Voilà, je termine mon troisième cycle de chimio – mardi,
j’entamerai la deuxième partie de ce voyage, avec la chimio numéro 4 – les deux
dernières auront lieu en Mai. Ce round a été plus difficile que je ne l’avais prévu.
Je réalise qu’être
bien est le résultat d’un équilibre fragile. Si des démangeaisons et des mains enflées
s’y mettent, avec des stéroïdes pour
calmer la situation que je supporte mal, toutes sortes de désagréments s’ajoutent
les uns aux autres et m’épuisent. Pourtant, à l’issue de cette semaine et de
mes journées à l’Hospice house (où je travaille le weekend en Avril) je me sens
sereine. D’abord, mes divers appendices ont retrouvé leur taille habituelle,
toujours un soulagement. Et puis, comme toujours, me trouver au chevet des
patients et de leur famille a l’hospice house donne du sens et une raison d’etre
à ce parcours.
Ce soir, Irvin et moi avons vu le film «Life of Pi», où
le naufragé lutte pour ne pas mourir de faim sur son radeau – et pour ne pas
etre dévoré par l’autre naufragé, le tigre Richard Parker. «Richard
Parker me sauve la vie, réalise le héros. Il me fait peur. Il m’oblige à rester
éveillé et sur mes gardes. Il me pousse à survivre…»
Cette chimio est un peu comme le tigre Richard Parker, féroce
et qui s’attaque à mes cellules de croissance sans discernement, mais va me
sauver du cancer. Ce n’est pas une mauvaise façon de conclure cette semaine –
et cette année de ma vie. Demain, j’aurai un an de plus.