Ouf… Un jour à l’avance, la dinde en pièces détachées s’est laissé rôtir et découper avec grâce, puis a consenti à être réchauffée dans ses jus de cuisson (soigneusement recueillis et dégraissés) au sein de deux slow cookers tièdes pendant 5 heures dimanche matin. Le résultat était tout à fait satisfaisant… Pas mal pour un volatile résolument non-conformiste !
Ce matin là, j’étais aussi invitée à assurer le culte à Fircrest, un quartier de Tacoma. Ce dimanche dit « du Christ Roi » concluait l’année liturgique « A » – pour ceux qui suivent le lectionnaire, ce calendrier qui propose des lectures bibliques tout au long de l’année. Dans la plupart des cas, je suis une fidèle du lectionnaire – j’aime l’idée que des églises de tous horizons et de tous pays lisent et réfléchissent sur les mêmes textes le même jour. Et puis, je me connais : si je devais choisir moi-même la péricope sur laquelle fonder ma prédication, je ne choisirais que des textes que j’aime et crois comprendre, et je perdrais le plaisir de la découverte…
Et par moi-même, je n’aurais jamais choisi la parabole du jugement dernier (Matthieu 25:31-47) dans lequel Jésus décrit le Fils de l’homme à la fin des temps, séparant parmi les nations ceux qui hériteront du Royaume et ceux qui iront en enfer, tel un berger séparant les brebis des chèvres (ou boucs selon les traductions).
La beauté profonde du texte est la révélation de la présence de Jésus parmi les plus humbles et démunis de la terre. Ceux qui héritent du royaume se sont penchés sur leur prochain – sans espérer une récompense ni même identifier leur Seigneur.
Mon malaise vient de la vision d’un Sauveur qui rejette au châtiment éternel toute une partie de son peuple, quand le psaume 100 (également sélectionné pour ce même dimanche) chante « Servez l’Eternel avec joie… c’est lui qui nous a fait, nous sommes son peuple...Car l'Éternel est bon; sa bonté dure toujours, Et sa fidélité de génération en génération. »
La prédication ne s’est pas attardée sur la notion d’enfer – de toutes façons, l’au-delà est par définition « au delà » de nos compréhensions humaines. Ce qu’affirme le texte est déjà plein d’enseignements pour «l’en deçà », le monde où nous vivons, parmi lesquels :
- Dans l’évangile de Matthieu, Jésus livre ici sa dernière parabole avant son arrestation, en écho à sa première parabole, le semeur dont le grain prospère seulement s’il tombe sur de la bonne terre (Matthieu 13). Ceux en qui la parole s’est épanouie ont été transformés, ils ont agi en accordance avec l’évangile sans même s’en rendre compte.
- De deux commandements, tirés de deux livres differents (Deutéronome et Lévitique) Jésus a crée un enseignement unique qu’il met au-dessus de tous les autres : aimer Dieu, et aimer son prochain « comme soi-même » (Matthieu 22). Ceux qui ne s’aiment pas eux-mêmes ont le plus grand mal à aimer Dieu ou autrui. Une autre définition de l’enfer…
- Même en faisant de notre mieux, nous ne pouvons pas réussir à etre 100% brebis tous les jours. Nous avons tous un côté chèvre…
La semaine prochaine, le premier dimanche de l’Avent ouvre l’année liturgique « B ». Une autre prédication en perspective : je suis invitée par une petite église située à Hoquiam, sur la côte Pacifique. En ce premier des quatre dimanches qui précédent Noel, le lectionnaire propose un texte apocalyptique de l’évangile de Marc, tiré du chapitre 13 (24-37) « …le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel… »
Voilà de quoi méditer dans les jours à venir…
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