Grace à lui, quatre heures par semaine, je me plonge dans les réseaux de la grammaire délectable et si exotique de l’hébreu biblique, un voyage dans l’espace et le temps.
Grace à lui, je suis payée pour ces heures d’étude, partagée avec deux de ses étudiants avides d’apprendre que je soutiens dans leur effort.
Je ne l’ai jamais rencontré, mon bienfaiteur, mais je lui dois beaucoup. Pourtant, je dois l’avouer, la reconnaissance est ombragée de ressentiment.Il est professeur assistant à la Seattle University of Theology. C’est sa première année d’enseignement. Ses étudiants vont devenir pasteurs ou prêtres, ils apprennent l’hébreu pour être en mesure de traduire eux-mêmes les versets sur lesquels ils prêcheront pendant leur ministère. Et il leur mène une vie infernale.
L’hébreu est une joie ! Un dépaysement délicieux vous assaille quand vous découvrez, émerveillé(e) les subtilités des noms en forme construite ou la joyeuse diversité des paradigmes des verbes trilitères - cette découverte vous mène à une vision neuve des versets de la Bible.
Hélas, cette classe doit apprendre par cœur vocabulaire et conjugaisons (test tous les lundis, devoir à rendre tous les mois) mais n’a pas encore approché le moindre verset biblique. Ils doivent traduire, le plus souvent de l’anglais à l’hébreu, des phrases fabriquées par l’aride G.Lambdin, auteur du livre de grammaire qu’ils apprennent, leçon après leçon, chapitre après chapitre. Et cela dure ainsi depuis le mois de janvier…
Les étudiants que je soutiens passent au moins 15 heures chaque semaine chez eux à essayer faire leurs devoirs avec courage et dévouement, tentant de ne pas être submergés par l’exaspération et le dégout de la matière. "Il veut bien faire" soupire l'un d'eux, "il veut construire une fondation solide..."
Mais finalement, en juin, que restera-t-il de leurs efforts ? Auront-ils envie d’entendre les chants dans la nuit que Dieu envoie à ses enfants découragés (Job 35 :10) ou les paroles de soutien destinées à celui qui est abattu (Esaie 50:4) dans leur langue originelle ? J’en doute…
Mais finalement, en juin, que restera-t-il de leurs efforts ? Auront-ils envie d’entendre les chants dans la nuit que Dieu envoie à ses enfants découragés (Job 35 :10) ou les paroles de soutien destinées à celui qui est abattu (Esaie 50:4) dans leur langue originelle ? J’en doute…
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