Le candidat pasteur qui chemine lentement vers l’ordination doit traverser diverses épreuves initiatiques avant d’arriver au but, parmi lesquels les «ordination exams». Ces examens sont au nombre de cinq. L’un d’entre eux se passe en général au début des études de théologie : c’est le Bible content exam qui comporte 100 questions sur la Bible, et nécessite 70 bonnes réponses – je l’ai passé en Octobre dernier. (Voir 3 octobre 2009).
Les quatre autres examens, quatre comme les cavaliers de l’Apocalypse, sont appelés «senior ordination exams» et attendent le candidat pasteur à la fin de son parcours, telles d’intimidantes sentinelles.
En janvier, j’ai affronté l’épreuve de théologie et la Bible exegesis. J’ai réussi la théologie de justesse. Je me suis sentie tout de suite plus confortable avec l’exégèse, un devoir à faire chez soi en 5 jours avec libre accès aux livres. Il s’agit de se pencher audacieusement sur un texte biblique, d’en faire une exégèse détaillée en utilisant la langue biblique dans lequel il est écrit, puis à partir de ce travail, de tracer les grandes lignes d’une prédication.
Les copies sont anonymes - on ne peut même pas signaler que l’anglais n’est pas sa langue maternelle (lors de mes lointaines études de droit à Nanterre, je me souviens qu’on pouvait cocher une case si le français était une deuxième langue). Les copies sont revues par deux correcteurs. Mes deux lecteurs m’ont mis des notes encourageantes mais ont fait des commentaires perplexes sur certaines tournures de phrases ou l’orthographe de mots grecs – par exemple «l’aoriste», ce temps présent ‘hors du temps’ Grec, qui s’écrit aorist sans E en anglais. Pourquoi s’obstiner à l’écrire avec un E, ont-ils observé. Bonne question, ai-je pensé, moi qui n’avais même pas réalisé la différence d’orthographe !
Les deux derniers examens à passer ont eu lieu fin aout : Worship & Sacrament, et Presbyterian Polity. Ils s’appuient sur la Constitution de l’église Presbytérienne, composée de deux livres. D’une part le Book of Confessions, qui comprend onze confessions articulant les croyances de l’église au fil des siècles et écrites dans des contextes polémiques bien précis. Ces confessions sont un cadre de référence tiré de l’étude de la Bible, mais ne se substituent pas aux Ecritures.
D’autre part, le Book of Order, sorte de charte du fonctionnement de l’église. Cet épais volume, qui détermine la «polity» c'est-à-dire l’organisation et la vie de l’église, peut ressembler au summum de la bureaucratie tatillonne, mais son existence est en fait l’expression d’une grande sagesse. L’église presbytérienne est une organisation démocratique qui estime qu’un groupe de personnes prendra de meilleurs décisions collectivement qu’une personne investie seule de l’autorité de décider. Evidemment, cela implique des débats qui peuvent frôler la foire d’empoigne dans une église qui regroupe des personnalités passionnées aux opinions très diverses. Le book of Order est en quelque sorte la règle du jeu auquel chacun adhère avant d’entrer dans l’arène de la vie presbytérienne.
Contrairement aux autres épreuves, je ne me suis pas préparée seule à l’examen de polity. J’ai suivi cet été un cours donné par le séminaire de Dubuque (Iowa), le séminaire où j’ai passé deux ans au début de ma vie américaine - un cours sur internet, passionnant d’un bout a l’autre, mais requérant beaucoup de travail chaque semaine.
Il me reste à attendre les résultats… toutes les copies seront lues début octobre, et les résultats devraient nous parvenir une dizaine de jours plus tard. Suspense…
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