Monday, December 27, 2010

Le Père Noël ne vient pas les mains vides


Avant la représentation de Noel, notre paroisse avait partagé un repas abondant – chacun apportant les uns une dinde rôtie, les autres des slow cookers remplis d’assortiments de légumes ou des salades ou des tartes à la citrouille – puis Santa Claus vint frapper à la porte avec des cadeaux, à la grande joie des enfants.
Les adultes n’ont pas rechigné non plus à se percher sur ses genoux le temps d’une photo.

Notre église n’a pas été oubliée, même si le Père Noel a emprunté une autre apparence. Julie, dont la famille a fréquenté notre congrégation à partir des années 50 quand elle était petite fille, est venue accompagnée de membres de sa famille.

Nous voyons regulierement Bonnie, sa nièce, et Laura, fille de Bonnie et son mari Tyrus.
Julie a gardé des souvenirs essentiels de cette petite église. Son frère Marvin (que tout le monde appelait Marv) partageait aussi ces souvenirs anciens et il était actif dans notre paroisse il y a quelques années, avant d’etre brutalement emporté par une crise cardiaque en 2006. 
De gauche a droite: Laura, Julie notre bienfaitrice, sa soeur Ada, sa niece Bonnie et Irvin
Julie nous a expliqué qu’elle avait vendu un terrain en Californie et pour éviter une forte taxe sur la plus-value, on lui a conseillé de faire un don à un organisme sans but lucratif. Au même moment, elle a entendu parler de nos difficultés financières et de nos efforts (voir «la boite de Pandore», 9 décembre). Elle nous a tendu avec simplicité un cheque de plusieurs milliers de dollars. Nous avons appris le même jour que First Pres, l’eglise où j’ai fait mon stage cet été, avait elle aussi décidé de nous attribuer une forte somme.
Ces dons exceptionnels nous permettent de ne pas avoir trop le couteau sous la gorge pendant que nous poursuivons nos efforts pour concevoir des façons de créer des sources de revenus à long terme pour l’eglise et nous en sommes reconnaissants.

Sunday, December 26, 2010

Noël du Passé, Noël à venir

La semaine dernière, notre église a célébré Noël dans un spectacle qui avait pour vocation de narrer la Nativité en y associant les enfants (qui personnifiaient les personnages de la Bible) et aussi les membres plus âgés de notre congrégation.
Les anges annoncent la naissance d'un Roi aux bergers qui tombent raide de saisissement.
Marie et Joseph arrivent à Bethlehem.
Irvin a interviewé deux de nos paroissiens nés lors de la Dépression. Ace, membre de la tribu Arikara du Dakota du Nord, et Eleanor, dont les parents venaient d’Allemagne et d’Irlande et qui a grandi dans le Minnesota, ont accepté de raconter leurs souvenirs de Noel à Irvin, et lui ont confié des photos. Irvin a créé une présentation PowerPoint qui a été insérée dans le spectacle.
Les enfants ont aussi entonné des chants traditionnels, que l’assistance a repris.
Bien sur, il y eut de petits ratés. Par exemple, une petite fille a lu quelques versets de l’évangile de Luc. Lors des répétitions, sa voix était assurée et sa diction parfaite. Devant le public, elle a été si intimidée qu’elle n’a pu émettre que des murmures d’une extrême discrétion.  

A la fin de la présentation, Eleanor nous a montré une petite table de nuit que son père menuisier avait coutume de fabriquer à la période de Noel.
Il les vendait pour un $1 chacune, et cela permettait d’acheter des jouets pour ses enfants. Il a reçu un ruban bleu lors d’une exposition – la plus haute distinction – pour ses talents d’artisan.

Saturday, December 18, 2010

Enfants contre pizzas, un combat inégal


Une quinzaine d’enfants qui ont interprété des messagers divins et des personnages bibliques avec une grâce angélique peuvent se montrer impressionnants quand ils se dirigent avec détermination sur un déjeuner bien mérité: en l’occurrence 5 grandes pizzas. Inutile de dire que les pizzas n’avaient aucune chance d’en réchapper. Elles furent dévorées avec rapidité et grande satisfaction, et c’était justice après la longue répétition et les essayages de costumes auxquelles les enfants venaient de se consacrer.

Je suis allée chercher les pizzas dans un «Domino» du quartier et j’ai été impressionnée par la haute technologie mise en œuvre pour démontrer au client que la pizza commandée se prépare à grande vitesse. En face de mon nom, le statut de ma commande, pizza «en cours de préparation» puis «au four» avec le nombre de minutes restant à attendre, sur un écran qui rappelle celui des aéroports.
Quand ils m’ont dit que les pizzas etaient prêtes, j’étais presque surprise qu’ils n’ajoutent pas «prêtes au décollage».

Les anges et les bergers sont au point!


Cet après-midi, c’était répétition générale à la Church of the Indian Fellowship. Les enfants de notre Creator Talking Circle (école du dimanche) sont venus essayer leurs costumes et revoir leurs rôles.

Demain dimanche, après un déjeuner commun qui suivra notre culte, ce sera le moment du Christmas program. Les enfants vont interpréter plusieurs scènes clef de la Nativité – l’annonciation des bergers par les anges, Joseph et Marie cherchant une auberge – et des chants de Noël qui seront repris par l’assistance.
Les souvenirs de Noël de deux de nos paroissiens qui sont nés après la grande dépression seront partagés, avec des photos dans une présentation powerpoint.
Zhondra interprete Marie
Irvin est le metteur en scène, assisté de Danielle, une des monitrices qui a aussi réalisé ingénieusement les costumes des anges – notre église n’ayant pas de fonds disponibles.
Une des amies de l’église nous a prêté les costumes des bergers qu’elle avait confectionnés l’an dernier.
Si tout se passe comme aujourd’hui, ça devrait être bien…

Friday, December 17, 2010

Jouer à la marchande en décembre.

Curves, mon accueillant club de gym m’a déjà fait gagner un weekend gratuit à la campagne (voir 5 novembre 2010).
Ce club s’est également montré plein de sollicitude en cette approche de Noël.
Pendant deux semaines, ses membres bricoleurs et/ou artistes avaient l’autorisation d’exposer et vendre leurs œuvres dans ses locaux.

C’est ainsi qu’une aquarelliste, une experte du crochet et une créatrice de jeux d’enfants ont installé leurs tréteaux dans la grande salle où les membres accomplissent leurs exercices.

J’ai fait de même, bardée de multiples colliers. 
Irvin m’a appris les bases quand nous nous sommes connus : comme beaucoup de Natifs, il crée des colliers qu’hommes ou femmes portent volontiers en toutes circonstances.

La première fois que je l’ai suivi dans une de ces immenses magasins où il s’approvisionne en fils d’acier, fermoirs, perles en verre et en corne, je me suis retrouvée en présence d’une ancienne passion d’enfant : améthystes, agates, turquoises, jade, opales autrement dit les pierres. 
L’étrange absorption qui s’installe en soi quand on crée un collier est semblable à l’obstination que l’on peut ressentir quand on cherche à résoudre une énigme ou un puzzle. L’ensemble que l’on cherche à obtenir existe déjà, on ne fait que le reconstituer. 
Le problème d’une vente de ce genre, c’est que l’on peut se sentir blessé dans sa fibre créatrice quand les pièces ainsi assemblées avec inspiration et précaution restent sagement disposées jour après jour telles qu’on les a laissées la veille. Ah, l’amertume des invendus et laissés pour compte…

La première année où je me suis lancée, j’ai péniblement vendu deux colliers en 15 jours. J’étais donc ravie, l’année suivante, de voir huit colliers trouver preneurs. Cette année, la crise économique a dû encourager les achats artisanaux. Plus de vingt colliers ont été vendus, à ma propre surprise ; j’ai trouvé ça très satisfaisant.
Hélas, la période de vente vient de se terminer. Le 15 décembre est arrivé, et comme mes collègues exposantes, j’ai dû remballer ma table pliante et mes cartes de visite. Fin de la parenthèse de l’artisan pour 2010. En attendant, j’ai gagné de quoi payer mon abonnement à Curves pour toute l’année à venir. 2011 sera musclé…

Wednesday, December 15, 2010

Invictus sans frontière



Buste de Henley par Rodin
William Henley avait 25 ans et, atteint de tuberculose osseuse, il avait déjà perdu son pied, amputé quelques années plus tôt. Malade à nouveau, plusieurs médecins recommandaient d’amputer l’autre jambe. William Henley s’y refusa. Un traitement d’avant-garde lui donna raison.

Au milieu de ces circonstances, il écrivit un poème «Invictus» (invaincu ou indompté en latin).

Imagina-t-il jamais qu’un siècle plus tard, en Afrique, ce poème serait un encouragement du quotidien pour un prisonnier politique qui passa 28 ans derrière les barreaux ? Certains mots transmettent l’énergie dont notre âme a besoin pour surmonter les pires circonstances.

C’est ce que Nelson Mandela, d’après le film de Clint Eastwood qui emprunta le titre du poème, expliqua au capitaine de l’équipe de rugby dont le succès était si important pour l’unité du pays. La détermination et le courage n’ont pas de frontière.

Invictus
Out of the night that covers me,
Black as the Pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.


Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds, and shall find, me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll.
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.


Traduction littéraire (trouvée sur Wikipedia)

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Tuesday, December 14, 2010

La paix et l'oiseau


Comment définir la paix? Une histoire, trouvée dans la newsletter mensuelle d’un ami suggère une réponse pleine de sagesse.

«Il était une fois un Roi qui décida d’offrir un prix à l’artiste qui réaliserait la meilleure œuvre représentant la paix. Beaucoup d’artistes s’y essayèrent. Le Roi regarda toutes les toiles et sélectionna les deux meilleures. Il lui fallait donc choisir entre ces deux là.

Une des peintures représentait un lac paisible. Ses eaux étaient lisses comme un parfait miroir, avec de belles montagnes harmonieuses tout autour, sous un ciel bleu parsemé de petits nuages blancs. Tous ceux qui contemplaient cette toile etaient persuadés que c’était l’image de la paix la plus parfaite.

Des montagnes figuraient aussi dans l’autre œuvre. Mais elles étaient nues et escarpées, avec une violente chute d’eau sur un de leurs flancs. Le ciel était tourmenté, avec de la pluie et des éclairs. Rien dans ce paysage ne semblait paisible.

Mais le Roi regarda de plus près et il vit, derrière la chute d’eau, un petit buisson poussant dans une faille de la montagne. Dans le buisson, une mère oiseau avait construit son nid. Au milieu du fracas de la chute d’eau et de l’orage, elle était installée dans son nid… parfaitement paisible.
Quelle toile gagna le prix ?

Le Roi choisit la deuxième œuvre, «parce que, expliqua-t-il, la paix ne signifie pas se trouver dans un lieu sans aucun bruit, ni souci ou dur travail. La paix, c’est être au milieu de toutes ces choses et néanmoins dans un grand calme. Voila la vraie signification de la paix.»

Dimanche, c’est moi qui ai assuré le sermon pendant qu’Irvin faisait répéter les enfants pour le spectacle de Noel de dimanche prochain, et j’ai commencé en racontant cette histoire.

L’Avent et les préparatifs de Noël constituent une période tout à la fois joyeuse et pleine de stress pour les familles de notre église. Certains sont frappés de plein fouet par la crise économique et cherchent du travail depuis longtemps déjà. D’autres sont inquiets pour leur santé ou celle d’un proche. L’avenir de notre congrégation est aussi plein d’interrogations. C’est le moment où jamais, au milieu de toute cette anxiété qui nous parait d’autant plus pesante que l’heure est aux réjouissances, de se souvenir de la paix «qui surpasse toute compréhension» 1] que nous recevons de Dieu.

[1] Epitre aux Philippiens, 4:7


Sunday, December 12, 2010

Au milieu du Pineapple Express

En contraste avec la neige qui abonde en France et dans le Midwest, nous sommes sous des pluies incessantes –pas complètement inhabituelles par ici – et des températures étonnamment élevées. Ce matin, il faisait presque 60 (c'est-à-dire pas loin de 15C) et toutes les habitations à proximité des rivières sont en alerte : les risques d’inondation sont importants.

Nous sommes en plein Pineapple Express, ai-je appris, et non, ce n’est pas le nom d’un cocktail ni un film sur la marijuana. Le Pineapple express est un phénomène météorologique qui se caractérise par un courant d’humidité tiède en provenance d’Hawaii. Les pluies sont torrentielles, la neige fond en basse altitude, donc les rivières débordent.

Son nom vient de sa source : les ananas (pineapples) sont abondants à Hawaii. Pas aussi glamour que je l’espérais, le climat hawaiien…

Thursday, December 9, 2010

La boite de Pandore, et vice versa.

La boite de Pandore – une amphore vraiment, puisque cette légende nous vient de la mythologie grecque – contenait, on le sait, toutes les calamités imaginables qui se sont déversées sur le monde une fois qu’elle fut malencontreusement ouverte. Seul l’espoir resta à l’intérieur. La situation dans notre église est exactement inverse : nos caisses sont vides mais nous sommes armés d’espérance.

Notre bourse est arrivée à expiration. La semaine dernière, lors de la session (conseil presbytéral), la trésorière de l’église est arrivée avec des chiffres prévisibles mais alarmants. L’église peut verser le salaire de son pasteur en décembre. Et en janvier. Et c’est tout.
Cela implique des complications possibles pour l’avenir de notre congrégation, et incidemment pour la vie du pasteur. Mais nous avons bon espoir de surmonter cette conjoncture.

Dans le système presbytérien, chaque église est autonome, mais les congrégations sont aussi interdépendantes, réunies au sein de divers instances régionales (Presbyteries, synodes) et nationales. Notre église a adressé en urgence une demande d’aide financière auprès de notre synode. Cette demande doit d’abord être approuvée par le Presbytery et c’est ainsi que mardi dernier, une petite délégation d’entre nous a présenté notre requête auprès de cet organisme qui regroupe les 50 églises autour de Tacoma.

Ce que nous souhaitions partager, c’est que notre problème financier ne provient pas d’un manque de générosité de nos membres. La plupart d’entre eux ont des revenus qui les situent autour du seuil de pauvreté, ce qui ne les empêche pas de contribuer à la vie de l’eglise autant qu’ils le peuvent. Cette situation n’est pas isolée. Les 121 autres églises Natives presbytériennes vivent les mêmes contraintes.

Le Presbytery nous a entendus et va nous soutenir.

Parallèlement à cette demande de fonds, qui sera ponctuelle et limitée dans le temps si elle est accordée, nous nous lançons dans des efforts de «fundraising». Nous avons invité hier soir tous nos paroissiens à nous rejoindre pour une session de brainstorming – comment mieux faire connaitre notre église et sa situation unique (à la fois située sur une réserve Indienne et dans une ville) et réfléchir à des événements susceptibles de générer des revenus. Beaucoup d’idées ont été lancées, certaines à mettre en œuvre immédiatement en cette période de Noël propice.

«Puissiez-vous vivre des temps intéressants» - cette réflexion souvent attribuée à la Chine aurait été lancée par Robert Kennedy en 1966.
Nous faisons de notre mieux.

Friday, December 3, 2010

La mort n’est rien


Un service pour mon oncle aura lieu à Saint Eustache, à Paris, samedi. J’y serai par la pensée –d’autant mieux que je connais bien cette grande église, j’ai fait partie de leur chorale pendant quelques années.

Ces jours ci, je me sens habitée par des souvenirs, le visage de mes cousins, le rire de mon oncle, des conversations communes. Les mots qui me viennent à l’esprit ont été écrits par Charles Péguy, à la mort de sa mère.

 La mort n’est rien,
Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Ce que nous étions les uns pour les autres
Nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
Pensez à moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
Comme il l’a toujours été,
Sans emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre.
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié
Elle reste ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées
Simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin.
Juste de l’autre côté du chemin.

C’était mon oncle.


«Concerto pour mère en furie avec orchestre !» - avec cette répartie, mon oncle Claude, alors adolescent, déstabilisa la sainte colère de sa mère à son encontre. Prise au dépourvu, elle n’a pu s’empêcher de rire au milieu de son légitime courroux. Ses répliques spirituelles, déjà à cet âge et tout au long de sa vie, mon oncle les énonçait avec un grand sérieux.
Les souvenirs de mon oncle et sa famille sont associés à différentes villes de province où ils habitaient, déménageant souvent au rythme de mutations professionnelles. Aller les voir était toujours un moment privilégié qui font partie de mes meilleurs souvenirs d’enfance. Mon oncle a été, aux cotés de mon père, l’homme que j’ai le plus admiré en grandissant.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était en 2005, lors de la soutenance de mon mémoire de maitrise, à la faculté de théologie de Paris, où ces photos ont été prises. Je soutenais mon mémoire, mais c’est moi qui étais soutenue par ma famille et mes amis. J’avais été touchée par sa présence et celle de ma tante en cette journée, et leur intérêt pour mon sujet.

Ces dernières années, je le savais malade. Quand j’ai appris en aout dernier la gravité de son état, j’étais en route pour une réunion de la session (conseil presbytéral) de First Pres, l’église où je faisais mon stage. La réunion se conclut par un moment de prière d’intercession et de partage. J’ai demandé des prières pour mon oncle Claude, et lors de la prière commune qui a suivi, j’ai senti une émotion que je n’avais pas vu venir me submerger – impossible à endiguer. Une fois la prière terminée, les participants ont réagi comme l’aurait fait un entourage français : ils ont été gentils et prévenants et ont fait mine de ne rien remarquer, m’encourageant à la perspective des examens d’ordination qui avaient lieu quelques jours plus tard. Au point que j’ai pensé en montant en voiture «j’espère qu’ils ne pensent pas que je pleurais à cause de ces examens…»

Mon oncle est mort mardi matin. La dernière conversation qu’il avait eue avec sa sœur, ma mère, il tenait la photo d’un de ses petits-enfants, et il la lui décrivait, lors d’une de ces conversations à bâtons rompus qu’ils avaient parfois, comme s’ils s’etaient quittés la veille.

Il s’appelait Claude Giordan. C’était mon oncle. 
Claude, sur la tombe de son propre grand-pere, Francois Gfeller