Un malaise imprécis me gagnait tandis que, confortablement installée au premier rang, j'attendais le début de la conférence donnée par Anne Lamott. J'étais sur le coté mais sur le premier siège près de l'allée et je me sentais très en vue.
D'habitude, c'est vrai, j'aime plutôt etre dans un coin discret mais j'espérais prendre une photo de l'auteur (espoir vain ; l'audience a été priée de ne pas prendre de photo, juste après que j'ai pris ce cliché).
Mais pourquoi être si mal à l'aise? Etait-ce la crainte latente de ne pas être à ma place? Les autres sièges du premier rang, en face, étaient réservés pour les amis et les organisateurs de la soirée. Depuis un traumatisme de jardin d'enfant où une institutrice m'a violemment prise à parti pour avoir eu l’audace de m’etre trompée de classe, j'ai gardé l'impression floue mais menaçante que je commets un crime susceptible de déclencher un tremblement de terre et des torrents d'imprécations si je transgresse même sans le vouloir les dispositions des lieux.
Mais non, ce n'était pas ca.
Je m'endors si facilement pendant la journée. Cela ne m’arrive pas au volant ou lors d’une conversation en tête à tête. Mais dès lors que j'écoute un orateur, dans une classe, une église ou une salle de conférence, il m’arrive de glisser presque sans transition dans le sommeil. Dans les amphithéâtres de 1000 personnes de Paris-X Nanterre où j'étudiais le droit, ca n'était pas très gênant. A la faculté de théologie de Paris, cela faisait la joie de mes camarades. Nous étions assis derrière des tables disposées en U et leur expression malicieuse quand la torpeur commençait à me gagner était un tonique efficace.
Cela commençait aussi à devenir embarrassant et mystérieux. M’endormir pendant un cours de droit administratif, ça avait une certaine logique. Mais m’assoupir pendant un cours de théologie qui m’intéressait et que je ne voulais pas rater, un sermon prononcé par mon mari ou – ce soir là, une conférence donnée par un de mes auteurs préférés ? Et cela m’arrive même quand j’ai pu faire la grasse matinée pour compenser d’avoir veillé tard…
«Mon seul symptôme, quand je suis devenue diabétique, c’est une irrépressible envie de dormir en pleine journée » m’a dit une amie pasteur. J’ai vécu avec cette crainte jusqu'à ce que j’aie le courage d’aller chez le médecin, et une prise de sang plus tard, j’ai appris que mon courageux pancréas fonctionnait toujours et régulait mon taux de sucre avec soin.
Bart fait subtilement allusion au film "INCEPTION" avec Leonardo di Caprio |
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