Le 15 avril est la date limite pour envoyer sa déclaration d’impôts : il s'agit non seulement d'inscrire les montants de ses revenus dans un formulaire qui a la taille d’un petit bottin, mais aussi d'envoyer le premier tiers du montant que l'on devra payer dans l'année - un nombre qu’on doit avoir calculé soi-même. Si on se trompe ou si on est en retard, même de 24h, les pénalités sont lourdes. D’où une anxiété latente concentrée sur ce jour crucial.
Les comptables et «préparateurs d’impôts» divers sont nombreux, prêts à calculer pour vous ce que vous devrez à l’IRS (Internal Revenue Service, le fisc américain) et ils travaillent intensivement pendant le premier trimestre de l’année. Notre «préparatrice» est une spécialiste du clergé presbytérien, et ce n’est pas du luxe. Pour une raison qui m’échappe Irvin a le statut d’un salarié qui serait à son compte ; en même temps, notre maison est assimilée à un presbytère, ce qui permet de déduire entre autres nos achats de plantes vertes et de nettoyage à sec, pour peu qu’on ait la discipline de garder tous les factures et tickets de caisse (une quête sans fin tout au long de l’année).
Ce n’est pas le seul domaine où le fonctionnement des finances américaines apporte des surprises au jour le jour.
Par exemple, si vous vivez aux USA, vous devez connaitre votre «credit score». C’est un nombre compris entre 500 (très, très mauvais) et 850 (excellent). Votre «credit score» est calculé par trois organismes indépendants, selon des méthodes complexes où entrent en compte non seulement le remboursement ponctuel de vos emprunts, mais aussi le rapport entre ce que les banques proposent de vous prêter (au moyen de prêts personnels ou de cartes de crédit, par exemple) et ce que vous avez effectivement emprunté.
Si vous arrivez d’un pays étranger, vous devrez pendant de longues années supporter la suspicion de ne pas avoir un passé vérifiable sur le sol américain. Si vous approchez du plafond de la ligne de crédit, votre «credit score» baisse aussitôt - même si vous n’avez jamais raté une échéance - car vous êtes considéré comme un risque potentiel. Du coup, votre taux d’intérêt, qui est calculé journellement, augmente. Dans la foulée, puisque vous êtes un risque potentiel, votre assureur augmente vos primes, même si vous n’avez jamais eu un jour de retard pour régler vos échéances.
Ce mécanisme de vases communicants rend toutes les familles vulnérables à la récession actuelle. Les banques désormais essaient de limiter les risques de perte, et les montants de prêts personnels rétrécissent soudain. Vous étiez loin du maximum ? Aujourd’hui, sans nouvelle dépense, vous y voilà ! Et vous découvrez avec un certain étonnement qu’en conséquence votre taux d’intérêt a doublé du jour au lendemain.
Sans même aborder le sujet délicat des hypothèques à taux variables et des subprimes qui mettent tant de familles à la rue, chacun ici est touché plus ou moins directement par le climat économique (sauf peut-être les Amish ?).
Et chacun pratique cette vertu si américaine : prendre chaque jour comme il vient avec le sourire et prévoir avec optimisme la venue des jours meilleurs.
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