Monday, May 3, 2010

Hugues Adieu

Pourquoi le monde dans lequel Hugues n’est plus est-il si différent ? Même sur un autre continent, j’ai besoin de m’habituer à cette douloureuse réalité.

Et dans le même temps, je suis pleine de reconnaissance. Les commentaires qu’ont bien voulu écrire ceux qui l’ont connu eux aussi, la beauté des paroles évoquant la cérémonie de ses obsèques, où pres d’un millier de personnes se sont pressées, m’ont beaucoup aidée. Grace à Vincent, j’imagine Hugues commentant le texte des compagnons d’Emmaüs, au bord du lac de Tibériade.
J’ai le sentiment d’avoir été présente à la basilique lundi dernier, lors de ses obsèques - Caroline a eu la gentillesse de me décrire ce qui s’y est déroulé - avec la conscience que cette ceremonie fut «un événement d'exception, une pâques dans laquelle nous avons été plongés pendant près de deux heures et qui m'accompagne toujours à la minute où j'écris, comme l’écrit framb avec sensibilité. «nous sommes [a travers cette mort] sans que nous le comprenions vraiment, rassemblés en Christ» Un moment où la paix «qui transcende toute compréhension» (Philippiens 4 :7) s’impose, même si ce qui est arrivé il y a peine plus d’une semaine reste un mystère.

«Quand on commence à penser au suicide, quand on commence à se plonger dans ce projet, on est pris par une sorte de logique différente, comme une spirale, me dit Elaine, l’amie américaine qui a écrit un commentaire que j’ai ajouté de sa part, et qui il y a des années a tenté de se donner la mort par deux fois. Le projet se met à avoir une force propre, urgente, qui vous aspire. On se met à penser différemment, comme si on n’était plus soi même.»

Pourtant, quand je lis un commentaire doutant du suicide, moi aussi je m’interroge.

Mais il existe un moment où c’est à Dieu qu’il faut confier doutes et douleurs, si tourmentants soient-ils. Un moment où nous nous tournons vers l’origine de la grace qui s’est posée sur la famille et les si nombreux amis d’Hugues lors de ces cérémonies. Un de ses proches m’a dit «Les célébrations, veillées de prières et la messe étaient superbes et apaisantes. Nos cœurs ont pu trouver le repos.»
Confier à Dieu. Adieu.






2 comments:

  1. Nous avons connu Hugues dans sa paroisse à Marseille.
    Nous avons participé comme plusieurs centaines d'autres personnes de tous âges, aux veillées, aux messes et à la messe de sépulture ( le dimanche 25/ 04, au soir, l'église paroissiale de Sainte Marguerite à Marseille, était pleine à craquer ).
    Nous avons prié pour lui, dimanche 02 mai à Notre Dame de la Garde.

    Hugues est unanimement décrit comme quelqu'un de cordial, chaleureux, plein de bonne humeur et d'énergie.

    Nous ne le connaissions pas personnellement, mais nous pouvons dire qu'il ne présentait aucun des traits d'une personne dépressive.

    Il avait un regard vif et la présence énergique de quelqu'un qui n'a pas de problème de dépression.

    Il faut lui rendre justice : il célébrait la messe de façon affirmée et chaleureuse.
    Entre autre, il s'investissait dans ses homélies.

    Il était d'une grande humanité. Il avait de grandes qualités.

    La dernière fois que je l'ai vu, il raccompagnait sa maman ( elle était en fauteuil roulant ), il m'a adressé un grand salut, souriant ( comme toujours ! ), avant même que je le vois.

    Il est faux de dire qu'il était dépressif.

    Dire cela est une insulte à son égard et à l'égard de sa famille.

    Il faudra que des médecins expliquent comment quelqu'un de dépressif trouve l'énergie pour (je cite le procureur de la République ), "se faire une entaille profonde d'une oreille à l'autre".

    Quand on a connu Hugues, que l'on garde en mémoire sa personne, et qu'on est amené à vivre un tel évènement, l'explication avancée ne passe pas.

    En l'état actuel : on ne sait pas et peut-être, on saura un jour.

    Nous prions avec lui, sans oublier sa maman et sa famille.

    ReplyDelete
  2. Je comprends votre désarroi, votre tristesse et votre incompréhension devant ce drame de la mort par suicide de Hugues. Toute mort est un scandale, et nous laisse désarmés, sans voix, ne trouvant plus la voie… Tels les disciples d'Emmaüs qui fuient Jérusalem meurtris par la mort de leur ami et Seigneur, et la mort la plus infamante, celle de la croix. Ils sont tellement dans la peine, qu'ils se sentent abandonnés et même trahis. Ils ne parviennent plus à voir que l'amour est plus fort que la mort ou plus précisément ils ne voient là dedans que des mots vides, comme le vide dans lequel ils sont happés. Et c'est justement là que le Seigneur vient les rejoindre, c'est là que les mots deviennent Parole de Vie, nourriture autour de l'Eucharistie… Et c'est très précisément en ce lieu, Emmaüs qui est l'abbaye bénédictine d'Abu Gosh que Hugues décide de devenir prêtre catholique pour célébrer l'Eucharistie dans la Présence du Seigneur ressuscité et pour la multitude de ceux qui nous sont donnés comme frères.
    Vous êtes révoltés par le fait que Hugues était dépressif ou suicidaire. Malheureusement le sourire et l'apparente joie de vivre est parfois un masque que l'on affiche pour tenter de dissimuler son mal être et pour essayer de survivre tant bien que mal. Hugues était prêtre, donc avant tout un être humain, homme parmi les hommes, avec ses richesses mais aussi avec ses blessures de la vie et ses fragilités. Nous (paroissiens ou amis plus proches) avions été témoins, à plusieurs reprises de ses malaises physiques et psychologiques et les conclusions de l'enquête de police ne laissent aucun doute : il s'agit bien d'un suicide.
    Hugues a été ordonné prêtre en juin 2005, en l'année de l'Eucharistie – décrétée par Jean-Paul II – et va rejoindre le Père dans le Christ, unique Grand Prêtre, en la semaine des vocations et dans le temps pascal, en cette année du sacerdoce.
    Je suis sûre qu'il intercède pour nous et qu'il continue d'être notre curé – qui prend soin – auprès du Seigneur. A nous aussi de retourner vers nos frères – comme les disciples d'Emmaüs s'en retournent à Jérusalem – en ayant le souci des autres.
    M-O

    ReplyDelete