Sunday, April 30, 2017

Stotonic, le Rendez-Vous des fourmis

Irvin et moi sommes de nouveau pour quelques jours en Arizona. Nous avons visité une exposition magnifique sur Frida Kalho et Diego Rivera (j’y reviendrai).

Ce dimanche matin, nous avons rejoint la sœur et les cousines d’Irvin dans une petite église presbytérienne sur la réserve Pima. Stotonic, qui en langue Pima, signifie « Nombreuses fourmis » est le village d’où mon beau-père est issu.

Il existe une dizaine d’églises sur la vaste réserve Pima. Celle-ci est la plus petite et la plus pauvre. Un bâtiment ocre, plus ancien, attire les regards. C’était bien l’église dans le temps, mais le bâtiment a été condamné. Il n’est plus sur et menace de s’effondrer à la première rafale de vent. A ses côtés, une petite maison blanche. C’est là que les paroissiens se retrouvent.


Quelques rangées de bancs, de face et sur les côtés, un piano qui n’est pas souvent utilisé faute de pianiste, et un pasteur à la retraite qui assure le sermon. Les paroissiens assurent la liturgie à tour de rôle. Aujourd’hui, un jeune homme était derrière le pupitre.


Au moment de commencer à parler, le pasteur a regardé Irvin : « mais qui êtes-vous ? » lui a-t-il demandé directement. On ne passe pas inaperçu quand on est nouveau dans ces petites assemblées ! Irvin s’est levé et présenté. Le jeune liturgiste, qui le connait, lui avait déjà adressé un signe de tête. Il fait partie du groupe de jeunes Natifs qu'Irvin, à son poste de l’église nationale, fédère et organise.

Après la collecte, nous avons échangé la paix du Christ, ce qui signifie des poignées de main et l’occasion de me souvenir qu’en présence de Natifs, il convient d’offrir une main souple, prête à serrer une paume entière ou juste le bout des doigts.

Un vrombissement de mobylette s’est fait entendre. Non pas un engin mais une grosse guêpe étonnamment bruyante. Le bourdonnement s’est approché de notre banc et l’insecte a piqué droit sur moi et j’ai cru un instant en continuant de l’entendre si près, qu’elle s’était faufilée dans mon décolleté et maintenant vrombissait sous mon corsage ! L’instant suivant, elle s’élevait près du plafond  elle est restée (je l’ai surveillée du coin de l’œil).

« Ces guêpes sont un problème constant, m’a expliqué ensuite Jennifer, la cousine d’Irvin. Nous essayons de les empêcher d’entrer mais elles sont toujours là. En fait, elles ont un nid quelque part dans le mur, probablement au niveau des fondations. C’est de là qu’elles viennent… »

Le prédicateur lut les Ecritures en Pima et en anglais. Jennifer, qui vient de prendre sa retraite, réapprend la langue qu’elle a connue enfant. Les cours sont disponibles pour qui veut les suivre. Le père d’Irvin n’a jamais parlé Pima avec ses huit enfants qu’il élevait seul. Mais nous avons su que ses derniers mots étaient en Pima. Il est mort en 2008.

La nuit est belle sur la réserve, qui est un grand désert peu urbanisé. En quittant la maison de Jennifer hier soir après y avoir passé la journée, on devinait juste les formes des montagnes.




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