La convocation
est arrivée : le 5 avril sera le jour du test civique, dernière étape pour
devenir américaine.
Les 100 questions
sont séparées en groupes, American Government ( par exemple, What is an
amendment ? ) System of government (Who is in charge of the
Executive Branch of the government ?) ; Rights and Responsibility of
citizens (What is one responsibility that is only for US citizens?) ; American
history (Who wrote the Declaration of Independence?) ; Geography (Name one of
the 2 longer rivers in the USA?) ; Symbols and Holidays (Why 50 stars on the flag?)[1]
Mais il ne s’agit
pas de réciter les 100 réponses. En fait, le candidat à la citoyenneté doit répondre
correctement à 6 questions. On lui en pose jusqu'à 10, si besoin est. On
demande aussi au candidat de répondre à une ou deux questions de base en
anglais (on peut avoir recours à un interprète pour le test civique) et
d’écrire aussi deux phrases simples en anglais. Rien d’insurmontable donc…
Si ce n’est que
le 4 avril, je combattais une sorte de grippe intestinale si violente que je n’étais
pas sure de pouvoir me déplacer où que ce soit le lendemain. Finalement, Irvin
m’a conduit à Tukwila, où se trouve le bâtiment de l’Immigration service. J’étais
incapable de manger quoi que ce soit et trop fatiguée pour conduire. Mais si je
manquais de ressort, je me sentais suffisamment lucide pour passer le
test.
Je me suis ainsi trouvée
dans un petit bureau de l’Immigration service, en face d’une jeune femme souriante.
Et elle a commencé l’entretien d’une façon inattendue. « J’ai un problème avec vos noms…. »
Au fil des ans,
dans les formulaires pour ma carte verte puis de ma naturalisation, j’ai
parfois utilisé mon nom de jeune fille, parfois seulement mon nom de femme mariée.
Et puis je n’ai pas de « middle name ». Les américains ont
typiquement un «first name» : leur prénom usuel. Et un middle name. C’est tout. J’ai un prénom composé et deux
prenoms de plus.
La jeune femme a résolu
le problème rapidement : elle a raturé mon nom de jeune fille et mes deux prénoms
non usuels. Disparus de mon état-civil américain! Rétrospectivement, je regrette de ne pas avoir insisté pour tout
garder. Mon nom de jeune fille est si bref, une seule syllabe, que je l’utilise
couramment en le juxtaposant à celui de mon mari. Et mes troisième et quatrième
prénoms font partie de mon identité. Mais j’étais sans énergie et si concentrée
sur le test à venir – j’ai pensé que je rétablirais
la situation en changeant mon nom un jour prochain, c’est une procédure facile
aux USA.
Le test s’est
passé sans problème. Puis la jeune femme a regardé un document.
« Voulez-vous
prêter serment cet après-midi ? »
Surprise, j’ai
dit oui. Tukwila n’est pas exactement la porte à côté et après tous mes déboires
pour obtenir la carte verte (le dossier a été perdu, j’ai du tout recommencer)
je ne voulais pas remettre à plus tard la conclusion du processus.
C’est ainsi que,
dans une légère brume, je me suis retrouvée dans un amphithéâtre, assise au
milieu d’autres presque-américains. Nous avons remis nos cartes vertes. Des
documentaires se sont succédés sur un écran : le Président Obama nous
souhaitant la bienvenue ; des images en noir et blanc d’immigrants arrivant
en bateaux sous le regard altier de la Statue de la Liberté ; les drapeaux
de toutes les nations représentées dans la salle, se fondant dans la bannière étoilée ;
des informations pratiques (vous êtes américains maintenant, vous avez de
nouveaux droits, faites venir votre famille !) avant le moment que nous
attendions tous : prêter serment, debout, la main droite levée.
"I hereby
declare, on oath, that I absolutely and entirely renounce and abjure all
allegiance and fidelity to any foreign prince, potentate, state, or
sovereignty, of whom or which I have heretofore been a subject or citizen.....
so help me God."
La plupart d’entre
nous vont pourtant garder leur nationalité d’origine – grâce à un traité avec
les USA. C’est le cas de nous autres, français.
Finalement, nous
sommes appelés un par un et on nous remet à chacun notre certificat de
naturalisation. Ma photo s’y trouve – la photo prise lorsque j’ai donné mes
empreintes digitales. Une photo peu flatteuse, comme je le prévoyais.
Mais peu importe.
Je suis américaine, désormais prête à servir dans un jury. Et surtout prête à
voter.
[1] Réponse aux questions : un amendement est
un changement ou une addition apportés à la Constitution. Le Président est en
charge de l’Exécutif du gouvernement. Seul le citoyen américain a la responsabilité
de servir dans un jury et de voter aux élections nationales. Thomas Jefferson a
écrit la Déclaration d’Indépendance. Le Missouri ou le Mississippi. Chaque étoile sur le drapeau américain
correspond à l’un des 50 états des USA.