Sunday, November 28, 2010

Les fils prodigues sont-ils des ingrats ?


Quel texte biblique choisir pour un sermon sur la gratitude? J’étais invitée à prêcher lors d’un culte spécial célébré mercredi soir, veille de Thanksgiving, organisé par deux églises presbytériennes de Puyallup, dont celle où j’ai fait mon stage cet été. J’ai choisi de parler de la proverbiale parabole des fils prodigues (Evangile de Luc 15 :11-32) – cette histoire est si évocatrice que certains théologiens l’ont appelée «le mini-évangile». On y trouve la puissance rédemptrice de l’amour de Dieu, la démonstration de son amour dont le psaume 18 se fait l’écho («l’Eternel m’a délivré parce qu’Il m’aime»- en anglais l’expression «He delights in me» est plus expressive).
Mais les fils sont-ils reconnaissants ? L’histoire ne le dit pas, on le devine et on l’espère puisqu’ils nous représentent. A partir de cette histoire bien connue, j’ai réfléchi aux obstacles qui peuvent interférer avec nos sentiments de gratitude.

Le fils ainé, prodigue de son amertume blessée, c’est celui qui connait si bien les règles de l’obéissance due à son père qu’il en a perdu le sens d’une vraie communication aimante et partagée. «Tout ce que j’ai est à toi», dit le Père, surpris par la révolte du fils qui a toujours été à ses cotés mais qui semble soudain le connaitre si mal. Parfois, connaitre trop bien les règles nous donne un sentiment de contrôle qui nous éloigne de Celui qui est le Maitre du jeu. Nous vivons au plus près de lui, dans notre respectueuse routine, mais nous ne sommes plus à son écoute.


Parce que nous connaissons les règles et faisons tout pour les respecter, nous regardons aussi nos frères et nos sœurs avec un autre regard : nous évaluons leurs propres performances et nous avons une idée précise de qu’ils méritent. Si les conséquences de leurs actions ne correspondent pas à notre évaluation, nous pouvons être indignés, comme le frère ainé, ou emplis de confusion, s’il nous semble qu’ils auraient dû recevoir plus. De fait, le fils ainé semble très au courant des actions de son frère, comme s’il avait gardé un œil sur tout son parcours.

Nous lancer dans ces comparaisons nous vient spontanément à l’esprit et c’est un chemin à éviter. Souvenons-nous de Job et de ses amis : nous avons vite tendance à projeter sur la situation de nos proches nos craintes et nos espoirs, au risque de les blesser. Notre parcours, et notre relation avec Dieu sont uniques. Le chemin très différent du fils cadet en est l’exemple.

Ce jeune homme pourrait etre le fils direct d’Adam et Eve. Tout comme eux, il a voulu le Jardin sans le Créateur, le patrimoine sans celui qui l’a constitué, sans même attendre les règles normales de succession. La liberté que Dieu nous accorde est alarmante. Le père n’a pas cherché à retenir ce fils immature, lui laissant toute latitude d’aller à sa propre perte. Mais sa place a été conservée, intacte dans la famille. Il s’attendait à devoir regagner, jour après jour, l’estime de son père, mais il se retrouve dès son retour fils aimé et même héritier.

La conscience de l’amour divin nous guide vers une gratitude qui élargit les limites de notre âme. Les paroles du Père à ses deux enfants nous sont destinées : tu es toujours avec moi. Tout ce que j’ai est à toi. Réjouissons-nous car tu es revenu à la vie. Tu étais perdu et te voici retrouvé.

Saturday, November 27, 2010

Thanksgiving - le retour

La neige a fondu en quelques heures – une température un peu plus douce, de la pluie, et c’est comme si aucun flocon ne s’était jamais posé par chez nous… Bien sur, ça facilite la circulation, ce qui ne saurait mieux tomber qu’en cette semaine de Thanksgiving où les familles voyagent pour se réunir autour de ce repas traditionnel.

Pourtant, la neige me manque. D’abord, il y a la clarté éblouissante, toujours appréciable dans une région au ciel si souvent couvert. Et puis la neige transforme généreusement les jardins un peu négligés en étendues harmonieuses qu’on pourrait croire tirées d’un magazine de décoration….

Effacer les faits discordants comme le fait la neige dans mon jardin et montrer une vision flatteuse de certaines images fondatrices de son pays, c’est une tentation qui se présente quelque soit les continents et les nations. Thanksgiving ne fait pas exception à la règle. Cette tradition est entrée dans les mœurs au 19eme siècle, à un moment où le pays avait grand besoin d’etre uni dans le respect d’un rituel commun à tous. Un événement remontant au 17eme siècle – un repas partagé par les premiers pèlerins à Plymouth et les Natifs de la tribu Wampanoag - a permis de lui donner des racines remontant bien avant les dissensions et la guerre civile.

Le tableau ci-dessous a été peint au début du 20eme siècle et on le voit souvent dans les documentaires qui racontent l’origine des festivités de Thanksgiving. J’en ai vu une copie pour la première fois chez un des frères d’Irvin et ce qui m’a tout de suite frappé, c’est que les pèlerins sont représentés accueillant avec une générosité un peu paternaliste les Natifs timides, assis par terre. Les pèlerins leur offrent de la nourriture que les indigènes semblent découvrir pour la première fois. Ce qui est ironique quand on sait que les Wampanoag ont permis à ces nouveaux venus de survivre en leur apprenant notamment comment cultiver le maïs et les courges.


Certains américains ont une dent contre Thanksgiving – certains sont Natifs, tous ne le sont pas. Jeudi matin, jour de Thanksgiving, certains organes de presse faisaient savoir qu’Angelina Jolie refusait paraît-il de célébrer avec sa famille multiculturelle «ce que les colons Blancs ont fait aux Natifs Indiens, et la domination d’une culture sur une autre».

Le fait est, les Natifs que je connais, ceux de notre paroisse ou la famille d’Irvin, sont bien conscients de l’histoire de leur pays. Mais ils apprécient l’occasion de se retrouver en famille – une valeur majeure chez les Natifs – autour d’un repas abondant. Comme chaque année le dimanche qui précède Thanksgiving, notre église a organisé un repas après le culte. Nous n’avons jamais été aussi nombreux !

Partager un repas et parler de gratitude ne veut pas dire tourner le dos au passé. Lors de la soirée cinéma de novembre, nous avons regardé avec nos paroissiens le premier épisode de la série documentaire «We Shall Remain» dont j’avais eu l’occasion de parler en 2009, lorsqu’il est passé à la TV [1]. Ce premier épisode décrit justement l’histoire de la tribu Wampanoag et le contact avec ces premières générations d’Européens.


[1] Voir “We Shall Remain”, 14 avril 2009.

Tuesday, November 23, 2010

Un demi-pied de neige sur la colline

Il est 16h15 et déjà les couleurs du ciel prennent une teinte de soleil couchant. Nous sommes dans une atmosphère polaire aujourd’hui. D’ailleurs, les nouvelles locales parlent de «arctic blast». Hier, la tempête de neige a déposé un demi-pied de neige sur toutes les surfaces accessibles aux intempéries. Un pied (12 pouces) c’est 36 cm. Nous avons donc reçu 18 cm. C’est inhabituel, surtout si tôt dans la saison – nous sommes à un mois de l’hiver après tout.

En attendant, les petits oiseaux ont l’air d’apprécier les graines que nous avons placées à leur intention.

Malgré le vent, je n’ai pas eu de coupure de courant, ouf ! Hier soir, certains quartiers de Tacoma ont passé plusieurs heures dans le noir.

Les températures restent en-dessous de 0 mais le ciel est serein. Irvin rentre de Phoenix ce soir, et son oncle Charlie, habitué à conduire sur les surfaces glacées comme tous les Nez Perces (l’Idaho est une contrée accidentée qui rappelle la Suisse) va aller le chercher à l’aéroport. Je suis reconnaissante : les routes seront plus sures ce soir sans moi au volant dessus.

Monday, November 22, 2010

Variations climatiques sur la colline

Le climat dans notre région est en général tempéré et humide, sans les brusques évolutions continentales qu’on trouve dans le Middle West. Pas de tornades pour nous à la belle saison, juste les subtiles différences entre les catégories de précipitations qui parfois se combinent: crachins persistants, averses assidues et/ou hallebardes farouches.

Bien sur, cela n’interdit pas à une certaine diversité de se glisser entre les gouttes.

Ainsi lundi dernier, les bourrasques de vent provenant d’une tempête du Pacifique ont parcouru notre état. Dès que nous avons entendu les avertissements de la météo et perçu les rafales contre la maison, nous avons su ce que cela voulait dire. Irvin a sorti les bougies et les lampes torches, j’ai mis la bouilloire sur le feu pour préparer un thermos.
Les lignes électriques sont toutes aériennes par chez nous. Par exemple, si la lumière est belle sur le Mont Rainier et que je veux prendre une photo, le seul endroit pour le faire est le petit parking d’un aérodrome local à 10 minutes de chez nous. Sinon, des poteaux et des câbles sont toujours dans le champ.
L’effet du vent sur ces installations, aidé ou pas par des branches d’arbres voisins, est prévisible et nous sommes rodés. Les lumières tressaillent une fois ou deux dans la soirée – nouvel indice de ce qui se prépare – et soudain c’est l’obscurité. Nous percevons des éclairs dans le lointain et comme ce n’est pas un orage, cela veut dire des transformateurs qui sautent.
De nos précédentes expériences (dont la plus longue a duré trois jours) nous avons accumulé un certain savoir-faire et aussi des lampes torches de bon calibre. Leurs piles ont la taille d’un mini dictionnaire bilingue. Les bougies font une agréable lumière d’ambiance, les lampes torches servent pour se déplacer dans la maison. Nous avons une petite radio qui se recharge par manivelle – elle fait également lampe de poche (elle se vante aussi de pouvoir recharger les téléphones portables, mais nous n’avons pas trouvé comment).

L’absence de télévision et d’ordinateur incite à se coucher tôt tandis que la maison se refroidit lentement. On ne peut même pas compter sur des chiens réputés pour leur triple épaisseur de fourrure soyeuse pour rester au chaud : nos deux cockers se pelotonnent l’une contre l’autre au bout du lit sans se préoccuper de nous. On se sent aimé…

Au petit matin, l’épouse fidèle se lève et s’occupe des chiennes, se fait un thé chaud grace au thermos puis remonte à l’étage pour étendre deux couvertures de plus sur le mari endormi.

Finalement, le courant est revenu vers 15h – les joies élémentaires du quotidien nous sont rendues. Ah, le gai mouvement de l’interrupteur qui commande le plafonnier ! La douce voix désincarnée qui annonce «welcome» quand on arrive sur AOL ! Le plaisir simple du zappage de chaines de télévision !

Quelques jours plus tard, le vent a cédé la place à la neige qui tombe depuis hier dimanche. Un peu comme dans la région parisienne, le manque d’habitude créée une certaine confusion sur les routes, en particulier celles qui montent vers notre colline, dénivellation oblige.

Photographiquement parlant, ce type de conditions météo permet de se livrer à des défis artistiques qui restent partiellement irrésolus. Par exemple, prendre une photo couleur d’un cocker noir sur fond de neige.

Ces phénomènes atypiques peuvent se combiner : pour ce soir, on annonce toujours plus de neige ET des rafales de vent. Ça devrait etre intéressant…

Friday, November 19, 2010

Harry Potter 7 sur le vif

La sortie d’un nouveau film Harry Potter est toujours un événement générateur d’anticipation et d’allégresse dans le cœur de la fan passionnée qui écrit ses lignes. Bien sûr, la vision du film provoquera aussi des moments ponctuels d’agacements - pourquoi tant de suppressions sauvages par rapport aux romans ?

Cependant, la toute première vision du film provoque l’émotion spécifique des retrouvailles. On regarde autour de soi, on détaille les spectateurs de tous âges qui sont venus costumés en pensionnaires de Hogwarts (pardon, Poulard) ou en Mangeurs de Mort. Quand les lumières s’éteignent, on surprend une certaine accélération de son rythme cardiaque. Et nous y sommes… les paysages d’Ecosse devenus familiers apparaissent ainsi que les personnages qu’on a côtoyés pendant tant d’heures de lectures (ou dans mon cas, d’écoute d’audio-livres en voiture).

Mais voilà, pour la sortie de HP7, nous avons involontairement manqué à toutes nos traditions.

Le film est sorti aujourd’hui, vendredi 19 novembre, et comme toujours, des séances spéciales ont été prévues à minuit. Nous avons acheté nos billets à l’ avance et avons compté les jours.

Jeudi soir, après une longue journée, j’écrivais quelques derniers emails quand Irvin a soudain réalisé. Notre séance de cinéma était le 19 novembre à minuit dix – cela voulait dire dans la nuit de jeudi à vendredi. Et non vendredi soir.
Après coup, ça parait évident, mais bon, à notre décharge, nous sommes tous les deux noctambules. Quand on est du soir, on a tendance à considérer que minuit est une sorte de fin d’après-midi encore attaché à la journée qui précède.
Il était minuit dix. Pétrifiés, nous avons échangé un regard, Irvin m’a demandé «tu veux y aller ?» et nous avons foncé.

Puyallup n’est pas exactement une ville très animée après 21h et nous n’habitons pas loin du cinéma. En dix minutes nous y étions. Son parking était bondé, mais les lieux étrangement déserts. Un jeune homme encapuchonné travaillait à changer les titres des films sur la façade en verre et il semblait être la seule âme en vue. Les doubles portes étaient toutes scellées.
«On ne peux pas entrer ??» ai-je crié, envisageant un instant un dégondage sans ménagement.
«Non, c’est commencé et tout est complet !» a-t-il répondu.
«Nous avons déjà nos tickets !»
Il a haussé les épaules. «Bon, allez-y, la porte à droite…»

Trouver notre salle a été compliqué par le fait que ce cinéma de quartier en comporte 14, et que les titres des films au-dessus des entrées ne correspondaient à rien – ces séances de minuit, inhabituelles, n’etaient pas mentionnées.

Finalement, nous nous sommes retrouvés dans la bonne salle, assis au tout premier rang, sous l’écran. Harry était déjà en plein ciel avec Hagrid et ça bardait sec (je n’en dis pas plus).

A mon avis, c’est le meilleur des 7 films. Le fait que, cette fois, le scenario suive pas à pas l’intrigue du livre y est bien sûr pour quelque chose. On retrouve l’intensité et l’ampleur de l’histoire. Les acteurs ont pris de la bouteille et sont parfaits.

Bref, nous sommes enchantés. S’agissant de sorciers, c’est bien la moindre des choses.

Thursday, November 18, 2010

5 nouveaux membres pour notre église.

Dimanche dernier, durant notre service, Church of the Indian Fellowship a officiellement accueilli 5 nouveaux membres – une augmentation notable (10% !) de notre nombre !

Devenir membre d’une église presbytérienne n’est pas une petite affaire. On devient membre en réaffirmant sa foi, ou par transfert d’une autre église presbytérienne, ou, si on n’a pas été préalablement baptisé, par baptême.

Chaque église doit conserver les registres de ses membres régulièrement mis à jour selon plusieurs catégories : membres actifs, membres inactifs et membres «affiliés», c'est-à-dire appartenant à une congrégation dans une autre région mais participant à votre église pendant la durée de leur séjour par chez vous – ça se fait sur présentation d’un certificat. Tout est détaillé dans le Book of Order[1].

En comparaison avec d’autres églises (par exemple l’Eglise Reformée de France, mon église coté français…) l’église presbytérienne est par certains aspects incroyablement minutieuse et organisée, ce qui est ma façon affectueuse de dire tatillonne et bureaucratique.

Bien sur, chacun peut contribuer à la vie des paroisses sans pour autant en être officiellement membres. Mais devenir membre signifie que l’on s’engage à s’impliquer plus avant spirituellement et concrètement dans la vie de l’église.
Les quatre femmes et le jeune homme qui ont pris cette décision malgré une vie très remplie par leur travail, leurs circonstances difficiles ou leurs nombreux jeunes enfants ont pris le temps de s’asseoir avec Irvin pour quatre séances de préparation.
April, qui est Navajo (à droite avec sa petite fille) a été baptisée- un moment émouvant durant lequel elle rayonnait littéralement de joie. Nicole, Tamika, Eleanor et Jesse ont réaffirmé leur foi.
La liturgie qui accueille ces nouveaux membres se termine par une action de grâce de la congrégation remerciant le Seigneur pour ces frères et sœurs qui vont partager notre cheminement.


[1] Voir “les sentinelles de l’ordination”, 25 septembre 2010.

Tuesday, November 16, 2010

Le métro qui n’existait pas

En 2001, quand Irvin et moi avons roulé de Dubuque (Iowa) à Tacoma (Washington) – trois jours de route – nos familles respectives nous ont accueillis avec chaleur et nous ont hébergé a notre arrivée, en attendant que nous trouvions où nous loger.

Au petit matin, dans la chambre d’amis de Charlie et Peggy à Tacoma, la vibration familière qui accompagne le passage d’un métro dans certains immeubles parisiens m’a réveillée. Il m’a fallu un instant pour réaliser que j’étais un peu loin de Paris pour percevoir le passage des rames. J’ai explique le phénomène à Charlie, l’oncle d’Irvin, et il a souri. «C’était un tremblement de terre. Je l’ai senti moi aussi.»

L’effet «métro» provient du glissement de la plaque océanique Juan de Fuca sous la plaque continentale Nord Américaine. Evidemment, il ne s’agit pas toujours d’une vibration discrète. Mais ce matin, à 30 km au sud de Tacoma, c’était a nouveau à peine perceptible dans notre quartier : 4,2 sur l’échelle de Richter et aucun dégât. Une fois de plus, c’est Charlie qui nous a prévenus. Nous n’avons rien senti à Puyallup.

Monday, November 15, 2010

CPE: comment devenir un aumônier zen.

«Au lieu de repousser la douleur, laissez la tranquille. Vous n’êtes pas la douleur. La douleur est quelque chose qui ne doit pas usurper votre identité. Laissez votre respiration emporter la douleur. Très bien.»

C’est un moine bouddhiste américain qui parle ainsi à Audrey, une patiente qui souffre constamment à cause d’une maladie de l’épine dorsale. Si j’étais Audrey, je ne sais pas comment je réagirais en présence de quelqu’un me disant de «laisser la douleur tranquille».
A moins que je ne reconnaisse, à son kimono noir et son appartenance au bouddhisme zen, qu’il a autorité à enseigner à mon esprit une certaine discipline?

Cet épisode de Religions & Ethics Newsweekly intitulé «zen hospital chaplains»[1] a retenu mon attention sans doute parce que je suis en train de remplir, après des semaines de procrastination, mes formulaires pour accomplir mon CPE (Clinical Pastoral Education), autrement dit le stage que je dois accomplir en hôpital. Ce stage devrait avoir lieu, selon les disponibilités, l’hiver ou le printemps prochain. Il dure trois mois si on le fait à plein temps.


Ces formulaires ne se contentent pas de vous demander votre adresse et votre adresse email. Ils requièrent de rédiger aussi «un compte-rendu raisonnablement long de votre vie» comprenant les personnes qui ont de l’importance pour vous, surtout s’ils ont, ou ont eu, une influence sur votre croissance et développement personnel.
Et aussi «une description de votre croissance spirituelle», qui décrit les croyances de votre famille ainsi que toute conversion personnelle et expérience religieuse ayant suscité votre vocation.
Sans oublier la liste chronologique de vos emplois, avec un bref descriptif pour chacun incluant les personnes avec lesquels vous travaillez ou avez travaillé.
Et aussi le compte-rendu d’un «helping incident» un événement où vous avez été la personne apportant de l’aide. Vous devrez préciser la nature et l’étendue de la demande d’aide, votre analyse de la situation et des problèmes en cause. Il conviendra d’indiquer aussi comment vous avez été impliquée dans la demande d’aide et ce que vous avez fait. Expliquez comment vous estimez que vous avez pu être efficace dans votre assistance.

Bref, je suis en train d’organiser un récit «raisonnablement long» de ma vie sous tous ces aspects - en restant zen et disciplinée. Tout moi, quoi.

Friday, November 12, 2010

Le sourire de la chienne léopard

Une fraternité invisible mais palpable connecte les gens qui aiment les chiens et puisent réconfort dans leur proximité. Cette complicité ouvre les portes de notre Presbytery où les chiens peuvent assister à certaines réunions avec leurs maitres, une rare permission aux USA.

Le Comite de Préparation au Ministère bénéficie ainsi de la présence d’une petite chienne blanche, Bijou (en français dans le texte) qui ressemble à une agnelle. Bijou accepte gracieusement de partager avec nous la compagnie de sa maitresse. En revanche, elle a tout de suite manifesté de l’irritation quand une rivale est venue nous rejoindre. Hannah Murray est une grande chienne calme, au pelage brun tacheté, caractéristique de sa race : Hanna est une Louisiana Catahoula Leopard Dog, une race officiellement reconnue par l’AKC (American Kennel Club) - on la trouve sous la rubrique «unusual breeds».


Les chiens Catahoula Leopards sont appelés ainsi parce qu’ils sont originaires d’un comté de Louisiane du nom de Catahoula, (la déformation française d’un nom Indien) et parce que les taches de leur pelage rappellent les léopards. Ce sont des chiens de berger infatigables et fidèles.

Max, son maitre, l’a trouvée il y a une dizaine d’années alors qu’elle errait près de Camp Murray, d’où son nom.

Hannah accepte les caresses avec bienveillance et ne manifeste pas la moindre impatience quand Bijou lui aboie à la truffe.
Nos réunions mensuelles durent 6 heures, et Hannah s’étend avec sérénité pendant nos discussions, attendant les moments de pause où elle pourra avoir une courte promenade. Quand elle comprend qu’elle va se dégourdir les pattes, elle sourit – un vrai large sourire qui découvre ses dents.

J’ai essayé de prendre des photos du sourire, mais dès qu’elle a vu mon appareil, Hannah a baissé la tête et s’est détourné. Max m’a expliqué qu’elle avait peur des flashes et par extension des appareils photos. J’ai donc pris toute une série de photos sans flash – les résultats sont mitigés. On devine une échine, des pattes, une épaule, un brouillard d’oreilles, mais pas de sourire. Hannah a consenti à poser près de Max mais on sent bien qu’elle n’est pas tres détendue.

Une fraternité invisible mais palpable connecte les gens qui aiment les chiens.
Depuis hier, je pense à Brandi, une amie qui vient de perdre sa jeune chienne de façon totalement imprévue. Nous ne nous sommes pas vues depuis plusieurs années mais communiquons via facebook. Nous avons souvent échangé des messages sur nos chiennes respectives et leurs petits méfaits et la joie de vivre avec elles.
Et puis mercredi soir, Maka sa chienne n’est pas rentrée. Plus tard, Brandi a été informée qu'elle ne reverrait pas sa chienne et elle a écrit sur sa page «Rest in Peace Maka… »
Je n’ai jamais rencontré Maka, pourtant je me sens si triste…

Tuesday, November 9, 2010

Travaillons notre gratitude

J’ai pris ces photos dimanche matin, par un ciel clément. Notre église, la Church of the Indian Fellowship, est dans son mode automnal. Le bâtiment a été construit en 1949 et en présence de nos pluies habituelles, il fait son âge – la pluie s’infiltre parfois entre les tuiles, la plomberie est épisodiquement aléatoire, bref le quotidien sous son toit peut etre plein d’imprévu.

L’église est située sur le cimetière de la tribu Puyallup. Ce pourrait etre un sombre présage d’etre si près des tombes mais l’atmosphère y est toujours très paisible. Les pasteurs qui ont précédé Irvin, et certains paroissiens de longue date, ont parfois mentionné avoir entendu des bruits étranges. Nous n’avons jamais été témoins du moindre incident bizarre depuis 9 ans que nous sommes là et lorsqu’il m’est arrivé d’entrer seule dans le bâtiment plongé dans l’obscurité, en début de soirée par exemple, je ne me suis jamais senti mal à l’aise. La présence calme et bienveillante de Tony et son père Joe, qui entretiennent avec talent le jardin qui entoure l’église y est peut-être pour quelque chose.

Le mois de Novembre aux USA est avant tout le mois de Thanksgiving. «Quels sont vos projets pour Thanksgiving ?» vous demandera-t-on déjà, même si cette célébration tres américaine, dont j’ai eu l’occasion de parler ces deux dernières années en novembre dans ce blog, est fixée au quatrième jeudi du mois, donc le 25 novembre cette année.

Par extension, la gratitude est un thème récurrent à cette période de l’année. «De quoi êtes-vous reconnaissants ?» a demandé Danielle, une des volontaires pleine de créativité de l’église aux enfants lors de la dernière séance de catéchisme. Les enfants ont été invites à écrire leur réponse sur des papiers colorés en forme de feuilles d’arbres qui ont ensuite été scotchés sur des branches d’arbre. Cela a donné un arbre de gratitude multicolore.

Monday, November 8, 2010

Un moineau au McDo

Nouvelle journée de soleil dans le Northwest – chacun la savoure en se demandant si c’est la dernière de l’année ! Notre région a la réputation d’être pluvieuse. J’ai entendu dire récemment qu’il pleuvait en fait plus sur New York que sur Seattle. Mais nous avons le record des jours au ciel uniformément gris – un record que personne ne nous envie. Avec le changement d’heure le weekend dernier, il fait nuit aux alentours de 17h. Quand le soleil perce entre les nuages dans l’après-midi, toutes les couleurs du couchant sont visibles entre les nuages – des vues sans cesse changeantes dont on ne se lasse pas !

Cet après-midi, je suis allée me faire couper les cheveux. Je suis fidèle à ce salon sans façon près de chez nous où on vient sans rendez-vous. Je ne sais pas d’avance qui tiendra les ciseaux, mais je n’ai jamais eu à me plaindre du résultat. Solvay, la jeune femme blonde qui s’est occupée de moi aujourd’hui avait l’air scandinave, et m’a expliquée en effet que la famille de sa mère était suédoise et norvégienne. Elle a ajouté que son père lui, était Natif d’Alaska et membre de la tribu Tlingit (se prononce Klink’t). «L’Alaska me manque, a-t-elle commenté. J’aime aller là bas, et danser les danses traditionnelles avec mes cousins. Tout le monde m’accepte, même si je n’ai pas vraiment l’air Native.» Elle connait bien la réserve Puyallup et n’avait jamais réalisé que ce bâtiment blanc, sur la colline du cimetière tribale, était une église, notre église. Je l’ai invitée à venir nous voir un dimanche matin.

Apres être montée dans ma voiture, sur le parking de ce mini-mall, j’ai eu la surprise de voir un moineau se poser sur le rétroviseur de la voiture, sans aucune peur, et me regarder avec une certaine insistance. J’ai même pu sortir l’appareil photo de mon sac à main et prendre cette photo sans le faire fuir. J’ai compris la raison de sa présence en regardant dans le rétroviseur : un McDonald se trouvait derrière moi. Je suppose que les conducteurs sortent du drive-in s’arrêtent souvent sur le parking, à peu près à mon niveau, pour manger leur hamburger. Et les oiseaux ont droit aux miettes. Le moineau espérait bien avoir sa part. Je n’avais aucun mal à imaginer ce qu’il pouvait penser : «Et alors, et mon Big Mac ?»

Friday, November 5, 2010

Oh non! J’ai gagné le gros lot!

Je m’y suis résignée depuis longtemps. Je n’ai aucune chance au jeu. Les machines à sous et autres bandits manchots fréquentés dans le casino de Trouville lors de weekends entre filles il y a des années vous le confirmeront tous. Mes pièces sont avalées sans jamais provoquer sonneries et cascades de gain. Je participe aux tirages au sort et autres «raffles» sans arrière pensée, juste pour le plaisir de contribuer à une bonne cause. Chaque occasion me le confirme : les gagnants, c’est toujours les autres. Soit dit sans amertume.

Ainsi Curves, le club de gym où je me fabrique une musculature d’acier sous mes rondeurs, propose régulièrement à ses membres de participer à des actions caritatives. Parfois, nous sommes invitées à apporter des boites de conserve qui iront à une banque alimentaire. Ou des couches pour nouveau-nés destinées à un service hospitalier d’urgence pour tous petits. Ou nous pouvons acheter des tickets pour une raffle (tombola) dont le profit ira à la recherche contre le cancer.

Le cœur léger, j’ai acheté deux tickets, $5 chacun, à la fin du mois d’octobre. Le grand prix de la raffle ? Un weekend dans un chalet quelque part dans la campagne. J’aime passer mes weekends chez moi (ce sont les moments les plus occupés de la semaine) et la campagne me rend triste. J’étais donc tout a fait sereine en achetant mes tickets.

Mais l’ironie du sort m’a rattrapée après toutes ces années. Lundi, une voix joyeuse sur notre répondeur m’a appris mon ticket était sorti gagnant pour le grand prix envié de tous. Ciel. Et comme Irvin a lui aussi entendu le message et s’est tout de suite réjoui, la possibilité, un instant envisagée, de décliner discrètement le prix n’était pas possible.

Allez, soyons positif : nous pourrons probablement placer ce weekend en milieu de semaine et sélectionner deux jours pas trop pluvieux d’ici le printemps. D’après les descriptions du lieu, le chalet se trouve non loin de la petite ville pittoresque de Poulsbo, à proximité d’une plage (un élément propre à immédiatement ranimer mon moral) avec vues sur les montagnes dans le lointain.
Et puis, je dois en convenir puisque je viens de l’expérimenter : gagner le gros lot procure aussi une bouffée de joie inattendue et irréfléchie. Quelque soit le gros lot.

Tuesday, November 2, 2010

Election Day

Les élections ont lieu aujourd’hui – impossible à ignorer. Les pubs à la TV sont omniprésentes, et la plupart sont négatives, montrant du doigt l’adversaire coupable de mille turpitudes, et en général représenté par une photo peu flatteuse environnée de dollars qui tourbillonnent. C’est parce que l’adversaire a dilapidé l’argent du contribuable et/ou est financièrement dépendant de lobbyistes et/ou manifestement incapable de sortir le pays de sa récession actuelle.

Nous recevons aussi des coups de fil : des messages qui nous incitent à aller voter pour le bon candidat. Hier matin, encore au lit, j’ai regardé le téléphone qui sonnait et voyant que l’appelant était appelé «Toll Free», qui indique en général un telemarketeur, je n’ai pas décroché. J’ai bien fait : le répondeur était tout à fait à même de recevoir le message à ma place, une voix dynamique préenregistrée rappelant que le pays compte sur nous. Je ne peux pas grand-chose pour le pays, en tout état de cause. Je ne suis pas (encore ?) américaine donc je ne peux pas voter.

Les élections nationales ont toujours lieu le premier mardi de novembre. Cette échéance a été choisie lorsque les Etats Unis étaient un pays largement agricole. En novembre, la récolte est rentrée, mais le temps n’est pas encore trop froid. Mardi a été préféré à lundi car à l’époque les électeurs devaient faire un long trajet pour aller voter. Voter le lundi les aurait souvent obligés à prendre la route le dimanche, jour du Seigneur – impensable.

La proximité d’Halloween peut brouiller un peu les messages. Notre voisin d’en face, qui, comme chaque année ce jour là, transforme sa maison en un large cimetière environné d’immenses toiles d’araignées, a aussi planté sur sa pelouse un panneau pour un des candidats en lice. Soutient-il ce candidat ? Ou considère-t-il que cette candidature trouve sa juste place dans le cimetière des idées dépassées et non loin de son propre signe "Beware"?