Voilà, troisième
chimio absorbée. Je sais que j’ai dit par le passé - avec la fougue du
soulagement - que j’abordais cette chimio avec gaieté et plein de bon vouloir. Mais
hier soir, veille de traitement, je l’avoue, je trainais les pieds – sans même
avoir l’excuse d’en avoir marre des effets secondaires pénibles.
La semaine dernière
a au contraire été parfaite : le printemps (nous avons eu de longues
minutes d’éclaircies diverses disséminées le long de ces derniers jours) et la
pleine forme. De l’énergie tout au long du jour, plus de fatigue me tombant
dessus quand je m’y attends le moins ; un épiderme qui cicatrise tout seul :
une bonne mine avant tout maquillage, plus de mains gercées ni d’acné rebelle
sur le visage ; plus de gout métallique dans la bouche et des papilles
gustatives ressuscitées… le plaisir de croquer un carré de chocolat et d’apprécier
la riche symphonie de saveurs succulentes, et non une sensation douçâtre et
monocorde… Je me sentais comme avant la chimio en fait, les cheveux en moins.
Et je n’avais pas très envie de tout recommencer.
Mais bon, c’est
le troisieme traitement, donc je suis à mi-chemin du parcours (six sont prévus).
La cancérologue m’a dit que j’étais un peu anémiée mais les choses suivent leur
cours. Comme les autres fois, le seul moment désagréable du traitement a été la
ponction du cathéter avec la longue aiguille d’un pouce et demi (il a été posé très profond sous ma clavicule
et apparemment il s’enfonce ??) mais tout le reste s’est passé sans
anicroche.
Comme les autres fois, j’ai reçu le merveilleux médicament anti-nausée
qui me couvre 5 jours, ainsi qu’un stéroïde, suivis des deux produits de chimio
et j’ai senti cette desormais familiere impression de sommeil irrépressible,
comme si je m’enfonçais dans d’oniriques sables mouvants.
Ce soir, je retrouve ces
curieux courants d’air froid qui semblent circuler dans mes veines. Dès mon
retour à la maison, j’ai eu le temps de diner avec bon appétit (je n’avais pas déjeuné)
avant que le gout métallique ne revienne. Par pur esprit scientifique, j’ai mordu un morceau de chocolat – il est devenu insipide à nouveau.
Mais ce soir, j’ai
bon moral. Le printemps est toujours là, et tout ceci est temporaire. Fin mai,
la chimio se terminera, et d’ici deux semaines et demi, j’aurai peut-être à
nouveau une petite fenêtre sur ce que je vivrai au mois de juin.
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