Monday, December 27, 2010

Le Père Noël ne vient pas les mains vides


Avant la représentation de Noel, notre paroisse avait partagé un repas abondant – chacun apportant les uns une dinde rôtie, les autres des slow cookers remplis d’assortiments de légumes ou des salades ou des tartes à la citrouille – puis Santa Claus vint frapper à la porte avec des cadeaux, à la grande joie des enfants.
Les adultes n’ont pas rechigné non plus à se percher sur ses genoux le temps d’une photo.

Notre église n’a pas été oubliée, même si le Père Noel a emprunté une autre apparence. Julie, dont la famille a fréquenté notre congrégation à partir des années 50 quand elle était petite fille, est venue accompagnée de membres de sa famille.

Nous voyons regulierement Bonnie, sa nièce, et Laura, fille de Bonnie et son mari Tyrus.
Julie a gardé des souvenirs essentiels de cette petite église. Son frère Marvin (que tout le monde appelait Marv) partageait aussi ces souvenirs anciens et il était actif dans notre paroisse il y a quelques années, avant d’etre brutalement emporté par une crise cardiaque en 2006. 
De gauche a droite: Laura, Julie notre bienfaitrice, sa soeur Ada, sa niece Bonnie et Irvin
Julie nous a expliqué qu’elle avait vendu un terrain en Californie et pour éviter une forte taxe sur la plus-value, on lui a conseillé de faire un don à un organisme sans but lucratif. Au même moment, elle a entendu parler de nos difficultés financières et de nos efforts (voir «la boite de Pandore», 9 décembre). Elle nous a tendu avec simplicité un cheque de plusieurs milliers de dollars. Nous avons appris le même jour que First Pres, l’eglise où j’ai fait mon stage cet été, avait elle aussi décidé de nous attribuer une forte somme.
Ces dons exceptionnels nous permettent de ne pas avoir trop le couteau sous la gorge pendant que nous poursuivons nos efforts pour concevoir des façons de créer des sources de revenus à long terme pour l’eglise et nous en sommes reconnaissants.

Sunday, December 26, 2010

Noël du Passé, Noël à venir

La semaine dernière, notre église a célébré Noël dans un spectacle qui avait pour vocation de narrer la Nativité en y associant les enfants (qui personnifiaient les personnages de la Bible) et aussi les membres plus âgés de notre congrégation.
Les anges annoncent la naissance d'un Roi aux bergers qui tombent raide de saisissement.
Marie et Joseph arrivent à Bethlehem.
Irvin a interviewé deux de nos paroissiens nés lors de la Dépression. Ace, membre de la tribu Arikara du Dakota du Nord, et Eleanor, dont les parents venaient d’Allemagne et d’Irlande et qui a grandi dans le Minnesota, ont accepté de raconter leurs souvenirs de Noel à Irvin, et lui ont confié des photos. Irvin a créé une présentation PowerPoint qui a été insérée dans le spectacle.
Les enfants ont aussi entonné des chants traditionnels, que l’assistance a repris.
Bien sur, il y eut de petits ratés. Par exemple, une petite fille a lu quelques versets de l’évangile de Luc. Lors des répétitions, sa voix était assurée et sa diction parfaite. Devant le public, elle a été si intimidée qu’elle n’a pu émettre que des murmures d’une extrême discrétion.  

A la fin de la présentation, Eleanor nous a montré une petite table de nuit que son père menuisier avait coutume de fabriquer à la période de Noel.
Il les vendait pour un $1 chacune, et cela permettait d’acheter des jouets pour ses enfants. Il a reçu un ruban bleu lors d’une exposition – la plus haute distinction – pour ses talents d’artisan.

Saturday, December 18, 2010

Enfants contre pizzas, un combat inégal


Une quinzaine d’enfants qui ont interprété des messagers divins et des personnages bibliques avec une grâce angélique peuvent se montrer impressionnants quand ils se dirigent avec détermination sur un déjeuner bien mérité: en l’occurrence 5 grandes pizzas. Inutile de dire que les pizzas n’avaient aucune chance d’en réchapper. Elles furent dévorées avec rapidité et grande satisfaction, et c’était justice après la longue répétition et les essayages de costumes auxquelles les enfants venaient de se consacrer.

Je suis allée chercher les pizzas dans un «Domino» du quartier et j’ai été impressionnée par la haute technologie mise en œuvre pour démontrer au client que la pizza commandée se prépare à grande vitesse. En face de mon nom, le statut de ma commande, pizza «en cours de préparation» puis «au four» avec le nombre de minutes restant à attendre, sur un écran qui rappelle celui des aéroports.
Quand ils m’ont dit que les pizzas etaient prêtes, j’étais presque surprise qu’ils n’ajoutent pas «prêtes au décollage».

Les anges et les bergers sont au point!


Cet après-midi, c’était répétition générale à la Church of the Indian Fellowship. Les enfants de notre Creator Talking Circle (école du dimanche) sont venus essayer leurs costumes et revoir leurs rôles.

Demain dimanche, après un déjeuner commun qui suivra notre culte, ce sera le moment du Christmas program. Les enfants vont interpréter plusieurs scènes clef de la Nativité – l’annonciation des bergers par les anges, Joseph et Marie cherchant une auberge – et des chants de Noël qui seront repris par l’assistance.
Les souvenirs de Noël de deux de nos paroissiens qui sont nés après la grande dépression seront partagés, avec des photos dans une présentation powerpoint.
Zhondra interprete Marie
Irvin est le metteur en scène, assisté de Danielle, une des monitrices qui a aussi réalisé ingénieusement les costumes des anges – notre église n’ayant pas de fonds disponibles.
Une des amies de l’église nous a prêté les costumes des bergers qu’elle avait confectionnés l’an dernier.
Si tout se passe comme aujourd’hui, ça devrait être bien…

Friday, December 17, 2010

Jouer à la marchande en décembre.

Curves, mon accueillant club de gym m’a déjà fait gagner un weekend gratuit à la campagne (voir 5 novembre 2010).
Ce club s’est également montré plein de sollicitude en cette approche de Noël.
Pendant deux semaines, ses membres bricoleurs et/ou artistes avaient l’autorisation d’exposer et vendre leurs œuvres dans ses locaux.

C’est ainsi qu’une aquarelliste, une experte du crochet et une créatrice de jeux d’enfants ont installé leurs tréteaux dans la grande salle où les membres accomplissent leurs exercices.

J’ai fait de même, bardée de multiples colliers. 
Irvin m’a appris les bases quand nous nous sommes connus : comme beaucoup de Natifs, il crée des colliers qu’hommes ou femmes portent volontiers en toutes circonstances.

La première fois que je l’ai suivi dans une de ces immenses magasins où il s’approvisionne en fils d’acier, fermoirs, perles en verre et en corne, je me suis retrouvée en présence d’une ancienne passion d’enfant : améthystes, agates, turquoises, jade, opales autrement dit les pierres. 
L’étrange absorption qui s’installe en soi quand on crée un collier est semblable à l’obstination que l’on peut ressentir quand on cherche à résoudre une énigme ou un puzzle. L’ensemble que l’on cherche à obtenir existe déjà, on ne fait que le reconstituer. 
Le problème d’une vente de ce genre, c’est que l’on peut se sentir blessé dans sa fibre créatrice quand les pièces ainsi assemblées avec inspiration et précaution restent sagement disposées jour après jour telles qu’on les a laissées la veille. Ah, l’amertume des invendus et laissés pour compte…

La première année où je me suis lancée, j’ai péniblement vendu deux colliers en 15 jours. J’étais donc ravie, l’année suivante, de voir huit colliers trouver preneurs. Cette année, la crise économique a dû encourager les achats artisanaux. Plus de vingt colliers ont été vendus, à ma propre surprise ; j’ai trouvé ça très satisfaisant.
Hélas, la période de vente vient de se terminer. Le 15 décembre est arrivé, et comme mes collègues exposantes, j’ai dû remballer ma table pliante et mes cartes de visite. Fin de la parenthèse de l’artisan pour 2010. En attendant, j’ai gagné de quoi payer mon abonnement à Curves pour toute l’année à venir. 2011 sera musclé…

Wednesday, December 15, 2010

Invictus sans frontière



Buste de Henley par Rodin
William Henley avait 25 ans et, atteint de tuberculose osseuse, il avait déjà perdu son pied, amputé quelques années plus tôt. Malade à nouveau, plusieurs médecins recommandaient d’amputer l’autre jambe. William Henley s’y refusa. Un traitement d’avant-garde lui donna raison.

Au milieu de ces circonstances, il écrivit un poème «Invictus» (invaincu ou indompté en latin).

Imagina-t-il jamais qu’un siècle plus tard, en Afrique, ce poème serait un encouragement du quotidien pour un prisonnier politique qui passa 28 ans derrière les barreaux ? Certains mots transmettent l’énergie dont notre âme a besoin pour surmonter les pires circonstances.

C’est ce que Nelson Mandela, d’après le film de Clint Eastwood qui emprunta le titre du poème, expliqua au capitaine de l’équipe de rugby dont le succès était si important pour l’unité du pays. La détermination et le courage n’ont pas de frontière.

Invictus
Out of the night that covers me,
Black as the Pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.


Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds, and shall find, me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll.
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.


Traduction littéraire (trouvée sur Wikipedia)

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Tuesday, December 14, 2010

La paix et l'oiseau


Comment définir la paix? Une histoire, trouvée dans la newsletter mensuelle d’un ami suggère une réponse pleine de sagesse.

«Il était une fois un Roi qui décida d’offrir un prix à l’artiste qui réaliserait la meilleure œuvre représentant la paix. Beaucoup d’artistes s’y essayèrent. Le Roi regarda toutes les toiles et sélectionna les deux meilleures. Il lui fallait donc choisir entre ces deux là.

Une des peintures représentait un lac paisible. Ses eaux étaient lisses comme un parfait miroir, avec de belles montagnes harmonieuses tout autour, sous un ciel bleu parsemé de petits nuages blancs. Tous ceux qui contemplaient cette toile etaient persuadés que c’était l’image de la paix la plus parfaite.

Des montagnes figuraient aussi dans l’autre œuvre. Mais elles étaient nues et escarpées, avec une violente chute d’eau sur un de leurs flancs. Le ciel était tourmenté, avec de la pluie et des éclairs. Rien dans ce paysage ne semblait paisible.

Mais le Roi regarda de plus près et il vit, derrière la chute d’eau, un petit buisson poussant dans une faille de la montagne. Dans le buisson, une mère oiseau avait construit son nid. Au milieu du fracas de la chute d’eau et de l’orage, elle était installée dans son nid… parfaitement paisible.
Quelle toile gagna le prix ?

Le Roi choisit la deuxième œuvre, «parce que, expliqua-t-il, la paix ne signifie pas se trouver dans un lieu sans aucun bruit, ni souci ou dur travail. La paix, c’est être au milieu de toutes ces choses et néanmoins dans un grand calme. Voila la vraie signification de la paix.»

Dimanche, c’est moi qui ai assuré le sermon pendant qu’Irvin faisait répéter les enfants pour le spectacle de Noel de dimanche prochain, et j’ai commencé en racontant cette histoire.

L’Avent et les préparatifs de Noël constituent une période tout à la fois joyeuse et pleine de stress pour les familles de notre église. Certains sont frappés de plein fouet par la crise économique et cherchent du travail depuis longtemps déjà. D’autres sont inquiets pour leur santé ou celle d’un proche. L’avenir de notre congrégation est aussi plein d’interrogations. C’est le moment où jamais, au milieu de toute cette anxiété qui nous parait d’autant plus pesante que l’heure est aux réjouissances, de se souvenir de la paix «qui surpasse toute compréhension» 1] que nous recevons de Dieu.

[1] Epitre aux Philippiens, 4:7


Sunday, December 12, 2010

Au milieu du Pineapple Express

En contraste avec la neige qui abonde en France et dans le Midwest, nous sommes sous des pluies incessantes –pas complètement inhabituelles par ici – et des températures étonnamment élevées. Ce matin, il faisait presque 60 (c'est-à-dire pas loin de 15C) et toutes les habitations à proximité des rivières sont en alerte : les risques d’inondation sont importants.

Nous sommes en plein Pineapple Express, ai-je appris, et non, ce n’est pas le nom d’un cocktail ni un film sur la marijuana. Le Pineapple express est un phénomène météorologique qui se caractérise par un courant d’humidité tiède en provenance d’Hawaii. Les pluies sont torrentielles, la neige fond en basse altitude, donc les rivières débordent.

Son nom vient de sa source : les ananas (pineapples) sont abondants à Hawaii. Pas aussi glamour que je l’espérais, le climat hawaiien…

Thursday, December 9, 2010

La boite de Pandore, et vice versa.

La boite de Pandore – une amphore vraiment, puisque cette légende nous vient de la mythologie grecque – contenait, on le sait, toutes les calamités imaginables qui se sont déversées sur le monde une fois qu’elle fut malencontreusement ouverte. Seul l’espoir resta à l’intérieur. La situation dans notre église est exactement inverse : nos caisses sont vides mais nous sommes armés d’espérance.

Notre bourse est arrivée à expiration. La semaine dernière, lors de la session (conseil presbytéral), la trésorière de l’église est arrivée avec des chiffres prévisibles mais alarmants. L’église peut verser le salaire de son pasteur en décembre. Et en janvier. Et c’est tout.
Cela implique des complications possibles pour l’avenir de notre congrégation, et incidemment pour la vie du pasteur. Mais nous avons bon espoir de surmonter cette conjoncture.

Dans le système presbytérien, chaque église est autonome, mais les congrégations sont aussi interdépendantes, réunies au sein de divers instances régionales (Presbyteries, synodes) et nationales. Notre église a adressé en urgence une demande d’aide financière auprès de notre synode. Cette demande doit d’abord être approuvée par le Presbytery et c’est ainsi que mardi dernier, une petite délégation d’entre nous a présenté notre requête auprès de cet organisme qui regroupe les 50 églises autour de Tacoma.

Ce que nous souhaitions partager, c’est que notre problème financier ne provient pas d’un manque de générosité de nos membres. La plupart d’entre eux ont des revenus qui les situent autour du seuil de pauvreté, ce qui ne les empêche pas de contribuer à la vie de l’eglise autant qu’ils le peuvent. Cette situation n’est pas isolée. Les 121 autres églises Natives presbytériennes vivent les mêmes contraintes.

Le Presbytery nous a entendus et va nous soutenir.

Parallèlement à cette demande de fonds, qui sera ponctuelle et limitée dans le temps si elle est accordée, nous nous lançons dans des efforts de «fundraising». Nous avons invité hier soir tous nos paroissiens à nous rejoindre pour une session de brainstorming – comment mieux faire connaitre notre église et sa situation unique (à la fois située sur une réserve Indienne et dans une ville) et réfléchir à des événements susceptibles de générer des revenus. Beaucoup d’idées ont été lancées, certaines à mettre en œuvre immédiatement en cette période de Noël propice.

«Puissiez-vous vivre des temps intéressants» - cette réflexion souvent attribuée à la Chine aurait été lancée par Robert Kennedy en 1966.
Nous faisons de notre mieux.

Friday, December 3, 2010

La mort n’est rien


Un service pour mon oncle aura lieu à Saint Eustache, à Paris, samedi. J’y serai par la pensée –d’autant mieux que je connais bien cette grande église, j’ai fait partie de leur chorale pendant quelques années.

Ces jours ci, je me sens habitée par des souvenirs, le visage de mes cousins, le rire de mon oncle, des conversations communes. Les mots qui me viennent à l’esprit ont été écrits par Charles Péguy, à la mort de sa mère.

 La mort n’est rien,
Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Ce que nous étions les uns pour les autres
Nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
Pensez à moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
Comme il l’a toujours été,
Sans emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre.
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié
Elle reste ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées
Simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin.
Juste de l’autre côté du chemin.

C’était mon oncle.


«Concerto pour mère en furie avec orchestre !» - avec cette répartie, mon oncle Claude, alors adolescent, déstabilisa la sainte colère de sa mère à son encontre. Prise au dépourvu, elle n’a pu s’empêcher de rire au milieu de son légitime courroux. Ses répliques spirituelles, déjà à cet âge et tout au long de sa vie, mon oncle les énonçait avec un grand sérieux.
Les souvenirs de mon oncle et sa famille sont associés à différentes villes de province où ils habitaient, déménageant souvent au rythme de mutations professionnelles. Aller les voir était toujours un moment privilégié qui font partie de mes meilleurs souvenirs d’enfance. Mon oncle a été, aux cotés de mon père, l’homme que j’ai le plus admiré en grandissant.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était en 2005, lors de la soutenance de mon mémoire de maitrise, à la faculté de théologie de Paris, où ces photos ont été prises. Je soutenais mon mémoire, mais c’est moi qui étais soutenue par ma famille et mes amis. J’avais été touchée par sa présence et celle de ma tante en cette journée, et leur intérêt pour mon sujet.

Ces dernières années, je le savais malade. Quand j’ai appris en aout dernier la gravité de son état, j’étais en route pour une réunion de la session (conseil presbytéral) de First Pres, l’église où je faisais mon stage. La réunion se conclut par un moment de prière d’intercession et de partage. J’ai demandé des prières pour mon oncle Claude, et lors de la prière commune qui a suivi, j’ai senti une émotion que je n’avais pas vu venir me submerger – impossible à endiguer. Une fois la prière terminée, les participants ont réagi comme l’aurait fait un entourage français : ils ont été gentils et prévenants et ont fait mine de ne rien remarquer, m’encourageant à la perspective des examens d’ordination qui avaient lieu quelques jours plus tard. Au point que j’ai pensé en montant en voiture «j’espère qu’ils ne pensent pas que je pleurais à cause de ces examens…»

Mon oncle est mort mardi matin. La dernière conversation qu’il avait eue avec sa sœur, ma mère, il tenait la photo d’un de ses petits-enfants, et il la lui décrivait, lors d’une de ces conversations à bâtons rompus qu’ils avaient parfois, comme s’ils s’etaient quittés la veille.

Il s’appelait Claude Giordan. C’était mon oncle. 
Claude, sur la tombe de son propre grand-pere, Francois Gfeller

Sunday, November 28, 2010

Les fils prodigues sont-ils des ingrats ?


Quel texte biblique choisir pour un sermon sur la gratitude? J’étais invitée à prêcher lors d’un culte spécial célébré mercredi soir, veille de Thanksgiving, organisé par deux églises presbytériennes de Puyallup, dont celle où j’ai fait mon stage cet été. J’ai choisi de parler de la proverbiale parabole des fils prodigues (Evangile de Luc 15 :11-32) – cette histoire est si évocatrice que certains théologiens l’ont appelée «le mini-évangile». On y trouve la puissance rédemptrice de l’amour de Dieu, la démonstration de son amour dont le psaume 18 se fait l’écho («l’Eternel m’a délivré parce qu’Il m’aime»- en anglais l’expression «He delights in me» est plus expressive).
Mais les fils sont-ils reconnaissants ? L’histoire ne le dit pas, on le devine et on l’espère puisqu’ils nous représentent. A partir de cette histoire bien connue, j’ai réfléchi aux obstacles qui peuvent interférer avec nos sentiments de gratitude.

Le fils ainé, prodigue de son amertume blessée, c’est celui qui connait si bien les règles de l’obéissance due à son père qu’il en a perdu le sens d’une vraie communication aimante et partagée. «Tout ce que j’ai est à toi», dit le Père, surpris par la révolte du fils qui a toujours été à ses cotés mais qui semble soudain le connaitre si mal. Parfois, connaitre trop bien les règles nous donne un sentiment de contrôle qui nous éloigne de Celui qui est le Maitre du jeu. Nous vivons au plus près de lui, dans notre respectueuse routine, mais nous ne sommes plus à son écoute.


Parce que nous connaissons les règles et faisons tout pour les respecter, nous regardons aussi nos frères et nos sœurs avec un autre regard : nous évaluons leurs propres performances et nous avons une idée précise de qu’ils méritent. Si les conséquences de leurs actions ne correspondent pas à notre évaluation, nous pouvons être indignés, comme le frère ainé, ou emplis de confusion, s’il nous semble qu’ils auraient dû recevoir plus. De fait, le fils ainé semble très au courant des actions de son frère, comme s’il avait gardé un œil sur tout son parcours.

Nous lancer dans ces comparaisons nous vient spontanément à l’esprit et c’est un chemin à éviter. Souvenons-nous de Job et de ses amis : nous avons vite tendance à projeter sur la situation de nos proches nos craintes et nos espoirs, au risque de les blesser. Notre parcours, et notre relation avec Dieu sont uniques. Le chemin très différent du fils cadet en est l’exemple.

Ce jeune homme pourrait etre le fils direct d’Adam et Eve. Tout comme eux, il a voulu le Jardin sans le Créateur, le patrimoine sans celui qui l’a constitué, sans même attendre les règles normales de succession. La liberté que Dieu nous accorde est alarmante. Le père n’a pas cherché à retenir ce fils immature, lui laissant toute latitude d’aller à sa propre perte. Mais sa place a été conservée, intacte dans la famille. Il s’attendait à devoir regagner, jour après jour, l’estime de son père, mais il se retrouve dès son retour fils aimé et même héritier.

La conscience de l’amour divin nous guide vers une gratitude qui élargit les limites de notre âme. Les paroles du Père à ses deux enfants nous sont destinées : tu es toujours avec moi. Tout ce que j’ai est à toi. Réjouissons-nous car tu es revenu à la vie. Tu étais perdu et te voici retrouvé.

Saturday, November 27, 2010

Thanksgiving - le retour

La neige a fondu en quelques heures – une température un peu plus douce, de la pluie, et c’est comme si aucun flocon ne s’était jamais posé par chez nous… Bien sur, ça facilite la circulation, ce qui ne saurait mieux tomber qu’en cette semaine de Thanksgiving où les familles voyagent pour se réunir autour de ce repas traditionnel.

Pourtant, la neige me manque. D’abord, il y a la clarté éblouissante, toujours appréciable dans une région au ciel si souvent couvert. Et puis la neige transforme généreusement les jardins un peu négligés en étendues harmonieuses qu’on pourrait croire tirées d’un magazine de décoration….

Effacer les faits discordants comme le fait la neige dans mon jardin et montrer une vision flatteuse de certaines images fondatrices de son pays, c’est une tentation qui se présente quelque soit les continents et les nations. Thanksgiving ne fait pas exception à la règle. Cette tradition est entrée dans les mœurs au 19eme siècle, à un moment où le pays avait grand besoin d’etre uni dans le respect d’un rituel commun à tous. Un événement remontant au 17eme siècle – un repas partagé par les premiers pèlerins à Plymouth et les Natifs de la tribu Wampanoag - a permis de lui donner des racines remontant bien avant les dissensions et la guerre civile.

Le tableau ci-dessous a été peint au début du 20eme siècle et on le voit souvent dans les documentaires qui racontent l’origine des festivités de Thanksgiving. J’en ai vu une copie pour la première fois chez un des frères d’Irvin et ce qui m’a tout de suite frappé, c’est que les pèlerins sont représentés accueillant avec une générosité un peu paternaliste les Natifs timides, assis par terre. Les pèlerins leur offrent de la nourriture que les indigènes semblent découvrir pour la première fois. Ce qui est ironique quand on sait que les Wampanoag ont permis à ces nouveaux venus de survivre en leur apprenant notamment comment cultiver le maïs et les courges.


Certains américains ont une dent contre Thanksgiving – certains sont Natifs, tous ne le sont pas. Jeudi matin, jour de Thanksgiving, certains organes de presse faisaient savoir qu’Angelina Jolie refusait paraît-il de célébrer avec sa famille multiculturelle «ce que les colons Blancs ont fait aux Natifs Indiens, et la domination d’une culture sur une autre».

Le fait est, les Natifs que je connais, ceux de notre paroisse ou la famille d’Irvin, sont bien conscients de l’histoire de leur pays. Mais ils apprécient l’occasion de se retrouver en famille – une valeur majeure chez les Natifs – autour d’un repas abondant. Comme chaque année le dimanche qui précède Thanksgiving, notre église a organisé un repas après le culte. Nous n’avons jamais été aussi nombreux !

Partager un repas et parler de gratitude ne veut pas dire tourner le dos au passé. Lors de la soirée cinéma de novembre, nous avons regardé avec nos paroissiens le premier épisode de la série documentaire «We Shall Remain» dont j’avais eu l’occasion de parler en 2009, lorsqu’il est passé à la TV [1]. Ce premier épisode décrit justement l’histoire de la tribu Wampanoag et le contact avec ces premières générations d’Européens.


[1] Voir “We Shall Remain”, 14 avril 2009.

Tuesday, November 23, 2010

Un demi-pied de neige sur la colline

Il est 16h15 et déjà les couleurs du ciel prennent une teinte de soleil couchant. Nous sommes dans une atmosphère polaire aujourd’hui. D’ailleurs, les nouvelles locales parlent de «arctic blast». Hier, la tempête de neige a déposé un demi-pied de neige sur toutes les surfaces accessibles aux intempéries. Un pied (12 pouces) c’est 36 cm. Nous avons donc reçu 18 cm. C’est inhabituel, surtout si tôt dans la saison – nous sommes à un mois de l’hiver après tout.

En attendant, les petits oiseaux ont l’air d’apprécier les graines que nous avons placées à leur intention.

Malgré le vent, je n’ai pas eu de coupure de courant, ouf ! Hier soir, certains quartiers de Tacoma ont passé plusieurs heures dans le noir.

Les températures restent en-dessous de 0 mais le ciel est serein. Irvin rentre de Phoenix ce soir, et son oncle Charlie, habitué à conduire sur les surfaces glacées comme tous les Nez Perces (l’Idaho est une contrée accidentée qui rappelle la Suisse) va aller le chercher à l’aéroport. Je suis reconnaissante : les routes seront plus sures ce soir sans moi au volant dessus.

Monday, November 22, 2010

Variations climatiques sur la colline

Le climat dans notre région est en général tempéré et humide, sans les brusques évolutions continentales qu’on trouve dans le Middle West. Pas de tornades pour nous à la belle saison, juste les subtiles différences entre les catégories de précipitations qui parfois se combinent: crachins persistants, averses assidues et/ou hallebardes farouches.

Bien sur, cela n’interdit pas à une certaine diversité de se glisser entre les gouttes.

Ainsi lundi dernier, les bourrasques de vent provenant d’une tempête du Pacifique ont parcouru notre état. Dès que nous avons entendu les avertissements de la météo et perçu les rafales contre la maison, nous avons su ce que cela voulait dire. Irvin a sorti les bougies et les lampes torches, j’ai mis la bouilloire sur le feu pour préparer un thermos.
Les lignes électriques sont toutes aériennes par chez nous. Par exemple, si la lumière est belle sur le Mont Rainier et que je veux prendre une photo, le seul endroit pour le faire est le petit parking d’un aérodrome local à 10 minutes de chez nous. Sinon, des poteaux et des câbles sont toujours dans le champ.
L’effet du vent sur ces installations, aidé ou pas par des branches d’arbres voisins, est prévisible et nous sommes rodés. Les lumières tressaillent une fois ou deux dans la soirée – nouvel indice de ce qui se prépare – et soudain c’est l’obscurité. Nous percevons des éclairs dans le lointain et comme ce n’est pas un orage, cela veut dire des transformateurs qui sautent.
De nos précédentes expériences (dont la plus longue a duré trois jours) nous avons accumulé un certain savoir-faire et aussi des lampes torches de bon calibre. Leurs piles ont la taille d’un mini dictionnaire bilingue. Les bougies font une agréable lumière d’ambiance, les lampes torches servent pour se déplacer dans la maison. Nous avons une petite radio qui se recharge par manivelle – elle fait également lampe de poche (elle se vante aussi de pouvoir recharger les téléphones portables, mais nous n’avons pas trouvé comment).

L’absence de télévision et d’ordinateur incite à se coucher tôt tandis que la maison se refroidit lentement. On ne peut même pas compter sur des chiens réputés pour leur triple épaisseur de fourrure soyeuse pour rester au chaud : nos deux cockers se pelotonnent l’une contre l’autre au bout du lit sans se préoccuper de nous. On se sent aimé…

Au petit matin, l’épouse fidèle se lève et s’occupe des chiennes, se fait un thé chaud grace au thermos puis remonte à l’étage pour étendre deux couvertures de plus sur le mari endormi.

Finalement, le courant est revenu vers 15h – les joies élémentaires du quotidien nous sont rendues. Ah, le gai mouvement de l’interrupteur qui commande le plafonnier ! La douce voix désincarnée qui annonce «welcome» quand on arrive sur AOL ! Le plaisir simple du zappage de chaines de télévision !

Quelques jours plus tard, le vent a cédé la place à la neige qui tombe depuis hier dimanche. Un peu comme dans la région parisienne, le manque d’habitude créée une certaine confusion sur les routes, en particulier celles qui montent vers notre colline, dénivellation oblige.

Photographiquement parlant, ce type de conditions météo permet de se livrer à des défis artistiques qui restent partiellement irrésolus. Par exemple, prendre une photo couleur d’un cocker noir sur fond de neige.

Ces phénomènes atypiques peuvent se combiner : pour ce soir, on annonce toujours plus de neige ET des rafales de vent. Ça devrait etre intéressant…

Friday, November 19, 2010

Harry Potter 7 sur le vif

La sortie d’un nouveau film Harry Potter est toujours un événement générateur d’anticipation et d’allégresse dans le cœur de la fan passionnée qui écrit ses lignes. Bien sûr, la vision du film provoquera aussi des moments ponctuels d’agacements - pourquoi tant de suppressions sauvages par rapport aux romans ?

Cependant, la toute première vision du film provoque l’émotion spécifique des retrouvailles. On regarde autour de soi, on détaille les spectateurs de tous âges qui sont venus costumés en pensionnaires de Hogwarts (pardon, Poulard) ou en Mangeurs de Mort. Quand les lumières s’éteignent, on surprend une certaine accélération de son rythme cardiaque. Et nous y sommes… les paysages d’Ecosse devenus familiers apparaissent ainsi que les personnages qu’on a côtoyés pendant tant d’heures de lectures (ou dans mon cas, d’écoute d’audio-livres en voiture).

Mais voilà, pour la sortie de HP7, nous avons involontairement manqué à toutes nos traditions.

Le film est sorti aujourd’hui, vendredi 19 novembre, et comme toujours, des séances spéciales ont été prévues à minuit. Nous avons acheté nos billets à l’ avance et avons compté les jours.

Jeudi soir, après une longue journée, j’écrivais quelques derniers emails quand Irvin a soudain réalisé. Notre séance de cinéma était le 19 novembre à minuit dix – cela voulait dire dans la nuit de jeudi à vendredi. Et non vendredi soir.
Après coup, ça parait évident, mais bon, à notre décharge, nous sommes tous les deux noctambules. Quand on est du soir, on a tendance à considérer que minuit est une sorte de fin d’après-midi encore attaché à la journée qui précède.
Il était minuit dix. Pétrifiés, nous avons échangé un regard, Irvin m’a demandé «tu veux y aller ?» et nous avons foncé.

Puyallup n’est pas exactement une ville très animée après 21h et nous n’habitons pas loin du cinéma. En dix minutes nous y étions. Son parking était bondé, mais les lieux étrangement déserts. Un jeune homme encapuchonné travaillait à changer les titres des films sur la façade en verre et il semblait être la seule âme en vue. Les doubles portes étaient toutes scellées.
«On ne peux pas entrer ??» ai-je crié, envisageant un instant un dégondage sans ménagement.
«Non, c’est commencé et tout est complet !» a-t-il répondu.
«Nous avons déjà nos tickets !»
Il a haussé les épaules. «Bon, allez-y, la porte à droite…»

Trouver notre salle a été compliqué par le fait que ce cinéma de quartier en comporte 14, et que les titres des films au-dessus des entrées ne correspondaient à rien – ces séances de minuit, inhabituelles, n’etaient pas mentionnées.

Finalement, nous nous sommes retrouvés dans la bonne salle, assis au tout premier rang, sous l’écran. Harry était déjà en plein ciel avec Hagrid et ça bardait sec (je n’en dis pas plus).

A mon avis, c’est le meilleur des 7 films. Le fait que, cette fois, le scenario suive pas à pas l’intrigue du livre y est bien sûr pour quelque chose. On retrouve l’intensité et l’ampleur de l’histoire. Les acteurs ont pris de la bouteille et sont parfaits.

Bref, nous sommes enchantés. S’agissant de sorciers, c’est bien la moindre des choses.

Thursday, November 18, 2010

5 nouveaux membres pour notre église.

Dimanche dernier, durant notre service, Church of the Indian Fellowship a officiellement accueilli 5 nouveaux membres – une augmentation notable (10% !) de notre nombre !

Devenir membre d’une église presbytérienne n’est pas une petite affaire. On devient membre en réaffirmant sa foi, ou par transfert d’une autre église presbytérienne, ou, si on n’a pas été préalablement baptisé, par baptême.

Chaque église doit conserver les registres de ses membres régulièrement mis à jour selon plusieurs catégories : membres actifs, membres inactifs et membres «affiliés», c'est-à-dire appartenant à une congrégation dans une autre région mais participant à votre église pendant la durée de leur séjour par chez vous – ça se fait sur présentation d’un certificat. Tout est détaillé dans le Book of Order[1].

En comparaison avec d’autres églises (par exemple l’Eglise Reformée de France, mon église coté français…) l’église presbytérienne est par certains aspects incroyablement minutieuse et organisée, ce qui est ma façon affectueuse de dire tatillonne et bureaucratique.

Bien sur, chacun peut contribuer à la vie des paroisses sans pour autant en être officiellement membres. Mais devenir membre signifie que l’on s’engage à s’impliquer plus avant spirituellement et concrètement dans la vie de l’église.
Les quatre femmes et le jeune homme qui ont pris cette décision malgré une vie très remplie par leur travail, leurs circonstances difficiles ou leurs nombreux jeunes enfants ont pris le temps de s’asseoir avec Irvin pour quatre séances de préparation.
April, qui est Navajo (à droite avec sa petite fille) a été baptisée- un moment émouvant durant lequel elle rayonnait littéralement de joie. Nicole, Tamika, Eleanor et Jesse ont réaffirmé leur foi.
La liturgie qui accueille ces nouveaux membres se termine par une action de grâce de la congrégation remerciant le Seigneur pour ces frères et sœurs qui vont partager notre cheminement.


[1] Voir “les sentinelles de l’ordination”, 25 septembre 2010.

Tuesday, November 16, 2010

Le métro qui n’existait pas

En 2001, quand Irvin et moi avons roulé de Dubuque (Iowa) à Tacoma (Washington) – trois jours de route – nos familles respectives nous ont accueillis avec chaleur et nous ont hébergé a notre arrivée, en attendant que nous trouvions où nous loger.

Au petit matin, dans la chambre d’amis de Charlie et Peggy à Tacoma, la vibration familière qui accompagne le passage d’un métro dans certains immeubles parisiens m’a réveillée. Il m’a fallu un instant pour réaliser que j’étais un peu loin de Paris pour percevoir le passage des rames. J’ai explique le phénomène à Charlie, l’oncle d’Irvin, et il a souri. «C’était un tremblement de terre. Je l’ai senti moi aussi.»

L’effet «métro» provient du glissement de la plaque océanique Juan de Fuca sous la plaque continentale Nord Américaine. Evidemment, il ne s’agit pas toujours d’une vibration discrète. Mais ce matin, à 30 km au sud de Tacoma, c’était a nouveau à peine perceptible dans notre quartier : 4,2 sur l’échelle de Richter et aucun dégât. Une fois de plus, c’est Charlie qui nous a prévenus. Nous n’avons rien senti à Puyallup.

Monday, November 15, 2010

CPE: comment devenir un aumônier zen.

«Au lieu de repousser la douleur, laissez la tranquille. Vous n’êtes pas la douleur. La douleur est quelque chose qui ne doit pas usurper votre identité. Laissez votre respiration emporter la douleur. Très bien.»

C’est un moine bouddhiste américain qui parle ainsi à Audrey, une patiente qui souffre constamment à cause d’une maladie de l’épine dorsale. Si j’étais Audrey, je ne sais pas comment je réagirais en présence de quelqu’un me disant de «laisser la douleur tranquille».
A moins que je ne reconnaisse, à son kimono noir et son appartenance au bouddhisme zen, qu’il a autorité à enseigner à mon esprit une certaine discipline?

Cet épisode de Religions & Ethics Newsweekly intitulé «zen hospital chaplains»[1] a retenu mon attention sans doute parce que je suis en train de remplir, après des semaines de procrastination, mes formulaires pour accomplir mon CPE (Clinical Pastoral Education), autrement dit le stage que je dois accomplir en hôpital. Ce stage devrait avoir lieu, selon les disponibilités, l’hiver ou le printemps prochain. Il dure trois mois si on le fait à plein temps.


Ces formulaires ne se contentent pas de vous demander votre adresse et votre adresse email. Ils requièrent de rédiger aussi «un compte-rendu raisonnablement long de votre vie» comprenant les personnes qui ont de l’importance pour vous, surtout s’ils ont, ou ont eu, une influence sur votre croissance et développement personnel.
Et aussi «une description de votre croissance spirituelle», qui décrit les croyances de votre famille ainsi que toute conversion personnelle et expérience religieuse ayant suscité votre vocation.
Sans oublier la liste chronologique de vos emplois, avec un bref descriptif pour chacun incluant les personnes avec lesquels vous travaillez ou avez travaillé.
Et aussi le compte-rendu d’un «helping incident» un événement où vous avez été la personne apportant de l’aide. Vous devrez préciser la nature et l’étendue de la demande d’aide, votre analyse de la situation et des problèmes en cause. Il conviendra d’indiquer aussi comment vous avez été impliquée dans la demande d’aide et ce que vous avez fait. Expliquez comment vous estimez que vous avez pu être efficace dans votre assistance.

Bref, je suis en train d’organiser un récit «raisonnablement long» de ma vie sous tous ces aspects - en restant zen et disciplinée. Tout moi, quoi.