Historiquement, on célèbre à Thanksgiving la récolte qui a permis aux premiers colons américains de survivre grace aux conseils des Natifs. Les racines historiques se perdent un peu dans le lointain, mais il est traditionnel de témoigner sa reconnaissance en énumérant les raisons que l’on a de « give thanks ».
Cette coutume sympathique comporte son épreuve rituelle. Elle tient en un mot. LA DINDE.
La dinde est le plat de résistance de ce repas formel. Dans notre église, le dimanche qui précède Thanksgiving (demain dimanche 23 novembre donc) un « Thanksgiving potluck » a lieu après le culte. Avec une dinde en parcours obligé.
En 2001, dans un élan spontané qui montrait surtout ma grande innocence, je m’étais portée volontaire pour cuire une des dindes. Apres tout, ai-je pensé, quand on sait cuire un poulet, on peut se débrouiller d’une dinde. Lourde erreur. Au-delà de la ressemblance morphologique, le poulet est à la dinde ce que l’éléphanteau est au mammouth. La dinde est en général congelée, bloc inhospitalier et dur comme une pierre de 12 à 15 kg, et doit etre dégelée avec précaution, pendant des jours au frigidaire, ou dans un évier rempli d’eau. Le micro-ondes pourrait etre une solution s’il n’était trop petit pour contenir la dinde. Des âmes égarées ont admis avoir tenté de décongeler une dinde au sèche-cheveux. Une fois plus ou moins décongelée, assaisonnée et badigeonnée de beurre et d’épices, bourrée de « stuffing » une dinde moyenne cuit en 5 à 6 heures.
Quand la dinde figure au menu d’un repas qui se prend après le culte, donc autour de midi, il faut la préparer et l’enfourner vers 5h du matin. Une expérience très désorientante pour qui n’est pas du matin– à laquelle s’ajoute la nécessité de faire voyager la dinde (sans qu’elle cesse de cuire) vers l’église. Ce fut un grand moment où le découragement a voisiné l’ingénuité propre au genre humain.
Les années passant, j’ai apprivoisé le problème en sélectionnant de jeunes dindes, moins monstrueuses, et en trouvant (non sans mal) des volatiles simplement réfrigérés et non congelés, même si cela oblige à s’y prendre au dernier moment.
Cette année, une difficulté supplémentaire s’ajoute à l’équation : je suis invitée à prêcher dans une autre église de Tacoma. Donc il faut que j’aille à notre eglise, que je dépose les victuailles, branche les slow cookers et four portatif (une vraie bénédiction, ces appareils, soit dit en passant) fasse une rapide prière pour que les plombs ne sautent pas, avant d’aller assurer le culte dans l’eglise qui m’a invitée.
Quand je suis allée faire des courses hier, ciel, il n’y avait pas de dindes réfrigérées, seulement des poitrines de dinde, qui ont à peu pres la taille d’un poulet géant. Bref, j’ai pris une décision stratégique iconoclaste : j’ai acheté deux poitrines et 6 pilons de dinde, je vais faire cuire tout ca aujourd’hui (samedi), je découperai, et réchaufferai les morceaux de dinde dans des slow cookers dimanche matin.
Je vais donc amener une dinde dotée de deux poitrines et 6 cuisses – une vraie mutante sortie d’un film de Science Fiction ! Ça devrait être intéressant…
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