“Si personne ne vous a encore éliminé de sa liste d’amis sur facebook à cause de Trump, il est temps pour vous de faire plus fort. »
Message vu sur facebook, sur la page d’un ami qui n’aime
pas Trump. Pour certains, il semble qu’être un fier guerrier pour la cause de
la démocratie aux USA comporte afficher des messages vengeurs, avec des réactions
enthousiastes d’un coté et furieuses de l’autre, allant jusqu'à la décision de
couper les ponts.
Bien sur, c’est satisfaisant… et comment ne pas être
furieux, régulièrement, de ce qui se passe a Washington DC, et vouloir réagir ?
Le stress provenant de la situation politique s’insinue dans le quotidien de
chacun. On entend parler des « Trump 10 », 10 livres (4,5kg) que
certaines célébrités (et pas mal de gens lambda) se plaignent d’avoir gagné en
grignotant pour combattre leur anxiété [1], comme en présence d’un licenciement
ou d’un divorce.
Mais je me demande…. Moi je veux bien me brouiller avec
la terre entière, mais seulement si ça sert à quelque chose.
Si on veut convaincre quelqu’un, l’outrage ou la déclaration
implacable d’un message sur les « social media » sont-ils les
meilleures armes ? Je sais que quand je n’ai pas le dernier mot dans une
discussion, live ou sur facebook, je n’ai aucune envie de m’interroger sur le bien-fondé
de la position adverse. Je pense juste que j’ai manqué d’arguments, mais que
j’ai raison. Et je vais me réconforter avec des gens qui pensent comme moi, me
sentant plus que jamais « l’une des leurs ».
Changer d’avis, nous apprennent les neurologues, demande
une gymnastique de l’esprit qui n’a rien de facile. Notre cerveau est bâti pour
assurer notre survie. Nos convictions forment une fondation, soutenue par le réseau
de nos amitiés qui les partagent[2]. Notre premier reflexe en présence
d’une idée qui menace : l’expulser vite fait.
Une conversation, en politique, en religion ou dans tout
autre contexte, a plus de chances de survenir par des expériences et des
conversation partagées avec des proches et des amis que l’on ne rejette pas, malgré
leurs idées si contraires aux nôtres.
D’ailleurs, le sociologue Bill Bishop, dans son livre « The Big Sort » [3] démontre que notre reflexe de nous entourer de ceux qui ont les mêmes opinions que nous, ce qui est nettement plus confortable, a des conséquences redoutables. Quand nous sommes tous du même avis, nos convictions deviennent insensiblement de plus en plus extrêmes.
Alors voila, je ne vais pas chercher à me faire
« unfriender » sur facebook, ou dans la vie. Même si ça signifie des
conversations inconfortables de part et d’autre, et renoncer à la satisfaction d’avoir
le dernier mot. Espérer changer les opinions, quand c’est vraiment important,
est à ce prix.
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