Tuesday, August 5, 2014

Après la bénédiction

 Dimanche dernier, j’ai eu le plaisir de conduire le culte à la Church of the Indian Fellowship. Irvin était à Fort Worth (Texas) où il participait à la conférence multiculturelle presbytérienne. Dans ces cas là, je le remplace.
Au moment de conclure, je cite souvent les versets de l’epitre aux Philippiens (chapitre 4, v.5 a 8)

« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! Je le répète: réjouissez-vous!
Que votre douceur soit évidente pour tous. Le Seigneur est proche.
Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des requêtes, avec reconnaissance.
Et la paix de Dieu, qui dépasse toute compréhension, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. »

La bénédiction, toute simple, suit.
« Que la bénédiction de Dieu tout puissant,
Père, Fils et Saint Esprit,
soit toujours avec vous. »

Irvin, lui, aime citer le livre des Nombres (chapitre 6, v.25)
‘Que l'Eternel vous bénisse et vous garde!
Que l'Eternel fasse briller son visage sur vous et vous accorde sa grâce! 
Que l'Eternel se tourne vers vous et vous donne la paix!’

Il ajoute parfois ces paroles venues de la tribu Cherokee :

« Que les vents chauds du ciel soufflent doucement sur vous
Et que le Créateur fasse naitre le soleil dans votre cœur »

Une fois la bénédiction prononcée, je marche rapidement dans l’allée centrale vers la porte de l’eglise, tandis que l’assemblée chante le spontanée final.

La première fois que j’ai vu un pasteur agir ainsi, c’était peu de temps après mon arrivée aux Etats Unis. J’avais rejoint ce dimanche matin là l’eglise presbytérienne proche du campus du séminaire de Dubuque (Iowa). J’avais été stupéfaite de voir le pasteur quitter ainsi le pupitre. «Il s’en va déjà ?».

En fait, la plupart des pasteurs ici font de même. Ils ne s’en vont pas mais ils se dirigent vers la porte pour etre sûrs de serrer la main de chacun des paroissiens avant que ceux-ci ne partent ou aillent prendre un café dans le fellowship hall attenant.

«C’est un moment intense  et très concentré d’interaction» écrit Martin Copenhaver[1], décrivant ce temps pendant lequel ses paroissiens partagent ce qui arrive dans leur vie, ou réagissent à son sermon, avec appréciation, parfois perplexité, rarement avec un sarcasme.

Il se souvient pourtant que peu de temps après son ordination, un paroissien lui dit en souriant «Vous savez, Martin, chacun de vos sermons est meilleur que celui qui va suivre». «Le temps que je réalise ce qu’il m’avait vraiment dit, commente l’auteur avec un amusement rétrospectif, il devait avoir rejoint sa voiture !»

Lorsque j’étais en France, à la fin du culte, je rassemblais mes papiers. Certains paroissiens venaient à ma rencontre et nous parlions. D’autres se dispersaient en bavardant. C’était plus naturel.

D’un autre coté, j’apprécie d’avoir ainsi la possibilité de saluer chacune des personnes qui s’est donné la peine de venir, que je la connaisse depuis des années ou qu’elle vienne pour la première fois. Ils m’ont écouté pendant plus d’une heure. C’est mon tour de les entendre – et c’est un plaisir.

Amis français, vous êtes prévenus. Si le pasteur américain se dirige rapidement vers la sortie, ce n’est pas pour fuir l’assemblée ou assouvir un besoin pressant. Non, il veut etre sûr qu’il pourra vous serrer la main.
Vous avez entendu sa bénédiction.
Maintenant c’est à son tour de recevoir la vôtre.


Irvin a la porte de la Church of the Indian Fellowship



[1] This Odd and Wondrous Calling, Eedermans Publishing, Grand Rapids, Michigan/Cambridge UK, 2009, p.11

No comments:

Post a Comment