Tuesday, February 7, 2012

Les parents français sont les meilleurs !


French parents are superior : une mère de famille américaine qui vit en France l’affirme. Elle a même écrit un livre sur le sujet qui sort cette semaine, «Bringing up Bébé». Elle en explique l’origine dans un long article paru dans le Wall Street Journal [1].


Comment se fait-il que ma fille de 18 mois transforme une table de restaurant en champs de bataille, tandis que les enfants français du même âge, sagement assis dans leur chaise haute, mangent leurs légumes sans faire de drame ? s’est demandé Pamela Druckerman lors de vacances houleuses. Elle a donc entrepris une enquête et pour un lecteur français, c’est son étonnement qui surprend.


Les parents français, constate-t-elle, ne transforment pas leurs enfants en centre d’attention constant. Ils ne se laissent pas interrompre – au téléphone ou pendant une visite. «Attends une minute ma chérie, dit Delphine, une amie, à sa fille de trois ans, je suis en train de parler» C’était tout à la fois très poli et très ferme, constate Pamela, émerveillée. «J’étais frappée par la gentillesse avec laquelle Delphine avait parlé, et par le fait qu’elle semblait certaine que sa fille allait lui obéir.»


Les français apprennent aussi aux enfants à attendre, note Pamela : pas de grignotage toute la journée, juste le goûter. Apprendre à attendre, serait-ce la clef de la résilience dont manquent tant les enfants américains, toujours prêts a faire une scène (le fameux “ temper tantrum”) s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils reclament ? s’interroge-t-elle.


«Les parents américains veulent que leurs enfants soient patients bien sûr, écrit-elle. Nous encourageons nos enfants à partager, à attendre leur tour, à mettre la table et à pratiquer leur piano. Mais la patience n’est pas une vertu sur laquelle nous insistons autant que les français. Nous avons tendance à considérer que ça fait partie de leur tempérament. Selon nous, les parents ont de la chance et héritent d’un enfant patient - ou pas.»


Les enfants français ont une vision claire de ce qu’ils ont le droit de faire, et de ce qui est interdit, analyse Pamela. «Beaucoup de parents français que j’ai rencontrés ont une autorité calme qui leur vient facilement. Leurs enfants les écoutent vraiment. Les enfants français ne sont pas constamment en train de courir en tout sens. Ils ne répondent pas à leurs parents, ou ne les entrainent pas dans des négociations prolongées.»


Pamela raconte : «Un dimanche matin au parc, ma voisine Frédérique m’observa tandis que je faisais de mon mieux pour maitriser mon fils, alors âgé de deux ans. Leo était un enfant très rapide et j’étais constamment en mouvement. Il semblait considérer les grilles autour de l’aire de jeux comme une simple invitation a l’escapade.


Frédérique avait récemment adopté une jolie petite fille rousse de trois ans, originaire de Russie. Lors de notre sortie, elle était mère depuis trois mois seulement. Cependant, du simple fait d’etre une mère française, elle avait déjà une toute autre vision de l’autorité que moi – une vision de ce qui était «possible» et ce qui n’était «pas possible» (en français dans le texte).


Frédérique et moi étions assises dans le périmètre du bac à sable, essayant de parler. Mais Leo ne cessait de courir par delà la barrière. A chaque fois, je me levais pour courir après lui et je le ramenais en lui faisant des reproches. Il hurlait. Au début, Frédérique observa ce petit rituel sans rien dire. Puis, sans aucune condescendance, elle me fit remarquer que nous ne pourrions pas bavarder si je ne cessais de courir après mon fils.


«C’est vrai, dis-je, mais que puis-je faire ?» Frédérique me dit que je devrais être plus ferme avec lui. Dans mon esprit, passer l’après-midi à la poursuite de Leo était inévitable. Pour elle, c’était «pas possible».


Je lui fis remarquer que j’avais réprimandé Leo pendant 20 bonnes minutes. Frédérique sourit. Elle me dit que je devais dire «non» avec plus de d’assurance, et vraiment y croire. Lorsque Leo essaya à nouveau de courir au-delà de la barrière, je dis non d’un ton plus coupant. Il ne m’écouta pas et je dus lui courir après.


Frédérique sourit à nouveau et me suggéra de parler au lieu de crier et d’avoir plus de conviction. Je craignais de le terrifier. «Ne t’inquiète pas» m’encouragea Frédérique.


Leo ne m’écouta pas non plus la fois suivante. Mais je sentis progressivement mes «non» devenir plus convaincus… Finalement, Leo s’approcha de la barrière mais – miracle !- ne l’ouvrit pas. Il se retourna et m’observa avec incertitude. Je le regardai fixement en essayant de prendre un air réprobateur.


Au bout de 10 minutes, Leo ne chercha plus à fuir. Il semblait avoir oublié la barrière et il jouait dans le sable avec les autres enfants. Bientôt, Frédérique et moi bavardions. J’étais stupéfaite que Leo me voit soudain comme une figure d’autorité.


“Tu vois, me dit Frédérique sans triomphalisme, c’était le ton de ta voix». Elle me fit remarquer que Leo n’avait pas l’air traumatisé. De fait, et peut-être pour la première fois, conclut Pamela, il ressemblait à un enfant français.»


Quelle mère serais-je devenue si j’avais eu des enfants, moi qui ai grandit en France et me suis si bien adaptée a la vie américaine ? Une chose est sûre : j’admire les parents que je vois autour de moi, que ce soit en France ou aux Etats Unis. Elever des enfants est un tel dévouement, une joie mais aussi un vrai sacrifice - la grande aventure des temps modernes comme le disait Charles Péguy.


[1] "Why French Parents Are Superior" by Pamela Druckerman, Wall Street Journal February4th, 2012
http://online.wsj.com/article_email/SB10001424052970204740904577196931457473816-lMyQjAxMTAyMDAwNzEwNDcyWj.html?mod=wsj_share_email_bo

1 comment:

  1. Ce qui est amusant, c'est que Violette (9 mois et 2 jours), comprend déjà le "non" : je lui ai fait découvrir la pelouse du parc, elle arrachait de l'herbe, puis, esquissait le mouvement de se mettre les brins dans la bouche. La première fois, je les lui retirés de la bouche (sans la gronder, bien sûr), la seconde fois, j'ai juste dit non (toujours sans gronder, je précise, vu son jeune âge) et elle a gardé les brins juste devant sa bouche en me "narguant" d'un air coquin. Elle joue aussi à ça avec les magazines qu'elle déchire : elle me regarde en esquissant le geste de les mettre dans sa bouche, puis éclate de rire quand je lui dis non, c'est un jeu très amusant pour nous deux. Mais tout l'art de la chose est de dire non sans être "grondeur" ;-)

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