Monday, February 27, 2012

Hospice House Interview


Aujourd’hui, j’ai rencontré Susan, le chapelain qui organise l’aumônerie des services de soins palliatifs (hospice house en anglais) dont le centre est une grande maison dans un quartier de Tacoma. Deux des aumôniers en résidence (sur les trois positions disponibles) y travailleront.

Susan est une femme de petite taille aux cheveux blancs coupés court, aux yeux blues brillants et au sourire chaleureux. Je me suis sentie très vite à l’aise avec elle.


Nous avons parlé près de deux heures. Elle avait des questions bien précises sur mon intérêt pour ce type de service, les deuils que j’ai pu traverser, la façon dont j’agis en présence de personnes aux idées et croyances différentes des miennes, mais elle m’a surtout écoutée. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, une interview avec un aumônier est un peu une rencontre du troisième type : une conversation avec une personne qui vous écoute avec une immense attention et une grande bienveillance. J’ai passe un très bon moment avec Susan qui m’a aussi fait visiter les lieux. Elle ne prendra pas la décision finale mais son avis sera certainement significatif.


Sur le chemin du retour, sous le soleil, j’essayais de deviner quelle décision serait prise. Ce matin, Susan rencontrait une autre candidate, une merveilleuse jeune femme Coréenne que je connais bien. Sa connaissance de la langue et de la culture Coréenne seraient des atouts précieux pour ce service, dans une région où la communauté asiatique et en particulier Coréenne est si nombreuse.


Dans le lointain, j’ai aperçu une douzaine de minuscules parachutes – un exercice militaire au-dessus de la base Air Force de McChord. C’est un peu comme ça que je me vois, depuis que je suis «prête à l’ordination», suspendue dans le ciel et me demandant où je vais atterrir… A suivre…

Monday, February 20, 2012

Le jour du Président

C’est un jour férié aujourd’hui – ce qui signifie que les postes et les banques sont fermées, les enfants n’ont pas école, mais la plupart des magasins sont ouverts et profitent de l’occasion pour offrir des soldes. President’s Day : Le jour du Président – ou des Présidents ?

Ce jour est réputé honorer George Washington et Abraham Lincoln, le président fondateur des Etats Unis d’une part et le président émancipateur qui restaura l’unité du pays d’autre part. Tous deux sont nés en février et différentes commémorations avaient lieu au cours des années le jour de leur anniversaire.

Une loi votée en 1968 fixa au troisième lundi de février la commémoration. Mais cette décision n’a pas fait l’unanimité. Certains regrettent que désormais, George Washington ne soit plus jamais honoré le jour exact de son anniversaire, le 22, car le troisième lundi ne peut tomber plus tard que le 21 février.

«Ce jour férié est une fraude» s’insurgent même les gardiens de la mémoire d’Abraham Lincoln, remarquant que le nom officiel de la loi instituant ce jour férié mentionne «George Washington Birthday».

«L’état d’Illinois [dont Lincoln est originaire] souhaite que Lincoln soit placé sur un pied d’égalité avec Washington» explique Dave Blanchette, porte-parole du musée et librairie présidentielle d’Abraham Lincoln, à Springfield, Illinois. Washington et Lincoln sont tous deux en tête des sondages d’opinion pour leur contribution à l’histoire américaine. «Ils méritent un jour férié l’un et l’autre» dit Blanchette.

Richard Nixon est identifié comme le président à l’origine de ce jour férié, qu’il aurait institué avec le commentaire suivant «c’est un jour destiné à honorer tous les présidents, y compris moi-même» - des mots qu’il n’a en fait jamais prononcé. Il s’est contenté de promulguer en 1971 la loi votée en 1968.

Alors President’s Day ou Presidents Day ? Honore-t-on un president, deux ou tous ? L’ambigüité grammaticale permet à chacun de suivre son inclination patriotique – ou simplement d’aller faire les soldes.

Sunday, February 19, 2012

La complexe tapisserie de la vie

Voila, le 27 février prochain, je rencontrerai Susan, responsable de l’aumônerie de l’Hospice House, ce service pour patients en fin de vie situé dans une maison de Tacoma. La décision finale sera prise dans les jours qui suivent.

Si ma candidature est retenue, je serai «chaplain resident» pendant un an, à partir de septembre prochain. Je reste zen mais je pense beaucoup à cette éventualité…


Quelle présence peut-on apporter à un patient dont la vie se termine et le sait ? La réflexion de Judith Leipzig [1] chapelain qui termine sa formation dans le Bronx est édifiante et ouvre des horizons pour chacun. Apres tout, la fin de vie, nous y serons tous confrontés.


Qu’est-ce que l’espoir représente pour un mourant ? C’est la question qui s’est présentée à Judith. Dans les autres services ou elle avait travaillé auparavant, l’espoir, l’avenir et ses possibilités, étaient toujours implicitement palpables. Que faire quand le patient arrive à la fin du chemin et le sait ?


Au cours des semaines passées auprès de patients, des réponses apparurent. « …l’espoir, c’est l’expérience de continuer à appartenir à quelque chose qui nous dépasse – Dieu, la famille de la création, ou la complexe tapisserie de l’existence. Et cette appartenance nous donne sens. Nous avons conscience de faire partie de ce qui forme l’étoffe de l’existence. Chacun de nous contribue à tisser cette étoffe. Le contraire de l’espoir, dès lors, n’est pas le désespoir en tant que tel mais l’absence de sens, la déconnection, le fait d’etre privé de cette appartenance profonde avec le monde »


En contact avec des enfants, Judith avait pu observer le stade dit ‘du miroir’, ce stade vital où le bébé se découvre à travers le regard de sa mère, un regard qui l’accueille et affirme sa valeur. Sans cette étape fondatrice, l’enfant devenu adulte devient souvent dépressif.


«Nous retrouvons cette étape tout au long de notre vie, analyse Judith, quand nous avons besoin de trouver de nouvelles façon de satisfaire ce besoin d’être reçus et affirmés. A la fin de notre vie, beaucoup de ces moyens nous sont ôtés. Nous ne pouvons plus manifester qui nous sommes par notre carrière, notre façon de prendre soin des autres, par nos œuvres artistiques ou intellectuelles.


J’ai appris que pour établir un lieu où l’espoir puisse exister, je devais abandonner toute idée d’apporter un service, et offrir à la place mon intention d’etre profondément, authentiquement présente, comme une mère le fait avec son nouveau-né. J’ai appris que quand nous accompagnons une personne mourante, par notre présence, nous devenons leur miroir – nous reflétons leurs mots et aussi leur être profond. Ils peuvent ressentir ce qui fait leur essence de façon plus intense. Nous sommes à leur coté dans leur obscurité, parce que c’est aussi notre obscurité, l’obscurité que tous les humains traversent, et de ce fait, ils saisissent qu’ils ne sont pas seuls et démunis.


Par notre écoute, nous les encourageons à donner voix a leur pensées, leur expérience, leurs sentiments. Cela leur permet de prendre conscience de l’importance de leur vie et du fait que l’expression de leur vérité est essentielle pour nous tous. Notre présence est la preuve qu’ils ne sont pas abandonnés, même si leur situation est des plus précaires. Ils continuent de faire partie du fleuve de la vie et de faire partie de l’histoire humaine. La tapisserie de l’humanité a besoin d’eux pour etre complète. Et c’est dans cette nécessité que l’espoir est enraciné.»


[1] http://blog.onbeing.org/post/11176428414/hope-at-the-end-of-life

Tuesday, February 14, 2012

Etre chapelain ou pas – la suite du feuilleton

Après les interviews en janvier à l’hôpital St Joseph de Tacoma, j’attends la réponse et je garde espoir d’etre acceptée comme «resident» pour un stage d’un an à partir de septembre prochain. La réponse doit venir dans le courant du mois de février, m’a-t-on promis. Bien sur, je reste totalement zen et sereine mais je ne peux nier que je suis consciente des jours qui passent...


Et ce matin, il y a eu du nouveau. J’ai reçu un email de la part du directeur de l’aumônerie. «Nous sommes en train de prendre les décisions finales et réfléchissons aux choix à faire pour la residency de l’an prochain. J’ai une question pour vous. Je sais que votre premier choix se porte sur l’aumônerie à l’hôpital. Je me demande si vous seriez intéressée par un poste de chaplain resident dans un service pour les patients en hospice [terme utilisé pour les patients ayant moins de 6 mois à vivre]. C’est un environnement intense, avec beaucoup de décès mais aussi des opportunités d’apaisement et de grace. Vous feriez aussi des gardes à l’hôpital toutes les semaines. Je peux vous faire rencontrer le chapelain coordinateur du service si vous le souhaitez.»


J’ai longuement réfléchi (au moins trente secondes). J’ai senti mon rythme cardiaque s’accélérer. Oui, ca m’intéresse beaucoup. Les deux moments essentiels de notre vie, c’est «maintenant et à l’heure de notre mort» comme le dit la prière à Marie que l’enfant catholique que j’étais a appris par cœur. J’espère rencontrer l’aumônier de ce service dans les prochains jours. A suivre…

Wednesday, February 8, 2012

Pourquoi vivre ici


Nous vivons au bord du Canada, dans la région la plus nuageuse qui soit, connue pour ses pluies interminables. Contrée inhospitalière ? Non. Les raisons d’y vivre sont nombreuses. Mais plutôt que de décrire, je préfère montrer. (Cliquez sur les photos pour les voir en plus grand format)


1) L’océan Pacifique coexiste avec les montagnes et la nature – et la ville.

Cette photo a été prise mardi par notre amie Jett Brooks qui a l’œil et le talent – ses clichés sont toujours exceptionnels.




2) Certes les nuages sont nombreux, mais ils y mettent du leur pour être intéressants.

Un nouvel exemple de nuages lenticulaires au-dessus du Mont Rainier. Pure beauté avec un zeste de science-fiction. Photo parue sur le site de la chaine TV locale King5.

Tuesday, February 7, 2012

Les parents français sont les meilleurs !


French parents are superior : une mère de famille américaine qui vit en France l’affirme. Elle a même écrit un livre sur le sujet qui sort cette semaine, «Bringing up Bébé». Elle en explique l’origine dans un long article paru dans le Wall Street Journal [1].


Comment se fait-il que ma fille de 18 mois transforme une table de restaurant en champs de bataille, tandis que les enfants français du même âge, sagement assis dans leur chaise haute, mangent leurs légumes sans faire de drame ? s’est demandé Pamela Druckerman lors de vacances houleuses. Elle a donc entrepris une enquête et pour un lecteur français, c’est son étonnement qui surprend.


Les parents français, constate-t-elle, ne transforment pas leurs enfants en centre d’attention constant. Ils ne se laissent pas interrompre – au téléphone ou pendant une visite. «Attends une minute ma chérie, dit Delphine, une amie, à sa fille de trois ans, je suis en train de parler» C’était tout à la fois très poli et très ferme, constate Pamela, émerveillée. «J’étais frappée par la gentillesse avec laquelle Delphine avait parlé, et par le fait qu’elle semblait certaine que sa fille allait lui obéir.»


Les français apprennent aussi aux enfants à attendre, note Pamela : pas de grignotage toute la journée, juste le goûter. Apprendre à attendre, serait-ce la clef de la résilience dont manquent tant les enfants américains, toujours prêts a faire une scène (le fameux “ temper tantrum”) s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils reclament ? s’interroge-t-elle.


«Les parents américains veulent que leurs enfants soient patients bien sûr, écrit-elle. Nous encourageons nos enfants à partager, à attendre leur tour, à mettre la table et à pratiquer leur piano. Mais la patience n’est pas une vertu sur laquelle nous insistons autant que les français. Nous avons tendance à considérer que ça fait partie de leur tempérament. Selon nous, les parents ont de la chance et héritent d’un enfant patient - ou pas.»


Les enfants français ont une vision claire de ce qu’ils ont le droit de faire, et de ce qui est interdit, analyse Pamela. «Beaucoup de parents français que j’ai rencontrés ont une autorité calme qui leur vient facilement. Leurs enfants les écoutent vraiment. Les enfants français ne sont pas constamment en train de courir en tout sens. Ils ne répondent pas à leurs parents, ou ne les entrainent pas dans des négociations prolongées.»


Pamela raconte : «Un dimanche matin au parc, ma voisine Frédérique m’observa tandis que je faisais de mon mieux pour maitriser mon fils, alors âgé de deux ans. Leo était un enfant très rapide et j’étais constamment en mouvement. Il semblait considérer les grilles autour de l’aire de jeux comme une simple invitation a l’escapade.


Frédérique avait récemment adopté une jolie petite fille rousse de trois ans, originaire de Russie. Lors de notre sortie, elle était mère depuis trois mois seulement. Cependant, du simple fait d’etre une mère française, elle avait déjà une toute autre vision de l’autorité que moi – une vision de ce qui était «possible» et ce qui n’était «pas possible» (en français dans le texte).


Frédérique et moi étions assises dans le périmètre du bac à sable, essayant de parler. Mais Leo ne cessait de courir par delà la barrière. A chaque fois, je me levais pour courir après lui et je le ramenais en lui faisant des reproches. Il hurlait. Au début, Frédérique observa ce petit rituel sans rien dire. Puis, sans aucune condescendance, elle me fit remarquer que nous ne pourrions pas bavarder si je ne cessais de courir après mon fils.


«C’est vrai, dis-je, mais que puis-je faire ?» Frédérique me dit que je devrais être plus ferme avec lui. Dans mon esprit, passer l’après-midi à la poursuite de Leo était inévitable. Pour elle, c’était «pas possible».


Je lui fis remarquer que j’avais réprimandé Leo pendant 20 bonnes minutes. Frédérique sourit. Elle me dit que je devais dire «non» avec plus de d’assurance, et vraiment y croire. Lorsque Leo essaya à nouveau de courir au-delà de la barrière, je dis non d’un ton plus coupant. Il ne m’écouta pas et je dus lui courir après.


Frédérique sourit à nouveau et me suggéra de parler au lieu de crier et d’avoir plus de conviction. Je craignais de le terrifier. «Ne t’inquiète pas» m’encouragea Frédérique.


Leo ne m’écouta pas non plus la fois suivante. Mais je sentis progressivement mes «non» devenir plus convaincus… Finalement, Leo s’approcha de la barrière mais – miracle !- ne l’ouvrit pas. Il se retourna et m’observa avec incertitude. Je le regardai fixement en essayant de prendre un air réprobateur.


Au bout de 10 minutes, Leo ne chercha plus à fuir. Il semblait avoir oublié la barrière et il jouait dans le sable avec les autres enfants. Bientôt, Frédérique et moi bavardions. J’étais stupéfaite que Leo me voit soudain comme une figure d’autorité.


“Tu vois, me dit Frédérique sans triomphalisme, c’était le ton de ta voix». Elle me fit remarquer que Leo n’avait pas l’air traumatisé. De fait, et peut-être pour la première fois, conclut Pamela, il ressemblait à un enfant français.»


Quelle mère serais-je devenue si j’avais eu des enfants, moi qui ai grandit en France et me suis si bien adaptée a la vie américaine ? Une chose est sûre : j’admire les parents que je vois autour de moi, que ce soit en France ou aux Etats Unis. Elever des enfants est un tel dévouement, une joie mais aussi un vrai sacrifice - la grande aventure des temps modernes comme le disait Charles Péguy.


[1] "Why French Parents Are Superior" by Pamela Druckerman, Wall Street Journal February4th, 2012
http://online.wsj.com/article_email/SB10001424052970204740904577196931457473816-lMyQjAxMTAyMDAwNzEwNDcyWj.html?mod=wsj_share_email_bo

Friday, February 3, 2012

Les questions essentielles


Toujours dans l’attente de nouvelles de la residency… qui devrait venir dans le courant de ce mois de février. Même si je me répète que la décision ultime ne m'appartient pas (après tout, dans mon secteur professionnel, le Très Haut a le dernier mot) l’aumônerie reste mon premier choix.


Ce stage à l’hôpital cet été a été thérapeutique : j’ai appris à me défaire d’anxiétés et de peurs latentes. L’inquiétude de ne pas être à la hauteur en présence de circonstances tragiques, la crainte d’ajouter par maladresse à la douleur d’une famille en deuil – voilà les appréhensions qui me taraudaient. Et ironiquement, la vraie difficulté, ce fut de trouver un patient disponible qui ait envie de parler. Une fois le contact établi, quelque soit les circonstances - même graves - le soutien que j’espérais apporter, les mots échangés avec le patient, la famille, tout cela était fluide, essentiel, sans obstacle. Etre aumônier, ai-je réalisé, ce n’est pas tant agir d’une certaine façon, prononcer certaines paroles, etre aumônier, c’est avant tout… être là.


- De quoi parlez-vous avec ces patients sur le point de mourir ? demanda un jour un professeur de théologie à une de ses étudiantes de 26 ans, en stage dans un service de cancérologie.


Elle hésita et répondit : «nous parlons de leur famille, principalement… » Le professeur eut l’air surpris :


- Vous parlez de Dieu ?

- Parfois. Rarement.

- Du sens de leur vie?

- Ça arrive.

- Et la prière? Vous leur offrez un rituel, vous les guidez vers une prière?

- De temps a autres. Pas toujours.



Kerry Egan, l’étudiante, sentit la dérision pointer dans la voix de son professeur.


- Donc vous visitez ces malades et vous vous contentez de leur parler de leur famille ?

- En fait, ce sont eux qui parlent. Moi j’écoute.


Le professeur eut l’air dubitatif. Une semaine plus tard, raconte Kerry, au milieu d’un de ses cours, devant une classe pleine, le professeur mentionna la conversation.


« J’ai un jour bavardé avec cette étudiante en stage d’aumônerie à l’hôpital, commença-t-il. Et je lui ai demandé, ‘que faites-vous exactement ?’ Et vous savez ce qu’elle m’a répondu ? ‘Je parle aux patients de leur famille’. Il fit une courte pause pour insister sur ce qui allait suivre. «Et voila toute la profondeur spirituelle de cette étudiante ! Parler des familles des patients !»


Les étudiants se mirent à rire. Kerry sentit la honte l’envahir. Le professeur poursuivit « Et je me suis dit que si j’étais malade dans un hôpital, si j’étais mourant, la dernière personne que je voudrais voir à mon chevet est une étudiante en théologie voulant me parler de ma famille !»


« Aujourd’hui, 13 ans plus tard, je suis un chapelain, poursuit Kerry Egan dans un article passionnant [1]. Si vous me posiez la même question, de quoi parlent les mourants, je ferais la même réponse. Ils parlent le plus souvent de leur famille, de leurs proches. Ils parlent de l’amour qu’ils ont reçu, de l’amour qu’ils ont donné. Ou pas donné. Ils parlent de ce qu’ils ont appris à propos de l’amour. Dans leurs dernières paroles, ils appellent souvent leurs parents.


« Ce que je serais capable d’expliquer à ce professeur aujourd’hui, c’est que ces patients parlent de leur famille parce que c’est ainsi que nous parlons de Dieu. C’est ainsi que nous parlons du sens de notre vie. C’est ainsi que nous parlons des grandes questions spirituelles de l’existence. Nous vivons nos vies au sein de nos familles, celles où nous sommes nées, celles que nous choisissons, pas dans nos têtes au milieu de théories et de réflexions théologiques.


«La famille est le lieu où nous apprenons ce qu’est l’amour. C’est probablement l’endroit où nous sommes blessés pour la première fois par quelqu’un que nous aimons, et dans le meilleur des cas, l’endroit où nous apprenons que l’amour peut surmonter le rejet le plus douloureux.


« Parfois l’amour est imparfait, parfois l’amour est même complètement absent. Des choses monstrueuses peuvent survenir au sein de familles. Même dans ces situations, je suis impressionnée par la force de l’âme humaine. Ceux qui n’ont pas reçu d’amour ont conscience qu’ils auraient dû être aimés. En présence d’un amour destructeur ou absent, quelque chose d’autre peut etre appris : le pardon. Le travail spirituel de chaque être humain, c’est d’apprendre à aimer et à pardonner.


« Nous n’avons pas besoin d’un vocabulaire théologique pour parler de Dieu, conclut Kerry. Ceux qui sont près de la mort n’utilisent pas de tels mots. Les mourants nous enseignent que la meilleure façon d’apprendre Dieu à nos enfants est de nous aimer les uns les autres complètement, et de pardonner entièrement – de la même façon que nous avons besoin d’être aimé et pardonné par nos proches. »


Qui est ton prochain ? lit-on dans les Evangiles. Celui que je peux accompagner au milieu de ces moments océaniques où la vie change et parfois se termine. Celui qui me fait découvrir où je peux trouver les réponses essentielles que la vie me pose.




[1] ." http://religion.blogs.cnn.com/2012/01/28/my-faith-what-people-talk-about-before-they-die/