Voila, le 27 février prochain, je rencontrerai Susan, responsable de l’aumônerie de l’Hospice House, ce service pour patients en fin de vie situé dans une maison de Tacoma. La décision finale sera prise dans les jours qui suivent.
Si ma candidature est retenue, je serai «chaplain resident» pendant un an, à partir de septembre prochain. Je reste zen mais je pense beaucoup à cette éventualité…
Quelle présence peut-on apporter à un patient dont la vie se termine et le sait ? La réflexion de Judith Leipzig [1] chapelain qui termine sa formation dans le Bronx est édifiante et ouvre des horizons pour chacun. Apres tout, la fin de vie, nous y serons tous confrontés.
Qu’est-ce que l’espoir représente pour un mourant ? C’est la question qui s’est présentée à Judith. Dans les autres services ou elle avait travaillé auparavant, l’espoir, l’avenir et ses possibilités, étaient toujours implicitement palpables. Que faire quand le patient arrive à la fin du chemin et le sait ?
Au cours des semaines passées auprès de patients, des réponses apparurent. « …l’espoir, c’est l’expérience de continuer à appartenir à quelque chose qui nous dépasse – Dieu, la famille de la création, ou la complexe tapisserie de l’existence. Et cette appartenance nous donne sens. Nous avons conscience de faire partie de ce qui forme l’étoffe de l’existence. Chacun de nous contribue à tisser cette étoffe. Le contraire de l’espoir, dès lors, n’est pas le désespoir en tant que tel mais l’absence de sens, la déconnection, le fait d’etre privé de cette appartenance profonde avec le monde »
En contact avec des enfants, Judith avait pu observer le stade dit ‘du miroir’, ce stade vital où le bébé se découvre à travers le regard de sa mère, un regard qui l’accueille et affirme sa valeur. Sans cette étape fondatrice, l’enfant devenu adulte devient souvent dépressif.
«Nous retrouvons cette étape tout au long de notre vie, analyse Judith, quand nous avons besoin de trouver de nouvelles façon de satisfaire ce besoin d’être reçus et affirmés. A la fin de notre vie, beaucoup de ces moyens nous sont ôtés. Nous ne pouvons plus manifester qui nous sommes par notre carrière, notre façon de prendre soin des autres, par nos œuvres artistiques ou intellectuelles.
J’ai appris que pour établir un lieu où l’espoir puisse exister, je devais abandonner toute idée d’apporter un service, et offrir à la place mon intention d’etre profondément, authentiquement présente, comme une mère le fait avec son nouveau-né. J’ai appris que quand nous accompagnons une personne mourante, par notre présence, nous devenons leur miroir – nous reflétons leurs mots et aussi leur être profond. Ils peuvent ressentir ce qui fait leur essence de façon plus intense. Nous sommes à leur coté dans leur obscurité, parce que c’est aussi notre obscurité, l’obscurité que tous les humains traversent, et de ce fait, ils saisissent qu’ils ne sont pas seuls et démunis.
Par notre écoute, nous les encourageons à donner voix a leur pensées, leur expérience, leurs sentiments. Cela leur permet de prendre conscience de l’importance de leur vie et du fait que l’expression de leur vérité est essentielle pour nous tous. Notre présence est la preuve qu’ils ne sont pas abandonnés, même si leur situation est des plus précaires. Ils continuent de faire partie du fleuve de la vie et de faire partie de l’histoire humaine. La tapisserie de l’humanité a besoin d’eux pour etre complète. Et c’est dans cette nécessité que l’espoir est enraciné.»
[1] http://blog.onbeing.org/post/11176428414/hope-at-the-end-of-life
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