Friday, May 28, 2010

La Trinité et autres jeux de plages

Irvin est à Chicago, où a lieu cette semaine une conférence Presbytérienne multiculturelle. Comme d’habitude, je profiterai de son absence pour présider le culte dimanche et prêcher à sa place.

Traditionnellement, le dimanche qui suit la Pentecôte est appelé dimanche de la Trinité. C’est le moment où jamais de méditer sur le mystère le plus déconcertant de la foi Chrétienne et d’essayer d’en tirer une réflexion qui ne fasse pas tomber le paroissien le mieux disposé dans un sommeil léthargique.

Saint Augustin, un de nos Pères de l’Eglise et théologien Africain du 4eme siècle, a consacré dix ans de sa vie à écrire sur la Trinité, et il en est résulté quinze volumes. On raconte qu’un jour, plongé dans ses pensées, il marchait sur une plage, quand il observa le manège d’un petit garçon, un seau à la main et très affairé. Le petit garçon courait vers les vagues et remplissait son seau, puis retournant vers la plage, versait l’eau dans le trou qu’il avait creusé. Augustin lui demanda «qu’est-ce que tu fais ?». Le petit garçon répondit «J’essaie de faire tenir la mer dans le trou». Augustin réalisa soudain que c’est exactement ce qu’il essayait de faire lui aussi – faire tenir un Dieu infini dans l’espace de son esprit humain.

Je vais peut-être commencer ma prédication avec cette histoire…

Wednesday, May 26, 2010

Quand un bébé enseigne l’empathie aux enfants des écoles…

Quand un «bully»[1] s’acharne sur un de ses camarades à l’école, cela donne dans le meilleur des cas de mauvais souvenirs pour la victime, dans le pire, un suicide. Ce phénomène se retrouve dans l’actualité américaine avec une navrante régularité.

Comment faire diminuer le nombre de ces agressions ? De nombreux programmes existent, parmi lesquels Roots of Empathy. A partir d’études en neuroscience qui montrent que le cerveau est bâti pour établir des relations avec autrui fondées sur la compassion et la coopération, ce programme invite un bébé de 10 mois et sa mère dans des écoles.

Les enfants jouent avec le bébé sous la direction d’un instructeur du programme. Ils observent la relation entre le bébé et sa mère. Quand il pleure, ils sont invités à deviner ce qui lui arrive et comment le soulager. Ce programme est unique, commente le Dr. Siegel, un professeur de psychiatrie de UCLA (université de Los Angeles) parce qu’il «combine l’observation directe de bébés et de leur mère avec un temps hebdomadaire de discussion sur la façon dont l’esprit fonctionne».

Les «bullies» sont souvent coupés de leurs propres émotions et ne réalisent pas ce que ressentent leurs victimes. En apprenant aux enfants à appréhender ce qu’ils ressentent, à discerner ce que peut ressentir un bébé – un etre vulnérable qui ne cache rien – on leur permet de maitriser ce qu’ils ressentent, ce qui leur permet de comprendre leur impact sur leur environnement.

Le programme Roots of Empathy, fondé en 1996, a eu des résultats spectaculaires : 9 études indépendantes ont montré que le nombre des agressions avait notablement baissé. Le Dalai-Lama, qui a rencontré ses fondateurs, a estimé que ce programme encourageait la paix dans le monde.

Pour en savoir plus sur ce programme fascinant, que j’ai découvert dans un article du Times de Maia Szalavitz, suivez ce lien. http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1989122,00.html

La photo représente mon délicieux cousin Younis le jour de son premier anniversaire.


[1] littéralement une brute ou tourmenteur, mais le mot n’a pas de vrai equivalent en français.

Tuesday, May 18, 2010

Une histoire pour la fête des mères.


En France, on considère parfois que les Etats Unis sont en avance sur nous. Mais j’ai eu la surprise à Dubuque, lors d’un cours de «pastoral counseling», d’entendre le professeur expliquer «voici ce qui se passe en Europe, donc ça va venir chez nous».

Quoiqu’il en soit, il existe un domaine bien précis où les USA sont en effet en avance : la fête des mères a lieu deux semaines plus tôt. C’était dimanche 9 mai. Ce matin là, j’étais invitée à precher dans la petite ville de Westport, sur la côte Pacifique.

Pour commencer la prédication, j’ai cité l’histoire suivante : deux petits garçons, le matin de la fête des mères, disent à leur mère «maman, reste au lit, on s’occupe de tout !». Elle reste donc allongée, s’attendant à un petit-déjeuner apporté sur un plateau et commence en effet à sentir des odeurs prometteuses de bacon et de toasts venir de la cuisine… Mais rien ne vient. Après une longue attente, elle finit par se lever, et rejoint ses enfants dans la cuisine. Elle les trouve chacun installé devant un bol et une assiette bien remplie. Ils lui adressent un large sourire. «Regarde, maman, pour la fête des mères, nous avons préparé notre petit déjeuner nous-mêmes !»

Cette histoire, trouvée sur internet, m’a amusée et je pense qu’elle peut aller droit au cœur des mères que je connais. Par ailleurs, se faire un cadeau à soi-même, avec l’idée que l’on offre quelque chose à autrui, c’est bien une vérité d’enfant que nous avons tous connue – et une réalité de notre relation avec Dieu.

Sunday, May 16, 2010

Une berceuse Lakota (Sioux)

Cante Waste Hoksita ake istima
Hannhepi Ki waste

Trouvée sur internet, cette chanson est en fait un air connu, et repris par de nombreux artistes Natifs. Tina Spotted Thunder qui la chante ici a une très belle voix. Une minute et demi pour s’endormir plus paisible…
http://www.youtube.com/watch?v=dNulkDwFAxY

Monday, May 3, 2010

Hugues Adieu

Pourquoi le monde dans lequel Hugues n’est plus est-il si différent ? Même sur un autre continent, j’ai besoin de m’habituer à cette douloureuse réalité.

Et dans le même temps, je suis pleine de reconnaissance. Les commentaires qu’ont bien voulu écrire ceux qui l’ont connu eux aussi, la beauté des paroles évoquant la cérémonie de ses obsèques, où pres d’un millier de personnes se sont pressées, m’ont beaucoup aidée. Grace à Vincent, j’imagine Hugues commentant le texte des compagnons d’Emmaüs, au bord du lac de Tibériade.
J’ai le sentiment d’avoir été présente à la basilique lundi dernier, lors de ses obsèques - Caroline a eu la gentillesse de me décrire ce qui s’y est déroulé - avec la conscience que cette ceremonie fut «un événement d'exception, une pâques dans laquelle nous avons été plongés pendant près de deux heures et qui m'accompagne toujours à la minute où j'écris, comme l’écrit framb avec sensibilité. «nous sommes [a travers cette mort] sans que nous le comprenions vraiment, rassemblés en Christ» Un moment où la paix «qui transcende toute compréhension» (Philippiens 4 :7) s’impose, même si ce qui est arrivé il y a peine plus d’une semaine reste un mystère.

«Quand on commence à penser au suicide, quand on commence à se plonger dans ce projet, on est pris par une sorte de logique différente, comme une spirale, me dit Elaine, l’amie américaine qui a écrit un commentaire que j’ai ajouté de sa part, et qui il y a des années a tenté de se donner la mort par deux fois. Le projet se met à avoir une force propre, urgente, qui vous aspire. On se met à penser différemment, comme si on n’était plus soi même.»

Pourtant, quand je lis un commentaire doutant du suicide, moi aussi je m’interroge.

Mais il existe un moment où c’est à Dieu qu’il faut confier doutes et douleurs, si tourmentants soient-ils. Un moment où nous nous tournons vers l’origine de la grace qui s’est posée sur la famille et les si nombreux amis d’Hugues lors de ces cérémonies. Un de ses proches m’a dit «Les célébrations, veillées de prières et la messe étaient superbes et apaisantes. Nos cœurs ont pu trouver le repos.»
Confier à Dieu. Adieu.