« Ça y est, j’ai fini ma dernière dissertation. La semaine
prochaine, je marcherai. »
C’était un post sur facebook de notre amie Monique, qui a repris courageusement ses études après des années de vie professionnelle. « I
will walk » dans ce contexte signifie : je vais marcher sur une
estrade, vêtue d’une robe noire et d’un chapeau carré et mon diplôme me sera
remis officiellement. Autrement dit : graduation ceremony.
C’est là que je réalise plus que jamais que je viens d’ailleurs.
Quand il m’est arrivé de recevoir un diplôme en France, j’ai fait comme tout le
monde : j’ai vu mon nom sur une liste scotchée sur un mur, le soulagement
m’a submergée et j’ai cherché une cabine téléphonique pour prévenir ma famille
(c’était au siècle dernier). Fin de la célébration.
Aux USA, l’ambiance est toute différente. Par chez nous,
l’évènement a lieu le plus souvent au Tacoma Dome, une enceinte qui accueille
concerts et matchs de basket ou de football américain.
Picture by the News Tribune |
Il faut arriver une heure à l’avance, payer
$15 en liquide pour se garer à proximité, présenter des invitations distribuées
par le futur diplômé, passer sous un arceau détecteur de métal, laisser derrière
soi fleurs et bouteilles d’eau. Bien sûr, des fleurs et des bouteilles d’eau sont
disponibles à l’intérieur du dôme pour un prix exorbitant.
Certaines familles sont là en nombre, avec ballons,
fleurs, gâteaux, photos agrandies de leur progéniture et larges bannières avec le prénom qu’ils devront laisser derrière eux pour entrer. Mais ils sont prêts
néanmoins. C’est qu’il faut faire fort pour communiquer son affection et son
support à celui que l’on est venu feliciter.
Le public est assis dans des tribunes loin des étudiants
qui entrent deux par deux et s’assoient devant l’estrade où différentes personnalités
de l’université font de courts discours. Des écrans géants, de part et d’autre,
permettent d’apercevoir le visage de chaque étudiant au moment de son arrivée
dans l’enceinte, puis quand vient le moment de la remise du diplôme. C’est le
moment où les familles ou le groupe d’amis hurlent le nom chéri – seul moyen pour
qu’il puisse entendre.
Irvin et moi n’avons pas hurlé. J’ai fait de larges
mouvements des bras vers Monique mais elle ne m’a pas vue. Nous nous sommes retrouvés à la
sortie.
A la fin du lycée, la graduation ceremony s’appelle « Commencement »,
ce qui parait étrange pour la conclusion d’un cycle d’études. « C’est
censé être le début d’une nouvelle vie » m’a expliqué Irvin.
Et la célébration de ces étapes est devenue une tradition
le long de la scolarité. Regardez, mon petit cousin Adam vient de terminer
pre-school (jardin d’enfants) à Seattle. He bien, il a eu sa graduation avec ses petits
camarades.
Avec des diplomés aussi adorables, ces traditions, oui, on peut s’y faire.