Sunday, June 11, 2017

T’es plus mon ami


“Si personne ne vous a encore éliminé de sa liste d’amis sur facebook à cause de Trump, il est temps pour vous de faire plus fort. »


Message vu sur facebook, sur la page d’un ami qui n’aime pas Trump. Pour certains, il semble qu’être un fier guerrier pour la cause de la démocratie aux USA comporte afficher des messages vengeurs, avec des réactions enthousiastes d’un coté et furieuses de l’autre, allant jusqu'à la décision de couper les ponts.

Bien sur, c’est satisfaisant… et comment ne pas être furieux, régulièrement, de ce qui se passe a Washington DC, et vouloir réagir ? Le stress provenant de la situation politique s’insinue dans le quotidien de chacun. On entend parler des « Trump 10 », 10 livres (4,5kg) que certaines célébrités (et pas mal de gens lambda) se plaignent d’avoir gagné en grignotant pour combattre leur anxiété [1], comme en présence d’un licenciement ou d’un divorce.


Mais je me demande…. Moi je veux bien me brouiller avec la terre entière, mais seulement si ça sert à quelque chose.

Si on veut convaincre quelqu’un, l’outrage ou la déclaration implacable d’un message sur les « social media » sont-ils les meilleures armes ? Je sais que quand je n’ai pas le dernier mot dans une discussion, live ou sur facebook, je n’ai aucune envie de m’interroger sur le bien-fondé de la position adverse. Je pense juste que j’ai manqué d’arguments, mais que j’ai raison. Et je vais me réconforter avec des gens qui pensent comme moi, me sentant plus que jamais « l’une des leurs ».

Changer d’avis, nous apprennent les neurologues, demande une gymnastique de l’esprit qui n’a rien de facile. Notre cerveau est bâti pour assurer notre survie. Nos convictions forment une fondation, soutenue par le réseau de nos amitiés qui les partagent[2]. Notre premier reflexe en présence d’une idée qui menace : l’expulser vite fait.


Une conversation, en politique, en religion ou dans tout autre contexte, a plus de chances de survenir par des expériences et des conversation partagées avec des proches et des amis que l’on ne rejette pas, malgré leurs idées si contraires aux nôtres.

D’ailleurs, le sociologue Bill Bishop, dans son livre « The Big Sort » [3] démontre que notre reflexe de nous entourer de ceux qui ont les mêmes opinions que nous, ce qui est nettement plus confortable, a des conséquences redoutables. Quand nous sommes tous du même avis, nos convictions deviennent insensiblement de plus en plus extrêmes.


Alors voila, je ne vais pas chercher à me faire « unfriender » sur facebook, ou dans la vie. Même si ça signifie des conversations inconfortables de part et d’autre, et renoncer à la satisfaction d’avoir le dernier mot. Espérer changer les opinions, quand c’est vraiment important, est à ce prix.

No comments:

Post a Comment