Irvin et moi sommes de
nouveau pour quelques jours en Arizona. Nous avons visité une exposition
magnifique sur Frida Kalho et Diego Rivera (j’y reviendrai).
Ce dimanche matin,
nous avons rejoint la sœur et les cousines d’Irvin dans une petite église presbytérienne
sur la réserve Pima. Stotonic, qui en langue Pima, signifie « Nombreuses
fourmis » est le village d’où mon beau-père est issu.
Il existe une dizaine d’églises
sur la vaste réserve Pima. Celle-ci est la plus petite et la plus pauvre. Un bâtiment
ocre, plus ancien, attire les regards. C’était bien l’église dans le temps,
mais le bâtiment a été condamné. Il n’est plus sur et menace de s’effondrer à
la première rafale de vent. A ses côtés, une petite maison blanche. C’est là
que les paroissiens se retrouvent.
Quelques rangées de
bancs, de face et sur les côtés, un piano qui n’est pas souvent utilisé faute
de pianiste, et un pasteur à la retraite qui assure le sermon. Les paroissiens
assurent la liturgie à tour de rôle. Aujourd’hui, un jeune homme était derrière
le pupitre.
Au moment de commencer à
parler, le pasteur a regardé Irvin : « mais qui êtes-vous ? »
lui a-t-il demandé directement. On ne passe pas inaperçu quand on est nouveau
dans ces petites assemblées ! Irvin s’est levé et présenté. Le jeune
liturgiste, qui le connait, lui avait déjà adressé un signe de tête. Il fait
partie du groupe de jeunes Natifs qu'Irvin, à son poste de l’église
nationale, fédère et organise.
Après la collecte, nous
avons échangé la paix du Christ, ce qui signifie des poignées de main et l’occasion
de me souvenir qu’en présence de Natifs, il convient d’offrir une main souple, prête
à serrer une paume entière ou juste le bout des doigts.
Un vrombissement de
mobylette s’est fait entendre. Non pas un engin mais une grosse guêpe étonnamment
bruyante. Le bourdonnement s’est approché de notre banc et l’insecte a piqué
droit sur moi et j’ai cru un instant en continuant de l’entendre si près, qu’elle
s’était faufilée dans mon décolleté et maintenant vrombissait sous mon corsage !
L’instant suivant, elle s’élevait près du plafond où elle est restée (je l’ai surveillée
du coin de l’œil).
« Ces guêpes sont
un problème constant, m’a expliqué ensuite Jennifer, la cousine d’Irvin. Nous
essayons de les empêcher d’entrer mais elles sont toujours là. En fait, elles
ont un nid quelque part dans le mur, probablement au niveau des fondations. C’est
de là qu’elles viennent… »
Le prédicateur lut les
Ecritures en Pima et en anglais. Jennifer, qui vient de prendre sa retraite, réapprend
la langue qu’elle a connue enfant. Les cours sont disponibles pour qui veut les
suivre. Le père d’Irvin n’a jamais parlé Pima avec ses huit enfants qu’il élevait
seul. Mais nous avons su que ses derniers mots étaient en Pima. Il est mort en 2008.
La nuit est belle sur la
réserve, qui est un grand désert peu urbanisé. En quittant la maison de Jennifer
hier soir après y avoir passé la journée, on devinait juste les formes des
montagnes.