Thursday, September 30, 2010

Le vétérinaire et le serpent qui parle.


Nous venons de changer de vétérinaire : après une grande clinique discount près de chez nous où on vient sans rendez-vous et ou on est vu par le ‘vet’ du jour (qu’on ne choisit pas et qui peut être à chaque fois différent), nous voici dans un cabinet d’un couple de vétérinaires, recommandés chaleureusement par des amis de la région qui ont eu des chiens toute leur vie. C’est ainsi que jeudi dernier, Casey, homme d’expérience à la moustache rassurante, examinait Sitka (5 ans déjà) et son œil droit irrité. Toujours délicats, les yeux de cockers.

Après m’avoir demandé l’origine de mon accent et ce que je faisais dans la vie, Casey s’est mis à me parler des animaux dans la Bible. Pas n’importe quels animaux – ceux qui parlent.

Le fait est, dans toute la Bible, on ne rencontre que deux animaux qui parlent comme des humains : le serpent de la Genèse et l’âne de Balaam (chapitre 22 du livre des Nombres). L’âne était en fait une ânesse et la monture du prophète Balaam. Un jour qu’ils cheminaient, un ange flamboyant se mit en travers de leur route.

L’ânesse s’écarta pour éviter toute collision, à la grande irritation de Balaam, qui ne pouvait voir le visiteur céleste et se mit à battre la pauvre bête. Jusqu'à ce que celle-ci finalement l’apostrophe en lui disant (en substance) : j’ai toujours été une monture fidèle, ne te vient-il pas à l’idée que j’ai une bonne raison de faire un détour ?

Les yeux de Balaam s’ouvrirent (une traduction dit «les écailles lui tombèrent des yeux») et il put enfin voir l’ange. Ce passage m’avait été signalé par une amie psychiatre pour qui l’ânesse était une allégorie de l’inconscient.
Casey mentionna le serpent de la Genèse, un drôle d’animal doté de pattes (c’était avant que Dieu ne le condamne à ramper) et de paroles – pas n’importe quelles paroles : des paroles fondatrices de nos discussions théologiques «Est-ce que Dieu a vraiment dit… ?» (Genèse 3 :1)

Casey m’a raconté qu’il lui était arrivé de soigner des serpents après leur mue. L’ancienne peau du serpent se détache, et la dernière partie du corps à s’en dégager est la tête du reptile. En cas de sècheresse, l’ancienne peau reste collée autour de ses yeux, formant des sortes d’écailles qui bloquent toute vision.

«Le plus souvent, il suffit de passer une pommade ou simplement de la vaseline sur les yeux du serpent pour résoudre le problème» commenta Casey, qui trouvait fascinant que plusieurs autres passages de la Bible mentionnent des humains (dont Balaam) placés dans cette même impossibilité de voir, avant que les écailles ne tombent de leurs yeux.

La Bible a cette façon si créative de nous rappeler que nous avons tous notre propre façon de nous aveugler – et la voix qui nous libère et nous rend la lumière est parfois celle que nous attendons le moins.

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