Ainsi Saint Augustin commence ses Confessions.
Hugues Madesclaire, un de mes amis rencontrés à la fac de théologie de Paris, connaissait ces mots – en cours de Patristique (étude des Peres de l’Eglise) une de ses matières préférées, sous la direction du Pr. Jacques-Noel Pérès, nous avions étudié ce livre essentiel du Christianisme ancien.
Hugues voulait devenir pasteur – il le disait d’emblée dès le début de notre première année et il était parfois agacé par les hésitations de beaucoup d’entre nous, venus étudier la théologie mais sans certitude sur ce que nous en ferions ensuite.
S’il était déterminé, Hugues aimait aussi faire la fête et s’entourer d’amis. Je me souviens de soirées dans le grand appartement parisien de sa grand-mère, qu’il habitait le temps de ses études. Nous y dégustions le pâté qu’il faisait lui-même et nous nous amusions tellement que personne ne voulait partir alors que le pauvre Hugues tombait de sommeil. Je me souviens aussi de cette soirée surprise qu’il avait organisée le soir de mon anniversaire où j’avais vu surgir tous mes amis, ainsi que mon frère et ma belle-sœur.
Après la licence, nous étions partis dans des directions opposées – géographiquement et théologiquement. Le séminaire presbytérien de Dubuque (Iowa) m’a accueillie. Il a reçu une bourse lui permettant d’étudier un an à l’Ecole de Jérusalem, au milieu de religieux catholiques. Il était alors luthérien, mais se sentait proche de l’église catholique romaine – son meilleur ami Didier était curé près de Lyon.
L’année de mon arrivée à Tacoma, il m’a écrit qu’il était devenu catholique. J’ai su ensuite qu’il était devenu curé à Marseille. Je me souviens avoir pensé que l’endroit lui convenait parfaitement : il aimait le soleil et la spontanéité chaleureuse des gens du midi.
Pourquoi, pourquoi s’est-il tranché la gorge dimanche dernier dans la chambre de son presbytère, laissant derrière lui un petit mot d’excuse ? Quelles vagues de tourments l’auraient conduit à ce geste si violent, si choquant pour la communauté qu’il servait et tous ceux qui l’aimait ?
L’Archevêque de Marseille a ordonné «par compassion» des obsèques religieuses lundi prochain. «Comment fermer ses portes à quelqu'un qui a souffert au point de mettre fin à ses jours ? C'est impensable de faire autrement» a commenté Denis Honnorat, vicaire général du Diocèse.
Le verset suivant a été cité à ce sujet sur le blog du Père Rochas. "Ne portez pas de jugement prématuré. Laissez venir le Seigneur; c'est lui qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les desseins des cœurs. Et alors, chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient." (1 Corinthiens 4:5)
Nos cœurs sont sans repos…