Lors d’une
promenade matinale sur facebook la semaine dernière, la nouvelle a accroché mon
regard. Charlie Hebdo attaqué. 12 morts. J’ai dit a haute voix
«Quoi ???»
Parmi les morts,
des noms si familiers, Cabu, Wolinski – tous morts. « Ce n’est pas possible.
Je ne veux pas le croire. »
Cabu, c’était
Recre A2 dans mon enfance, puis plus tard le Canard Enchainé auquel j’étais abonnée.
Les dessins de Wolinsky etaient partout, dans le Canard, dans Paris Match. Le
paysage des humoristes français est dévasté.
J’ai vécu les
jours qui ont suivi, travaillant, parlant, souriant, mais j’étais aussi dans
une autre dimension, recroquevillée dans un coin, en larmes, arrachant mes
cheveux et répétant «je ne veux pas le croire, je ne veux pas le
croire» sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt….
Je suivais les
nouvelles. Je ne voulais pas entendre parler d’autre chose, car je ne pensais
qu’a ça.
Le journal de
TV5, la chaine française sur le câble, était complet mais épisodique. Je me
suis tournée vers CNN et son info continue, et ils ne m’ont pas déçue. Ils ont envoyé
valdinguer leurs programmes pour se consacrer a ce qui se passait en France, ce
qu’ils font toujours en cas de breaking news (irruption fracassante de «nouvelles
neuves»).
Ce soir là, j’étais en route vers une réunion à l’eglise
quand je me suis arrêtée dans un Starbuck, le seul endroit où on peut trouver
un bon chocolat chaud. Deux ados attendaient leur latte, l’une d’elle avait un
chiot de 6 semaines dans les bras. «Il est né dans le garage d’un voisin,
m’a expliqué l’une d’elle, voyant mon intérêt. Une chienne errante est venue, a
eu sa portée, ils ne la connaissaient pas. Nous allons garder celui-ci.»
Elle m’a tendue
son chiot. «Vous voulez le tenir ?» Il était chaud et ensommeillé, et
ajustant sa position dans mes bras, il a glissé son museau dans mon cou.
Je suis repartie
vers ma voiture. Quelque chose de dur et tendu dans ma poitrine s’était un peu relâché.
"Que
reste-t-il alors à l'être humain quand seule l'incertitude semble sûre?" a
écrit Marie Cénec.[1]
Il reste des
moments où un chiot dort dans vos bras, juste pour quelques instants.
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