Wednesday, June 22, 2011

Il est là.

Il est là. Le « pager » qui sonnera si on a besoin d’un aumônier cette nuit. Il est devant moi – immobile et silencieux en cet instant, tel un gros scarabée endormi. Mais ce fragile état des lieux peut se fracturer à tout instant.


Pour la première fois ce soir, et jusqu'à 8 heures demain matin, je suis d’astreinte («on call»). Si on a besoin d’un « chaplain » cette nuit à l’hôpital Good Sam, c’est moi qui serai alertée. Comme j’ai promis que je pourrais me rendre à l’hôpital en 30 minutes quelque soit l’heure (nous vivons à un quart d’heure de Good Sam par trafic fluide et je ne pense pas que les voitures se bousculent en travers de mon chemin tard dans la nuit) je n’ai pas besoin de dormir sur place : je suis a la maison, et j’emporte l’appareil partout avec moi.


Ce stage est passionnant. Non seulement, nous apprenons à écouter et accompagner – sans prosélytisme - les patients et leurs familles, au milieu de leurs souffrances, questions et émotions. Mais nous sommes amenés à observer notre propre façon de donner ce soutien.

Tant de choses à découvrir sur soi dans cette perspective : qu’est-ce qui me fait aider autrui ? Qu’est-ce qui me motive ? Comment aider ce patient à réfléchir sur ce qui l’attend sans projeter mes propres peurs et croyances ? L’exercice le plus éclairant est appelé «verbatim» : il s’agit d’écrire au mot au mot, tel qu’on s’en souvient, un dialogue survenu avec un patient. En regard des paroles prononcées, on retranscrit les émotions ressenties, par exemple «ici, je ne sais plus trop quoi dire… je me demande comment faire évoluer la conversation…» Le verbatim est partagé avec les autres stagiaires et le chaplain « superviseur » et nous le commentons ensemble. Pourquoi étais-tu mal à l’aise à tel point de la conversation ? Que ferais-tu différemment ? On se sent scruté comme jamais auparavant sans pour autant se sentir attaqué. Nous sommes tous dans le même bateau, cherchant à être de meilleurs aumôniers…

Tout ca est encore bien neuf et tout en regardant le ‘pager’ silencieux, et la nuit qui tombe, je ne peux m’empêcher d’espérer… reste calme cette nuit, Puyallup, reste calme.

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