C’est le moment. N400 et moi nous sommes côtoyés depuis plusieurs années déjà. Année après année, je fais des promesses… C’est le moment de relever le défi.
N400 est le nom du formulaire à remplir pour demander la nationalité américaine. Depuis 1999, année de mon arrivée aux USA, je suis une alien, terme officiel dont la résonnance galactique ne peut que me séduire.
D’abord j’étais une alien étudiante, puis après mon mariage une alien dotée d’une green card, ce petit rectangle de plastique blanc fascinant : on y discerne des hologrammes insérés dans sa surface quand on le met sous une lampe. J’ai dû attendre plus de deux ans pour l’obtenir – la carte a été perdue par la poste, j’ai du recommencer le processus… Elle est valide jusqu’en 2016 mais il est temps de sauter le pas. 2012 sera mon année américaine.
Les raisons ne manquent pas : j’ai l’intention de continuer à vivre dans ce pays or je peux perdre ma carte verte si je séjourne en France trop longtemps ; les lois gouvernant les étrangers peuvent devenir plus restrictives. Ceci dit, ce qui me motive le plus, ce sont les élections présidentielles qui arrivent. Je veux pouvoir voter. Certains candidats m’effraient.
Donc j’ai téléchargé N400 et commencé à remplir les cases blanches. Certaines questions sont complexes. Combien de jours ai-je passé à l’étranger depuis que j’ai eu ma carte verte ? Je dois mentionner les dates de départ et de retour de chacun de ces voyages et cela depuis…2003 !
De quelles associations, sociétés et clubs fais-je partie ? Bon, ce n’est pas dur, pour le moment, la Presbyterian Church et Toastmaster International. Pas trop subversif, d’autant qu’a la ligne du dessous, je nie appartenir au parti communiste, à un parti totalitaire ou à une organisation terroriste.
Je nie aussi être une prostituée, une ivrogne, et aussi avoir jamais travaillé ou m’être jamais associée avec «le parti Nazi, ou toute unité militaire ou paramilitaire, camp de concentration ou d’extermination, camp de travail ou de transit». Je n’ai jamais eu plus d’un mari à la fois. Je n’ai jamais commis de crimes – même de crimes pour lesquels je n’aurais pas été poursuivie. Je peux, en toute conscience, répondre «non» à chacune de ces questions (je n’en invente aucune). Je devrais donc avoir la moralité requise.
Je vais aussi devoir montrer, examen a l’appui, que j’ai une connaissance suffisante de la constitution des Etats Unis. Et si tout va bien, dans quelques mois, je prêterai serment d’allégeance à la bannière étoilée sans sourciller… et sans pour autant me départir de ma nationalité française. De par une convention entre nos deux pays, la double-nationalité est possible.
2012 commence bien.
c'est chouette que tu puisses garder ta nationalité française!
ReplyDeletebon courage pour la suite du formulaire :D