ai pas été autorisée à aller plus loin que le petit accueil improvisé. 

Eh oui, je suis française. Je vivais en France dans les années 80/90, à l’époque de la maladie de la vache folle. Il est impossible de détecter si se cache dans mon sang ce qui causerait un jour la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Donc mon offre de don a été courtoisement refusée.
L’infirmière, peu habituée à refuser des volontaires, cherchait à adoucir la décision de rejet. Elle m’a sourit.

«Vous voulez un biscuit ?»

Indian Tacos à vendre et à savourer
Une fois par trimestre, la church of the Indian fellowship, dont Irvin est le pasteur, organise une vente d’Indian tacos. Les fry bread sont une spécialité Native recherchée, peu diététique mais ô combien réconfortante que j’ai déjà eu l’occasion de décrire.


Nous avons eu beaucoup de monde vendredi, et j’étais ravie de voir des collègues et paroissiens de UPPC, l’eglise où je travaille, se joindre aux connaisseurs.

Le lendemain, samedi, la vente a continué. S’y est ajouté un buffalo stew, un ragout de viande de bison, que le fry bread accompagne. 

En général, je le fais au petit matin mais c’est un peu juste pour que tout soit bien cuit – le slow cooker, comme son nom l’indique, cuit lentement. Cette fois ci, j’ai tout préparé le soir et le ragout a mijoté toute la nuit. Plus facile pour moi, et le résultat était meilleur… 



Je remplace le bœuf par du bison dans une simple recette de beef stew. J’ajoute toutes sortes de légumes. La sauce est constituée de concentré de tomates, sauce soja, sauce  Worcestershire et vinaigre balsamique ou de Xerxès. On ajoute du bouillon de bœuf. Je fais le mien à la maison, a l’avance. C’est tout simple, mais ca prend trois jours ! Ensuite je congèle le bouillon par portions. Ca vaut le coup, le gout est plus complexe et profond.

Good bye Marc 
Depuis le mois de décembre, UPPC étudie l’Evangile selon Marc. Les sermons ont suivi les chapitres de l’évangile, nous avions des études bibliques le mercredi soir pour aller plus loin. 
Chaque semaine j’étais chargée d’écrire quelques paragraphes sur le chapitre où nous arrivions, suivis de questions. Incroyables comme ces quelques paragraphes ont pu demander de lectures, brouillons, et ratures… et c’est aussi devenu une joie – le moment où enfin je sentais que j’avais trouve un angle, une perspective nouvelle, qui devenait un texte tangible, écrit, terminé, inclus dans le bulletin.

Mais le voyage est sur le point de se conclure : la série se termine à Pâques. Soulagée et un peu triste, je viens de finir mon dernier texte, sur le chapitre 16 de l’évangile. Marc, dans sa version la plus ancienne, nous laisse avec les femmes bouleversées de leur rencontre avec l’ange de la résurrection. 

Nous entrons dans la Semaine Sainte. A suivre… 



Friday, March 20, 2015

L’ADN est de retour

En janvier, Irvin et moi avons commandé une recherche de nos origines respectives par analyse de notre ADN. Comme je lui ai dit en riant quand nous avons envoyé les deux petits paquets à Ancestry.com contenant un échantillon de nos salives, «si jamais ils confondent nos envois, nous n’aurons pas de mal à rétablir la vérité». Je ne peux pas avoir d’ancêtres Natifs américains. Irvin a une seule grand-mère d’origine Européenne.

J’ai appris par un email que mes résultats etaient accessibles sur le site alors qu’Irvin était encore à Louisville. Je dois avouer que je ne l’ai pas attendu – pas de romantique découverte des résultats à deux ! J’étais trop impatiente.
J’avais une idée assez claire de mes origines, mais la danse des gènes reste mystérieuses.

Voici ce que j’ai appris : je suis 64% «Jewish European», autrement Ashkénaze. Cela me rappelle mes années d’enfance où j’ai toujours senti ce lien avec le monde du judaïsme, dont je savais si peu de choses. Et plus tard, l’apprentissage de l’hébreu biblique à la fac de théologie de Paris, qui m’a passionné depuis le premier jour. Je ne suis pas une experte en génétique, donc je me demande comment ce pourcentage excède les 50% alors qu’un seul de mes parents est juif…

Et puis 19% originaire de Grande Bretagne… ? La carte montre que cela englobe le nord de la France – peut-être cet arrière-grand-père originaire de Valenciennes ?

Et 10% qui se partagent entre l’Espagne et l’Italie, ce qui englobe aussi le midi de la France, logique puisque j’ai de la famille originaire de Nice.
Des petits pourcents Scandinaves et Irlandais.

Ensuite, ça a été le tour d’Irvin d’aller à la découverte de ses gènes.

69% Natif Américain, ce n’est pas une surprise.

20% originaire de Grande Bretagne ? Le père de sa grand-mère non-Indienne était né en Norvège. Pourtant, Irvin se retrouve avec seulement 3% d’origine scandinave.  C’est en découvrant leurs ascendants loin dans les siècles passés qu’il a  découvert des ancêtres anglais et français. Selon la génétique, ils sont bien proches et présents !

5% originaire d’Asie Centrale. La trace des grandes migrations par le détroit de Behring ?

Quelques pourcents Irlandais.

Qu’est-ce qui nous pousse à connaitre notre héritage ? Cela change-t-il qui nous sommes ? Ou le regard que nous portons sur notre famille et sur nous-mêmes ?
Les mots de Linda Hogan, poète et écrivain originaire de la tribu Chickasaw, sont une forme de réponse. 
  
“Walking. I am listening to a deeper way. Suddenly all my ancestors are behind me. Be still, they say. Watch and listen. You are the result of the love of thousands.”

«En route. J’entends le chemin des profondeurs. Soudain, tous mes ancêtres me suivent. Silence, me disent-ils. Regarde et écoute. Tu proviens de l’amour de milliers.»

Saturday, March 14, 2015

Faits et méfaits du Chien Nouveau

Elle a gigoté et dormi dans le creux de mon cou, son museau sur ma clavicule, pendant les 4 heures de route nous séparant de la maison.

Elle a accueilli toutes les nouveautés de son nouveau domicile avec enthousiasme, parfois en sautillant sur place avec joie.

Chaque marche est presque aussi haute qu’elle, mais en quelques jours, elle a été capable de grimper tout l’escalier avec des bonds de chèvre des montagnes. Mais elle a peur de descendre.


Elle vénère Sitka, la suit partout et cherche à l’imiter. L’inverse n’est pas vrai.


Quand elle se fait rabrouer par la chienne alpha – parce qu’elle a interféré dans la routine de ses meilleurs moments, glaçons à croquer, siestes paisibles, câlins avec nous – elle s’aplatit sur le sol, en totale soumission adorante. 

Puis, sans aucune intuition, elle se précipite à nouveau sur Sitka, cherche à l’inciter à jouer, mordille ses oreilles…. Jusqu'à l’algarade suivante.

Elle aime être dans nos bras, se blottit, elle est chaude et douce. Elle est câline mais le moment arrive toujours où elle mordille tout ce qui se trouve à sa portée, phalange, oreille, lèvre… Je ne crois qu’elle ait tout a fait saisi le fait qu’en tant que chiot, elle a des dents aigües comme des aiguilles.

Elle me rappelle Tashina mais elles sont bien différentes. Denali a un museau plus long et n’a pas la timidité de notre toute première chienne.

Elle pleure, longuement et avec expression, si elle nous perd de vue. Sitka déteste l’entendre et cherche à mettre le plus de distance possible avec elle dans ces cas là.

Elle m’a réveillée à 4h30 du matin en début de semaine parce qu’elle avait envie de jouer. Juste la nuit où j’avais terminé de rédiger une délicate introduction au chapitre 13 de l’évangile de Marc (chapitre dit apocalyptique) à 1h30 et devais me lever à 6h30 pour une longue journée de meetings.

Elle nous suit pas à pas de si près qu’il nous arrive de nous lancer dans une brève improvisation chorégraphique un peu saccadée mais non dénuée de grace lorsque nous voulons éviter de lui marcher dessus sans pour autant chuter.

Elle a le galop joyeux d’un poulain, surtout quand elle est en train d’accomplir une action d’éclat, par exemple, laisser se dérouler un rouleau de papier toilette dans son sillage après en avoir attrapé une extremité lors d’une incursion commando dans la salle de bains. 

En d’autres termes, nous avons la situation complètement en main.